Je m’appelle Louise et j’ai 23 ans. Je vis à Paris. Je viens de terminer une école de commerce mais je suis surtout artiste et passionnée par les gens qui m’entourent, l’art et les histoires sous toutes leurs formes. Cette newsletter est mon journal de bord.
Coucou tout le monde,
J’espère que vous allez bien !
Avant de commencer, je préfère vous prévenir : cette première newsletter est plutôt dense, j’ai plein de choses à vous dire. Mais ce sera aussi la seule du mois de décembre, car je pars bientôt en vacances (et je compte glander encore plus que d’habitude) !
Je vous écris depuis le canapé rose du salon de mes parents, des coussins moelleux dans le dos, accompagnée d’une tartine à la confiture de clémentine et d’un thé (qui a été trop utilisé et n’a aucun goût ). Tableau pas si idyllique que ça, en réalité : à quelques mètres de moi, mon père vient de lancer un rendez-vous zoom plutôt sonore avec ses collègues, et Plume (notre petit chat) me mord régulièrement.
Nous sommes rentrés il y a 3 jours de notre coloc de confinement, une jolie maison blanche sur la côte bretonne où nous avons habité pendant un mois et demi avec des copines et mon mec. (Attaque très agressive de Plume à l’instant). C’était comme une retraite, j’ai savouré la routine et le silence, qui n’avait pour exception que le bruit des vagues et parfois quelques rires en provenance du salon. L’océan, les mouettes, le café brûlant et les tartines, l’odeur des algues, les fous-rires, les arcs-en-ciel irréels, l’air frais et iodé, les moments lecture, la tempête, les promenades sur les falaises, cette vue sur l’océan.
Forcément, l’arrivée à Paris, sans cafés, sans théâtres, sans cinémas, froide, humide, grise, est maussade. J’essaye de me remettre à mes projets avec la même concentration et la même sérénité qu’en Bretagne, impossible. Je retrouve ma famille, toujours aussi terre-à-terre. Ma to-do list (amener Plume chez le vétérinaire, trouver des cadeaux acheter des livres à la Fnac, faire réparer mon vélo, emballer et livrer les dessins à la Poste, faire un tri…) me fout des angoisses. Les déjeuners de famille s’enchaînent. Bref, le quotidien habituel et ses corvées ne portent pas naturellement à la contemplation, au dessin et à l’écriture. Comme le rappelle Virginia Woolf dans Une Chambre à Soi, “La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles”.
Bon, en vrai, je suis très privilégiée et j’ai intérêt à persévérer. Woolf raconte que Jane Austen écrivait dans le salon de sa maison de famille et était interrompue tout le temps, donc pas d’excuses ! J’ai envie de soigner ces bonnes habitudes que les confinements respectifs auront enseigné à quelques bobos dans mon genre : méditer 10 minutes le matin, écrire un peu tous les jours et aller me promener dans la nature de temps en temps.
Je vois cette newsletter comme un journal de bord. J’aimerais vous y donner de mes nouvelles, vous y parler de mes projets mais aussi de mes questionnements.
L’écriture fait sûrement partie d’une recherche d’équilibre. Mon ami Charles me comparait hier à un petit atome, éternellement en recherche de stabilité. J’ai mis 5 minutes à me remettre de cette comparaison, mais j’ai reconnu qu’elle avait du sens. (C’était avant qu’il me trouve un air du professeur Trelawney, ce que je n’ai pas encore digéré).
Et puis, comme j’ai commencé à le faire sur mon compte instagram ces derniers mois, j’aimerais continuer à vous partager mes trouvailles artistiques et des recommandations de podcasts ( je vous en ai préparé toute une liste sur mon blog), de livres, de films, mais aussi de newsletters, d’articles... Promis, ce sera toujours sincère et personnel.
Merci à toutes et tous qui vous êtes inscrit.es !!
1) Dessins & écriture
1er chantier : recommencer à dessiner
Je n’avais pas touché à un crayon depuis mai.
Pour m’y remettre, il m’aura fallu organiser des “défis dessin” sur instagram.
Concrètement, je partage des photos de mes photographes préféré.es et je propose à ma communauté de s’en inspirer pour dessiner, sans pression et avec les moyens du bord. On se laisse quelques jours, puis je poste sur mon compte les dessins réalisés.
J’y allais sans grande conviction mais je me suis prise au jeu : j’aime partager le travail des photographes que j’aime et l’initiative encourage certaines personnes à se remettre au dessin (moi la première) et ça me fait très plaisir !!
Ci-dessous, l’aquarelle que j’ai réalisée pour le défi #2, inspirée par le travail de la photographe américaine Alex Prager.
Partir de ces photographies me permet de dessiner sans prise de tête : même s’il y a plus créatif, c’est un exercice très agréable. L’inspiration des artistes a toujours été un mystère pour moi, et j’avoue avoir été parfois complexée de m’inspirer d’oeuvres existantes - comme si les reprises n’étaient pas monnaie courante dans la peinture, la musique, la mode…
L'illustratrice Marie Casays partage toujours ses étapes de création ainsi que les photographies qui inspirent ses dessins. L’essentiel, c’est d’assumer et de toujours créditer les artistes dont on s’inspire.
Cette semaine, j’ai proposé à ma communauté de s’inspirer d’une série de photos de Charlotte Abramow figurant des couples qui s’embrassent, réalisée pour la campagne de la série “Sex Education”. Je suis toujours émerveillée de découvrir les différentes interprétations. On me dit parfois : “ je sais dessiner mais j’ai aucun style”. La preuve que non juste ici !!
Deuxième chantier : écrire. (???)
Je fais partie de ces gens qui mettent 20 minutes à répondre à la question “tu fais quoi dans la vie ?” parce qu’ils n’ont pas de réponse claire et synthétique à donner. Il m’arrive aussi de ne pas oser prendre de la place en groupe et de quitter les autres avec le sentiment amer de n’avoir pas réussi à me faire entendre. J’ai pris l’habitude de me défouler dans mes carnets.
Dans l’école de théâtre que j’ai commencée en septembre (et que j’ai arrêtée depuis), je n’ai pas ressenti beaucoup d’excitation à dire les mots des autres. L’exercice que j’ai préféré était un exercice d’écriture de fiction, inspiré d’une expérience personnelle. Emue et fière après avoir lu mon texte à la classe, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à explorer dans l’écriture et la confrontation aux autres !
Pour moi, cette envie d’écrire s’explique donc par un besoin d’expression et un besoin de contrôler mon “récit” avec des mots précis et justes.
D’où l’ouverture d’un onglet blog sur mon site et de cette newsletter !!
2) Coups de coeur de confinement :
Ceci est une liste non exhaustive de ce qui m’a marquée ces dernières semaines.
Je vous recommande de tout mon coeur :
Le dernier épisode du podcast Génération XX avec Marie Morel, libraire et directrice adjointe de la librairie Le Comptoir des Mots à Paris, où j’étais allée à une projection des Rivières de Mai Hua. Marie raconte pourquoi elle a choisi son métier, comment elle l’exerce et en quoi ce métier est politique. “ Je décide de quels livres prennent de la place, concrètement”. Super épisode !!
Cet article très juste du New Yorker, “Emily in Paris and the Rise of Ambient TV”, sur la placidité de certains contenus Netflix. A lire !
“Cold War”, un film magnifique de Pawel Pawlikowski sur une histoire d’amour impossible pendant la Guerre Froide, entre la Pologne communiste et un Paris bohème et jazzy.
Cet épisode du podcast Emotions sur le désir de plaire, génial ! L’épisode parle de besoin d’intégration et de validation, de conformisme, de séduction et de peur du rejet. J’ai revécu mon adolescence. ( et certaines soirées un peu plus récentes où je me suis découverte une petite forme de phobie sociale ).
When Harry met Sally, une comédie romantique de 1989 qui n’a pas pris une ride. Quand Harry et Sally se rencontrent pour la première fois, ils ne peuvent pas se voir. Des années plus tard, devenus amis, ils se voilent toujours la face sur l’attirance qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Un film drôle, touchant (et féministe) qui parle de communication, d’amitié et de l’ambiguïté qui peut s’y cacher.
L’interview de Marjane Satrapi dans A voix Nue. J’avais adoré Persepolis, une bande dessinée autobiographique où elle raconte son enfance en Iran, et j’ai adoré l’intelligence, la liberté et le franc-parler de Marjane Satrapi.
Cet essai d’Emily Ratajkowski où la mannequin raconte comment son image, souvent exploitée de manière abusive par les hommes, lui a échappée. (J’avoue, j’ai quelques préjugés et je l’imaginais super bête, et en fait non ! ). Dans cet essai, elle soutient que tout vrai choix serait féministe et que le personnage hypersexualisé qu’elle incarne lui a permis de s’émanciper, lui permettant d’assumer sa féminité et son érotisme mais aussi d’accéder à une forme de pouvoir et d’indépendance. Je vous conseille de lire ensuite la réponse de la journaliste Haley Nahman dans sa newsletter Maybe Baby, où elle soutient que l’empowerment dont parle Emrata reste très individualiste et ne participe en rien à une évolution progressiste de la société.
Sur le même sujet, le documentaire d’Arte “ Pop féminisme - des militantes aux icônes pop”, revient sur #MeToo et le féminisme de masse qui est né à ce moment-là. Il pose la question de qu’est-ce qui est féministe, à l’heure où le terme cache des réalités très diverses et est indéniablement un argument marketing pour de nombreuses marques et célébrités.
Le discours brillant de Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, qui nous réexplique les attentats de 2015 et rend un bel hommage à la liberté d’expression et au “droit merveilleux d’emmerder Dieu”.
J’ai adoré “Conversations with friends”, le premier roman de l’irlandaise Sally Rooney. Si vous aimez observer les gens et comprendre les relations humaines, si vous êtes sensible aux conversations qui n’en finissent pas, aux histoires d’amour complexes et à un humour plein d’ironie, ça devrait vous plaire. C’est plein de sensibilité - comme la très belle série adaptée de son second roman “Normal People”. Je me suis tout de suite projetée dans les personnages et les questions qu’ils se posent sur l’amour, l’amitié, la société.
Cette formule de Samuel Beckett, tirée de Cap au pire.
“Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.”
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui !
J’espère que vous apprécié la lecture de cette newsletter.
Si c’est le cas, n’hésitez pas à la recommander à un.e ami.e et à vous abonner si ce n’est pas déjà fait. Vous pouvez me répondre si vous en avez envie :-) A bientôt !
Je suis d'accord avec Haley Hatmann, l'hypersexualisation même quand on croit l'accepter (quelle blague dans une société patriarcale), ne nous libère pas. Et dire que tout choix est féministe et libérateur est vraiment un leurre total. J'en suis revenue depuis belle lurette, surtout grace à cet article qui est à mon sens LE MEILLEUR ARTICLE FEMISTE D'INTERNET : https://theconversation.com/no-feminism-is-not-about-choice-40896 et aux réflexions d'Audre Lorde " The Master's Tools Will Never Dismantle the Master's House : The Master's Tools Will Never Dismantle the Master's House. Dire que le choix est la base de notre libération est hélas assez faux, puisque le choix qu'on nous conseille de faire dans cette société, c'est celui qui convient le mieux aux hommes en général. Et c'est aussi totalement libéral et individualiste.