Je m’appelle Louise, j’ai 24 ans et je vis à Paris. Je viens de terminer une école de commerce mais je suis surtout artiste et passionnée par l’art, les gens qui m’entourent et les témoignages sous toutes leurs formes. Cette newsletter est un carnet de bord personnel et documenté sur le monde qui nous entoure. Vous y trouverez aussi de mes nouvelles et des recommandations de lecture, films, podcasts, expos, pièces de théâtre. Bonne lecture !!
Coucou tout le monde !
J’espère que vous allez bien !
Je vous écris du Pavillon des Canaux (mon bureau en attendant un bon plan miracle) et j’écoute en boucle ces 5 minutes joyeuses et lumineuses d’un des concertos de Bach que mon papa passait en boucle dans la voiture, il y a quelques années.
J’ai eu particulièrement du mal à écrire cette newsletter. Le week-end dernier, j’ai passé une bonne partie de mon temps à en écrire nerveusement une première version, malgré mon envie de me changer les idées, ma fatigue et un vilain rhume qui commençait à me piquer les narines. Dimanche soir, fiévreuse, je la fignolais laborieusement. Heureusement, l’ai faite relire à mon copain qui m’a évité de vous envoyer un texte trop long, pas très clair, et pour tout vous dire, un peu chiant. J’ai tout recommencé il y a quelques jours, reposée et les idées claires.
Si je vous raconte ces difficultés, c’est que justement, c’est le sujet de cette newsletter. Comment j’ai commencé à écrire, pourquoi c’est dur, pourquoi ça fait peur, et pourquoi, pourtant, ça m’apporte tellement. Si ça vous parle, si vous vous sentez concerné.e, n’hésitez pas à me répondre. Je serais ravie d’avoir votre retour !!
Petite éloge du carnet secret
Depuis quelques mois, j'écris tous les matins 3 pages dans un carnet. J’avais été très inspirée par le livre Libérez votre créativité, où Julia Cameron présente les “morning pages” comme la première habitude à mettre en place afin de retrouver l’inspiration perdue.
Que sont ces pages du matin ? Disons simplement que ce sont trois pages d’écriture manuscrite dans lesquelles on donne libre cours à ses pensées. Il n’y a pas de façon incorrecte de faire ces pages du matin. Ces vagabondages quotidiens ne sont pas censés être de l’art. Ni même de l’écriture. Dans ces pages, vous devez laisser votre main glisser le long de la feuille et noter tout ce qui vous vient à l’esprit. Rien n’est trop insignifiant, trop bête, trop stupide, trop négatif ou trop étrange pour être exclu. Les pages du matin ne sont pas négociables. Ne les oubliez pas et ne les bâclez jamais. Votre humeur n’a aucune importance. Nous avons dans l’idée qu’il faut en avoir envie pour écrire et ce n’est pas vrai. (…) Comme la méditation, les pages du matin favoriseront votre “vision intérieure” et vous aideront à effectuer des changements dans votre vie.
Séduite par cette présentation à un moment où je me sentais légèrement à côté de mes pompes et bloquée sur le plan créatif, j’ai commencé à écrire ces 3 pages quotidiennes. 6 mois plus tard, je n’y ai pas dérogé (bon, on ne compte pas les vacances !). Tous les jours, au réveil, j’écris mes 3 pages accompagnée d’une petite tasse de café. Souvent, je commence par écrire des choses descriptives, factuelles. Je décris la journée qui m’attend, je parle de ce qui s’est passé la veille... Et puis, au fur et à mesure que j’écris, les vraies confessions, les remarques sincères apparaissent. Ecrire 3 pages (ce qui me prend environ 25 minutes) aide à plonger en soi, pour de vrai. Et moi qui ai du mal avec la contrainte et la discipline, je m’y tiens assez naturellement. Aujourd’hui, je ne sais pas si je pourrais m’en passer. Je vous explique pourquoi:
Ecrire dans ce carnet me permet de comprendre mes émotions. Que ce soit pour comprendre une tristesse, une joie, un accès de colère, des larmes, un moment de stress, écrire me permet de revenir sur les situations et les émotions ressenties, de prendre du recul, de mettre à distance. Une fois posées et décortiquées sur le papier, les choses semblent tout de suite moins dramatiques.
Mon carnet est un espace clos, secret, où je peux m’exprimer sans filtre, ni auto-censure. Je peux y expulser mes émotions négatives : ma colère, mes ressentiments, mon stress sans faire de mal à personne. Mon carnet accueille mes petites catharsis.
Mon carnet est un espace pour réfléchir avant de réagir. Je crois que depuis que j’écris quotidiennement, je me sens plus posée et sûre de moi dans les discussions et les débats. Ecrire me permet de prendre le temps de mettre des mots sur mes intuitions, de construire mon raisonnement, de changer d’avis dans une bulle protégée. Mon carnet représente une sorte de zone tampon entre mes émotions et mes réactions, ce qui est précieux dans un monde où on est souvent encouragé à réagir à chaud. D’ailleurs, Victor Ferry, qui a une chaîne youtube consacrée à la rhétorique, conseille d’écrire pour être devenir “un grand orateur” : quelqu’un dont le discours aurait un impact sur le monde.
Enfin, écrire dans mon carnet permet de noter le chemin parcouru, et de dire ce que ne pourront pas raconter les albums photos. Ce n’est pas ma motivation première, mais je suis sûre que je serai curieuse de relire mes questions existentielles de jeune adulte (et mes petite histoires de love, évidemment) quand j’aurai 83 ans. (Je touche du bois.)
Voilà pourquoi je trouve ça précieux d’avoir un journal. Personnellement, voilà le cadre que je me suis fixée : 3 pages, sans interruption. Dans Ces journaux intimes qui nous font du bien, un super épisode de l’émission Grand bien vous fasse, le psychiatre Christophe André donne quelques conseils pour bien tenir un journal.
Ne pas chercher d’emblée à avoir un récit cohérent, mais coucher sur le papier ses ressentis émotionnels, le désordre des pensées, des émotions, des évènements, des ruminations, sans souci de clarté ou de beauté du style.
Ensuite, ne pas chercher à résoudre, à trouver des explications, des solutions, des certitudes, mais en rester aux faits, aux ressentis, aux doutes, aux craintes, aux hypothèses, aux expériences vécues, ne pas avoir peur d’écrire au fil de l’eau, et s’en tenir au conseil de Gide dans son journal : “j’attends trop souvent que la phrase ait terminé de se former en moi pour l’écrire”. N’attendez-pas que tout soit clair : écrivez, vous verrez ensuite !
Se montrer aussi régulier que possible. Dans les études de James Pennebaker, la consigne était d’écrire chaque jour pendant au moins 15 jours, et à chaque fois 15 minutes sans s’arrêter pour se relire.
Et enfin, ne pas faire comme le champion du monde, le suisse Henri Frédéric Amiel qui rédigea au 19ème siècle au journal intime de plus de 17 000 pages. Sur la fin de sa vie, Amiel était perplexe : “j’ai observé ma vie au lieu de la vivre”. L’observation et l’écriture de soi comme un détour régulier, pas comme un séjour permanent.
Mon carnet, c’est mon jardin secret. Mais ça ne me suffit pas complètement. Depuis quelques années, j’ai le sentiment que j’ai besoin de m’exprimer aux autres. Ce qui explique mes dessins, les articles écrits en école de commerce, le théâtre. En décembre dernier, j’ai aussi eu besoin d’ouvrir un onglet blog sur mon site, très vite remplacé par cette newsletter qui permet un lien plus direct et fluide avec vous.
Mais écrire, c’est dur.
La procrastination, ou le symptôme du : “j’écrirai quand je serai au calme dans une petite abbaye bretonne”
Si vous me suivez sur Instagram, vous avez peut-être vu passer cette story où je vous demandais des adresses d’abbayes pour m’isoler… et bien je peux vous le dire, c’était encore une belle invention de mon cerveau pour ne pas m’y mettre.
Autant l’écriture du carnet, privée et sans objectif, m’est très facile, autant écrire cette newsletter n’est pas toujours une partie de plaisir. J’ai d’ailleurs toujours 1000 excuses pour ne pas commencer à écrire : attendre d’avoir moins de travail, attendre que mon idée se précise dans ma tête, attendre d’être au calme…
Heureusement, j’ai découvert que je n’étais pas la seule. Agathe Hocquet l’avait décrit avec humour dans une des super newsletters qu’elle rédigeait pour Louie Media jusqu’à cet été, Suffit-il d’écrire pour être écrivain ?.
C'est un grand classique: chaque semaine, je me dis que je vais anticiper l'écriture de cette newsletter pour ne pas me retrouver au pied du mur à veiller toute la nuit, et chaque semaine, j'attends le dernier moment pour l'écrire. Pourtant, comme d'habitude, je sais à peu près ce que je vais écrire: j'ai une idée, un angle, un plan détaillé, des sources et même des images pour l'illustrer. Mais à chaque fois, je retarde au maximum le moment où je vais devoir écrire, formuler, énoncer, articuler ma pensée. Parce que j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais, que tout ce que j'écris est nul, et tant que j'ai encore du temps, mon cerveau s'obstine à trouver mille et une autres activités moins désagréables à faire qu'essayer d'écrire.
J’ai réécouté un épisode du podcast Change ma Vie sur les facteurs de la procrastination, et j’ai découvert que l’écriture remplissait tous les critères.
L’écriture d’une newsletter représente un coût immédiat certain (un travail pénible et solitaire) et une gratification lointaine et hypothétique (de la satisfaction, peut-être quelques messages encourageants). Autant vous dire que quand je dois me mettre à écrire, Instagram est mon ennemi n°1.
Ecrire une newsletter me semble insurmontable. J’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver. Je n’ose pas imaginer ce que c’est que d’écrire un roman !
Mais surtout - et c’est le 3ème et le plus puissant mécanisme d’évitement selon Clothilde - j’ai très peur.
La situation implique un risque de déception. Comme notre cerveau est câblé pour assurer notre survie et nous décourager d’aller au-devant de situations à risque, le mécanisme d’évitement est très puissant. Imaginez que vous ayez toujours eu envie d’écrire un roman, mais vous n’arrivez pas à vous y mettre. Vous avez tout un tas de justifications assez légitimes, que vous n’avez pas assez de temps, que vous avez des enfants, qu’il vous manque le chalet dans la forêt pour vous isoler, et l’idée géniale qui fera de vous le prochain prix.
Un chalet dans la forêt ou une abbaye bretonne... la similitude m’a fait sourire. Même une fois que je suis lancée, je ne peux pas dire que je passe un bon moment à écrire. Sauf quelques rares moments de fulgurances où je me sens pousser des ailes, c’est un travail éprouvant, une lutte qui me prend toute mon énergie. En plus, l’exercice est solitaire et chronophage. “J’adore écrire. Enfin, non, j’adore avoir écrit” avait ajouté Agathe Hocquet. Et je ressens tout à fait ce paradoxe formulé par Géraldine Dormoy dans Ecouter les auteurs, une édition de sa newsletter hebdomaire :
Ecrire me plombe. Comment faire quand ce qui vous est essentiel vous est également difficile ? A chaque article à rendre, à chaque chapitre à construire, à chaque projet professionnel impliquant de la rédaction, je lutte pour trouver les mots, je me dis que je ne vais pas y arriver, je perds pied. (…) Je sais de mieux en mieux reconnaître ce qui élève ou abaisse ma fréquence vibratoire. La plupart du temps, écrire la lamine. (…) Pourtant, écrire est ma raison de vivre.
La liste des peurs
J’ai peur d’écrire quelque chose qui n’ait aucun intérêt, peur que mes parents trouvent ça nul, peur que mon texte fasse un bide, peur d’avoir l’air de me prendre au sérieux, peur de me donner du mal pour rien…
“La liste des peurs liées à l’écriture est infinie”, écrit Elizabeth Gilbert dans son livre Comme par magie, dont Géraldine Dormoy a lu l’extrait entier sur son compte. Je vous ai sélectionné les peurs qui me parlent (il y en a pas mal !) :
Vous avez peur de n’avoir aucun talent. Vous avez peur qu’un autre ait déjà fait la même chose que vous, en mieux. Vous avez peur de penser rétrospectivement que vos tentatives créatives soient une énorme et stupide perte de temps, d’énergie et d’argent. Vous avez peur de ne pas avoir l’espace de travail convenable, la liberté financière, ou du temps à consacrer à l’invention et l’exploration. Vous avez peur d’être dénoncé comme un écrivaillon, ou un imbécile, ou d’être accusé de dilletantisme ou de narcissime. Vous avez peur que le meilleur de votre oeuvre soit derrière vous. Vous avez peur d’avoir négligé votre créativité pendant tellement longtemps que vous ne pouvez pas la retrouver. Je ne vais pas continuer cette liste, parce qu’elle est sans fin et qu’elle est déprimante. Je vais juste la résumer ainsi : ça fait très, très, très peur.
D’ailleurs, Géraldine Dormoy parle ouvertement du syndrome de l’imposteur qui l’a empêchée d’écrire pendant de longues années et de ses angoisses persistantes à ce sujet.
Ecrire, c’est ce que j’ai toujours rêvé de faire, mais c’est aussi ce qui m’a longtemps le plus intimidée. Il m’a fallu apprendre à croire assez en moi pour espérer emporter les autres dans ma pensée. Puis, quand je m’y suis mise, écrire s’est avéré un tel effort que le découragement n’était – et ne reste – jamais bien loin. C’est un besoin, mais ça reste difficile. Je continue de me juger et de peiner à trouver les mots.
Y a-t-il des écrivains parmi vous ? (Par “écrivain”, j’entend : toute personne qui écrit). Est-ce que vous ressentez ça, vous aussi ? N’hésitez pas à me raconter comment ça se passe pour vous !
Certains d’entre vous m’ont dit qu’ils avaient aimé mes dernières newsletters. Cela m’a un peu rassurée, mais c’est un éternel recommencement. Une petite voix sournoise me susurre que celle-ci sera beaucoup moins bien que la précédente. Toujours dans le même épisode, Clothilde Dussoulier nous donne quelques pistes pour nous donner du courage, et ça marche plutôt bien pour moi.
Ce qui est utile dans une telle situation, c’est d’aborder la situation avec courage en se disant “Oui, il y a un risque de déception, d’échec, de honte, de tristesse. Oui, j’ai peur. Oui, c’est l’inconnu. Mais si je veux grandir et avancer, il faut bien que je sorte de ma zone de confort de temps en temps et que je prenne des risques.” Vous pouvez vous aider de pensées comme : “l’inconfort et le doute font partie du processus créatif et j’avance avec”, ou comme “l’écriture c’est comme le sport, il faut la pratiquer pour progresser”. Ces pensées généreront des émotions d’apaisement ou de courage.
Les mythes de l’écrivain
J’ai longtemps fantasmé les écrivains, et les artistes en général. J’ai internalisé un certain nombre de croyances qui m’ont faite me sentir très éloignée de ces figures littéraires. Je ne m’identifiais pas du tout et ça m’a probablement un peu inhibée.
L’écrivain est un homme
Pendant mes études, autour de moi, plusieurs jeunes hommes racontaient qu’ils écrivaient. (Des filles, non, ou alors elles n’en parlaient pas). Leur travail d’écriture restait auréolé d’un mystère dont j’aurais pu me méfier, mais non : je les imaginais écrire la nuit des esquisses de chefs d’oeuvre, des choses brillantes, drôles, puissantes, et sans avoir rien lu de leurs textes, j’étais très impressionnée. Aujourd’hui, quand je pense à “quelqu’un qui écrit”, mon premier réflexe est d’imaginer un homme blanc, assez âgé, avec un peu de barbe.
Et pour cause : j’ai longtemps lu des romans d’hommes et des blogs de filles - Marguerite Duras, Jane Austen ou Agatha Christie étaient pour moi les exceptions qui confirmaient la règle. Il y a de la condescendance envers ces terrains d’expression - les blogs, les réseaux sociaux, les newsletters - qui ont permis à plein de femmes de s’exprimer. J’ai grandi avec l’idée que la vraie littérature était de la littérature d’homme. Dans une édition de sa newsletter intitulée Le Genre d’écrire, Pauline Harmange parle des codes virils présents dans la littérature et de son aisance avec l’identification de “femme autrice”, argumentant qu’il manque à la littérature un point de vue féminin et féministe.
(…) je me suis mise d'accord avec l'idée d'écrire des histoires de bonne femme — même si elles ne sont pas vues comme de la "vraie" littérature sérieuse. La vraie littérature, c'est celle des bonhommes. (…) je n'ai fait qu'écrire de la women's fiction. Je n'arrêterai jamais. Et si en plus des codes virils de la littérature — les fins tragiques, le cynisme et les sujets soi-disant sérieux — il faut aussi endosser les codes virils de l'écriture — mépriser ses contemporaines, oublier d'où l'on vient et qui nous aide, prétendre au don divin — pour se faire une place à la table des "grands", je dis qu'il est temps de renverser la table.
Heureusement, les temps changent. Pendant mes études, j’ai commencé à lire davantage d’essais et de romans écrits par des femmes et j’ai trouvé ce point de vue féminin et féministe dans lequel je me reconnais enfin. Et puis, je trouve génial d’entendre des femmes parler d’écriture et d’avoir désormais comme role models des femmes qui ne s’excusent pas de penser, comme Chimamanda Ngozi Adichie, Sally Rooney et Viriginie Despentes. La figure de l’intellectuelle qui écrit des grands romans tout en étant à l’aise avec son image et avec les réseaux sociaux m’inspire indéniablement.
L’écrivain est un solitaire tourmenté
L’écrivain que je m’imaginais était torturé, dépressif et un peu sale. Il écrivait dans une mensarde, accompagné d’un verre d’absinthe. Dans son TED talk Your elusive creative genius, Elizabeth Gilbert s’attriste de cette croyance selon laquelle la créativité est forcément liée à l’inadaptabilité et à la souffrance.
Not just writers, but creative people accross all genres have that reputation of being enormously mentally unstable. All you have to do is to look at the grim death count in the 20th century alone, of really magnificent creative minds who died young and often at their own hands. And even if they didn’t commit suicide, they seemed really undone by their gifts. Norman Mailer, just before he died, said : “every one of my books has killed me a little more”. An extraordinary statement to make about your life’s work ! But we don’t even blink when we hear somebody say this because we’ve heard that kind of stuff for so long and we’ve completely internalized and accepted that creativity and suffering are inherently linked.
On m’a souvent dépeint les artistes comme des personnes très introverties. J’ai fait mon mémoire de fin d’études sur la créativité, et il se trouve qu’en effet, une étude (Feist, 1998) montrent que les profils créatifs ont plutôt des personnalités introverties. En découvrant cette étude, je me suis dis : “Zut, c’est peut-être pas ma nature”.
Mais ce n’est pas toujours vrai. Déjà, d’autres études ont rappelé que les facultés de communication et d’auto-promotion, peut-être plus présentes chez les extravertis, peuvent être utiles pour l’accomplissement créatif. Il se trouve aussi que l’extraversion facilite “l’humeur positive”, ce qui aurait un lien indirect avec la créativité. J’ai vu des personnalités extraverties et solaires s’épanouir dans l’art, que ce soit grâce au lien qu’elles ont avec leur public, à des collaborations avec d’autres créateurs ou à leur engagement dans des cercles associatifs.
Je pense tout de suite à l’artiste Margaux Derhy. Margaux est peintre, mais collabore régulièrement avec des artistes pour ses projets, a écrit le guide Le backpack de l’artiste, fondé une résidence au Maroc, lancé l’initiative Les Amis des Artistes sur les réseaux sociaux en 2020, et vient de boucler une première édition du Cercle de l’Art, qui a vocation à aider des artistes femmes à se constituer un cercle de collectionneurs et de mensualiser leurs revenus. Déterminée à faire de l’art un monde meilleur, elle multiplie les beaux projets collectifs.
Comme tous les artistes, l’écrivain souffre aussi de cette image romantique d’une création névrosée. Un cliché qui éloigne peut-être des personnes qui se sentent équilibrés et bien dans leur peau. Or la création peut être connectée aux autres, stimulante, émancipatrice, et joyeuse.
L’écrivain doit écrire pour vivre
J’ai aussi été intimidée par l’affirmation qu’il fallait ne devenir écrivain/artiste que si l’on en avait un besoin absolu, qu’on ressentait une vocation à créer et à ne faire rien d’autre. Cela a du sens : la création est difficile et incertaine, la vie de créateur souvent précaire, donc mieux vaut en avoir vraiment envie ! Mais je trouve ces conseils un peu décourageants par ailleurs. Géraldine Dormoy raconte l’origine d’un profond sentiment d’illégitimité.
« Si c’est si dur, c’est que je ne dois pas bien m’y prendre, que ça ne doit pas être pour moi, que je n’ai qu’à faire autre chose », m’a pendant des années répété mon mental. Une phrase de Rilke me confortait dans cette intransigeance : « Il suffit de sentir qu’on pourrait vivre sans écrire pour n’avoir aucun droit de le faire. » Cette phrase a beau être entre parenthèses, elle figure dans la première des Lettres à un jeune poète. Elle m’a bloquée pendant vingt ans. J’avais vécu jusque-là sans écrire, n’était-ce pas la preuve que je pouvais continuer ainsi ?
“Si tu veux te lancer dans le monde de l’art et que tu as un plan B, choisis le plan B”. Dans sa vidéo Comment être artiste, Solange te Parle déconseille de s’orienter dans une voie artistique si “l’on a de la place pour autre chose” Bien sûr, je comprends ce qu’elle veut dire mais je trouve que ce mythe de l’inadaptabilité de l’artiste bride. Et puis, à partir de quand peut-on dire qu’on a besoin de créer ? Je pense que je pourrais vivre sans. Mais ça m’attire, j’en ai envie. Derrière le récit de la vocation, il y a des doutes et du tâtonnement. Et puis, on peut avoir une activité artistique à côté d’une autre, créer sans en faire son métier ni son gagne-pain.
L’écriture ne s’apprend pas
Si l’écriture est un besoin vital, un talent inné, pourquoi et comment l’enseigner ? En France, à l’inverse des pays anglo-saxons, l’écriture et l’art en général restent des terrains sacrés où domine l’idée du don foudroyant, et même du génie. (Si ce sujet vous intéresse, j’avais adoré ce hors-série de la revue l'Eléphant qui explorait et déconstruisait le mythe du génie).
Plus on est prisonnier de cette légende du don inné, moins on peut croire en son enseignement. Dans la culture anglo-saxonne, le talent vient surtout de l’apprentissage, de l’assimilation de méthodes et de techniques, et d’entraînement. A 14 ou 15 ans, mes parents m’ont envoyée 2 semaines à Oxford suivre un programme d’été où j’ai suivi un cours de "creative writing”. C’était génial. J’avais même reçu un prix, celui du “most improved writing”. On est d’accord, ça sonne plus comme les encouragements que les félicitations, mais ça montre à quel point les anglais sont décomplexés avec l’enseignement de l’écriture.
Dans sa newsletter La Classe d’écrire, Pauline Harmange explique qu’il nous manque cette culture de l’apprentissage :
J’adorerais qu’il y ait une culture de l’apprentissage de l’écriture en France, comme dans les pays anglophones. Pour cela il faudrait commencer à voir l’écriture comme un travail, et pas uniquement comme une passion divertissante et accepter que comme tout travail, des méthodes et des techniques peuvent être transmises, assimilées, utilisées.
Pourtant, il y a bien des études prestigieuses pour devenir peintre ou acteur·ice : pourquoi ne reconnait-on pas les études pour devenir écrivain·e ? (…) En vrai, il existe aujourd’hui en France 6 cursus d’écriture créative : ils sont à Limoges, Le Havre, Clermont-Ferrand, Toulouse, Paris 8 et Cergy. C’est bien peu, et j’ai dû les chercher pour les trouver. On peut donc dire que la machine se met en route, doucement mais sûrement, avec le retard qui caractérise la culture française de l’excellence, du don foudroyant, des Hommes de Lettres. (…)
Depuis quelques années, on assiste quand même à une désacralisation de l’écriture (et de la création de manière générale). Des formations non universitaires se créent, comme les ateliers d’écriture de l’école Les Mots. Il existe aujourd’hui de super podcasts où l’on peut écouter les auteurs et les autrices : en plus des Masterclasses de France Culture, il y a le podcasts Assez Parlé de l’école Les Mots, Bookmakers d’Arte Radio, ou encore En écriture de Louie Media. Netflix s’y est mis aussi - j’avais beaucoup aimé ce documentaire sur Joan Didion. Enfin, j’ai l’impression de voir beaucoup de personnages de fiction écrire, comme Ifemelu dans Americanah ou Connell dans Normal People (<3).
Tout cela m’aide à démythifier l’écriture et à m’y projeter plus facilement. Géraldine Dormoy le dit : écouter les auteurs est libérateur.
Lire m’aide dans cette tâche bien sûr, mais écouter les auteurs raconter comment ils font est encore plus libérateur. Grâce aux podcasts, en particulier, je découvre qu’il existe autant de façons de faire que d’individus, qu’il n’y a pas une méthode meilleure qu’une autre, qu’il n’y a pas de recette, que ce n’est jamais simple, que pour la plupart d’entre eux c’est pénible et que c’est normal, que l’acte de plonger en soi n’est pas anodin.
Ecrire, c’est apprendre à dire “je”
Si je vous dis tout ça, c’est que ces peurs et ces croyances ont retardé le moment où j’ai décidé, moi aussi, de m’exprimer. Et je crois que c’est ce qui m’anime profondément aujourd’hui : exprimer mes pensées, mes émotions, ma vision du monde à d’autres.
Je ne vous apprends rien, mais ce que j’aime dans l’art, c’est cette ouverture sur le monde et la perception des autres. Nous avons une seule vie, un seul corps et un seul regard sur le monde. Voir le monde avec les yeux (ou les sens) de quelqu’un d’autre, c’est ce que je trouve excitant et parfois bouleversant dans les romans, le cinéma, la peinture... Mais si aller à une expo, voir un film, lire un livre, écouter plein de podcasts sont des activités stimulantes et enrichissantes, je crois que s’étourdir des histoires des autres peut nous inhiber et nous empêcher de raconter notre histoire.
“How impressionnable and vulnerable we are in the face of a story !” remarque Chimamanda NGozi Adichie dans son puissant Ted talk The danger of a single story (si vous ne le connaissez pas, allez l’écouter : c’est un condensé de sagesse et d’humour ). “Speak for yourself ! Si vous ne racontez pas votre histoire vous-même, d’autres le feront à votre place” dit-elle aussi dans cette récente interview parue dans le magazine Elle.
La confrontation à l’histoire des autres est enrichissante, mais ne la laissons pas étouffer l’histoire que nous avons peut-être envie de raconter aussi ! D’ailleurs, pour se retrouver, Julia Cameron conseille de se priver de lecture.
Se priver de lecture, c’est se plonger dans un silence intérieur, un espace que certains d’entre nous commencent immédiatement à remplir de mots nouveaux - des conversations, longues et banales, trop de télévision, la radio, compagne toujours présente et bavarde. Souvent, nous ne pouvons pas entendre notre voix intérieure, la voix de l’inspiration de l’artiste. (…) Se priver de lecture est un outil très efficace, mais aussi très effrayant. Pour la plupart des créateurs bloqués, la lecture est une addiction. Nous gobons les mots des autres plutôt que de digérer nos propres pensées et sentiments, plutôt que de concocter quelque chose de notre cru.
C’est dur d’écrire, mais il est devenu très important pour moi de raconter mon histoire. Dans cet épisode du podcast Fracas, Apprendre à dire je, Charlotte Pudlowski interroge Lauren Bastide sur la conclusion de son livre Présentes où elle s’exprimait pour la première fois sur la mort de sa soeur Julia. Avec justesse et douceur, Lauren se confie sur ce qui l’a poussée à écrire ce passage et ce que ça lui a fait de raconter son histoire pour la première fois.
Je ne sais pas pourquoi j’ai écrit cette conclusion. Ce n’était pas prévu. Je me rappelle très bien du moment où je l’ai écrite : je squattais chez un pote qui me prêtait son appart pour que je sois au calme, je travaillais sur mon bouquin et j’avais une énorme deadline, il était 1h du matin, j’avais fumé un paquet de cigarettes, bu un litre et demi de thé. Je venais certainement d’écrire un passage du genre “il faut que les femmes disent “je””, “il faut que la parole des femmes se déverse”, et là d’un coup je me suis dit “mais putain, mon récit à moi il est où?” Et je l’ai écrite d’une traite, d’une impulsion.
C’était cathartique. Ce récit-là, je ne l’avais jamais fait à qui que ce soit. Si je peux t’en parler face à toi aujourd’hui, c’est parce que j’ai écris ce texte, parce que je l’ai écrit noir sur blanc et que je l’ai fait exister à mes yeux à moi.
Elle parle aussi de l’espace d’expression que l’écrit lui a donné :
Ce qui est pratique dans l’écriture, c’est que tu n’es pas interrompue, tu peux dérouler ta pensée sans entraves, c’est très reposant. C’est un espace où on peut développer, nuancer. L’écrit aide certainement beaucoup à parler parce qu’on parle à des personnes qu’on ne voit pas. On se parle un peu à soi aussi. C’est une démarche extrêmement solitaire, presque narcissique. On voit ses mots s’inscrire noir sur blanc sur l’écran. Je l’ai vécu comme une expérience très thérapeutique.
Et comme elle le rappelle, le combat féministe est beaucoup une histoire de diffusion de la parole et des récits des femmes dans l’espace public.
"Me too”. C’est pas pour rien qu’il y a “me” dedans. C’est une parole qui était contenue depuis tellement longtemps dans un si petit espace, il fallait qu’elle explose, qu’elle éclabousse le visage de la société pour faire comprendre ce que les femmes subissent depuis des siècles dans l’intimité et dans le secret. (…) Faire parler les femmes dans La Poudre, c’était une façon de transgresser tous ces tabous et de permettre à des récits multiples d’émerger. Il y a un besoin de déverser ces discours là.
Plus les récits émergeront, plus nous aurons une vision du monde complexe, nuancée, riche. Je parlais à l’instant avec mon ami Yoann. Il me disait qu’il avait peur de publier un texte tiré de ses notes de voyage en Albanie sur Instagram. Il craignait que son texte soit le cliché du carnet de voyage du touriste français dans un pays plus pauvre. Je comprends qu’il se soit posé la question, à un moment où l’on se rend compte de la domination du point de vue masculin, blanc, occidental dans les récits du monde.
En tant que lecteur/ visiteur /spectateur, je pense qu’il est important d’essayer de ne pas faire de généralités, de diversifier nos sources d’information et de s’intéresser à plusieurs points de vue. Mais à l’inverse, je crois qu’écrire demande de se replier un peu sur soi, d’être le plus sincère possible et surtout de ne pas se censurer. Les notes de voyage de mon ami retranscrivent bien sûr les impressions d’un touriste français sur un pays où il a passé 3 semaines un été. Cela ne veut pas dire que son texte n’est pas intéressant et qu’il ne mérite pas d’exister. Ce sera à moi, lectrice, de lire son texte avec recul et esprit critique.
Comme le dit si bien Chimamanda Ngozi Adichie dans son Ted : le problème avec les clichés n’est pas qu’ils sont faux, mais qu’ils sont incomplets. Toutes les histoires méritent d’exister. Pour moi, il ne s’agit pas de censurer ou d’annuler les points de vue des populations dominantes mais de faire émerger d’autres récits, de veiller collectivement à un équilibre dans les représentations du monde.
The single story creates stereotypes, and the problem with stereotypes is not that they are untrue, but that they are incomplete. They make one story become the only story. (…) The consequence of the single story is this : it robs people of dignity. It makes the recognition of our equal humanity difficult. It emphasizes how we are different, rather than how we are similar. Stories matter. Many stories matter. Stories have been used to dispossess and to malign, but stories can also be used to empower and to humanize. Stories can break the dignity of a people, but stories can also repair that broken dignity.
Ecrire, c’est dur, pour beaucoup de personnes. Mais je vous encourage à vous lancer, si ça vous fait envie. Personnellement, écrire tous les matins m’a permis de lever beaucoup de blocages, ça a été l’impulsion pour lancer cette newsletter. Je n’ai pas encore essayé d’écrire de la fiction. Je ne sais pas à quel point l’exercice est différent, j’aimerais bien tenter. En tout cas, ça me fait déjà très peur, vous l’aurez compris ! ;)
Des nouvelles
Une fresque chez Ecotree
Deuxième fresque et très chouette expérience dans les locaux de la start-up parisienne Ecotree. Une fresque qui s’est peu à peu transformée en atelier participatif : à la première pause déjeuner, Léa est descendue, puis Esther, puis Annabelle... Elles m’ont emprunté mes poscas et ont commencé à colorier les formes, les feuilles, les petites fleurs dont j’avais dessiné les traits. C’est devenu le petit moment détente après le déjeuner ou entre deux rendez-vous.
Si organiser un atelier peinture avec votre équipe ou transformer un mur un peu trop blanc en une jungle joyeuse et colorée vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter par mail ou via mon compte Instagram pour plus d’infos !!
Un nouveau dessin en vente sur ma boutique :
Ce dessin est une illustration au format 30x40 cm, imprimée à Paris par l’Usine à Pixels. Il parle de ces heures passées, ado puis jeune adulte, à me faire belle avant de sortir avec mes copines, de cette excitation qui monte (parce qu’évidement, le crush sera là), de cette métamorphose jouissive vers l’élégance, la séduction et les regards de la nuit. Les deux derniers exemplaires sont sur ma boutique !
Ma revue de presse
Faite avec le coeur.
Dans son livre Vivre avec nos morts, Delphine Horvilleur parle de notre relation à la mort au fil d’une petite dizaine d’histoires de morts qu’elle a vécu en tant que rabbin, et parfois en tant qu’amie. “Comment donner un sens à la mort ?” est la grande question du livre. Avec une belle plume super fluide et accessible, elle nous raconte les récits qu’elle a du créer autour de ces morts pour leur donner du sens, souvent en passant par des textes de la Torah. L’occasion aussi de découvrir les récits et les coutumes juives. Une très belle lecture, pleine de sagesse. (Merci Maï <3 )
Le très poétique, et très émouvant court-métrage Variations for a cloud de Margaux Derhy, en collaboration avec 4 autres artistes. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, mais j’ai regardé par curiosité. 15 minutes plus tard, je le regardais une 4ème fois, en larmes. On suit la danse d’une famille nuage, qui un jour perd l’un des siens et qui se reconstruit peu à peu. J’ai été fascinée par les peintures animées de Margaux, bouleversée par le texte, bercée par la douceur de la musique. Je suis très heureuse de l’avoir vu et je vous le recommande chaudement, ça dure 3 minutes et c’est gratuit.
La geisha, la panthère et la gazelle : un super épisode du podcast Kiffe ta race sur l’imaginaire collectif autour des femmes non-blanches et les clichés exotiques qui leur sont associés. Peut-on avoir une préférence sexuelle pour un type ethnique sans être raciste ? Rokhaya Diallo et Grace Ly se posent la question et c’est passionnant !!
La semaine dernière, je suis allée voir l’expo Ani et Josef Albers au Musée d’Art Moderne de Paris. On découvre l’oeuvre prolifique de ce couple d’artistes allemands qui se rencontrent à l’école du Bauhaus dans les années 1920 et partent aux Etat-Unis en 1933 enseigner à l’école Black Mountain College. J’ai adoré l’expo : moi qui suis sensible aux couleurs et aux motifs, j’ai été servie ! L’expo permet aussi de comprendre la grande complicité artistique qui les liait et leur engagement dans l’enseignement - les vidéos qui nous immergent dans certains de leurs cours révèlent leur pédagogie. Conformément aux principes du Bauhaus, ils croyaient en la maîtrise de la technique et en un art ouvert à tous, multidisciplinaire et émancipateur. Top ! (Merci Raf pour la reco <3)
Je suis allée voir au cinéma le documentaire Bigger Than Us, de Flore Vasseur. Aux côtés de la jeune activiste Melati Wijsen, qui se bat contre la pollution plastique en Indonésie, on rencontre 7 jeunes activistes de différents pays du monde qui se battent pour la liberté d’expression, l’accès à l’éducation pour les filles, le climat, les droits humains... Ils nous racontent comment ils arrivent à faire changer les choses, comment leurs actions très locales sèment des graines dans le monde entier, et la joie, l’amour, la fierté, l’espoir qu’ils trouvent dans leur engagement et l’appartenance à une cause qui les dépasse. (Merci Siham !!)
Pauline Harmange parle d’Orgueil et Préjugés dans le podcast Le Bookclub. J’avais lu le grand classique de Jane Austen au lycée et j’avais été emportée par cette très belle histoire d’amour ( dans le livre et le film d’ailleurs - la version BBC de 1997, dans laquelle Colin Firth en Mr Darcy nous faisait fondre, et particulièrement dans cette scène, cette scène, et cette scène). Pauline m’a rappelé l’humour délicieux de Jane Austen et l’intelligence, l’anti-conformisme, l’indocilité du personnage d’Elizabeth Bennet.
Sur Instagram, je vous ai déjà parlé de la splendide rétrospective de Georgia O’Keeffe au Centre Pompidou. Si vous voulez savoir pourquoi ça m’a plu et découvrir une sélection de mes 10 peintures préférées, c’est par ici !
Cet été, j’ai enfin lu Just Kids, l’autobiographie pleine de délicatesse et de mélancolie de Patti Smith. L’icône de rock revient sur son arrivée à New-York et sa rencontre avec celui qui deviendra son meilleur ami, Robert Mapplethorpe. Grands enfants complètement fauchés et plein de rêves, compagnons de galère, ils travailleront avec ténacité à faire leur place sur la scène artistique New Yorkaise, dans les milieux bohèmes des années 70 où se côtoient Andy Warhol, Janis Joplin, Jimi Hendrix… Just Kids raconte, avec plein d’anecdotes, l’effervescence artistique du New York des années 1970, les tâtonnements de deux jeunes artistes qui veulent percer et seront compagnons de galère pendant ces années fondatrices.
Dans le podcast A flots et à sang, Camille Mastracci s’interroge sur la possibilité d’une pêche durable. Elle veut comprendre le milieu de la pêche, et nous emmène dans ses discussions avec les pêcheurs, ses virées en mer, ses échanges avec les acteurs du secteur du poisson mais aussi des scientifiques experts des océans et des militants Seasheperd. Le podcast permet de saisir concrètement le dilemme entre d’un côté l’économie et l’emploi, et de l’autre la protection de la biodiverisité. Les témoignages et les chiffres permettent de se rendre compte de l’ampleur des dégâts de la pêche, même artisanale. Mais surtout, on écoute parler les pêcheurs et ça permet de mieux se rendre compte de leur vision du métier, des dures conditions de travail et de leur exaspération vis-à-vis des médias et des citadins.
Siham, de Génération XX, vient d’annoncer l’ouverture d’une masterclasse en partenariat avec Les Mots. Le thème : “le pouvoir des mots au service de votre projet entrepreneurial”. Au programme de cet atelier : écrire sa plateforme de marque, son manifeste, sa newsletter, retranscrire la passion qui nous anime et les émotions qui nous traversent tout au long du projet. Je vous l’idée très pertinente et les intervenantes de l’atelier sont très bien choisies. Je pense que ça va être super !!
Cela faisait longtemps que je n’avais pas écouté les Masterclasses de France Culture. Celle d’Amélie Nothomb est une pépite. Je l’ai trouvée passionnante. Elle raconte son histoire, l’absolue nécessité de l’écriture pour elle et la difficulté que c’est quand même, son dégoût du confort et la discipline draconienne qu’elle s’impose, l’importance d’aller là où sont les plaies, de faire les choses seulement si c’est une question de vie ou de mort. Un témoignage franc et puissant.
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui !
J’espère que vous apprécié la lecture de cette newsletter.
Si c’est le cas, n’hésitez pas à la recommander à un·e ami·e et à vous abonner si ce n’est pas déjà fait. Et si vous avez envie de me répondre, n’hésitez pas ! :-)
A bientôt !
superbe fresque ! je note pour l'atelier, peut-etre un jour chez notre startup Cocote https://fr.cocote.com/ :)
JE SUIS ÉCRIVAIN ! (Pardon d'avoir crié >< mais c'est la première fois que j'ose employer un tel mot) J'ai trouvé dans l'écriture un moyen d'exprimer mes réflexions. Elles peuvent naître pendant un trajet, en regardant un animé, la nuit pendant mes rêves, en regardant les nuages ou en lisant tes merveilleuses newsletter ! J'ai l'impression de contenir ces réflexions en moi et j'ai beaucoup trop envie de les poser quelque part. Ça peu être dans l'esprit de quelqu'un d'autre mais comme j'ai peur de déranger et surtout qu'il y a peu de personne autour de moi prête à m'écouter, je les déposes dans mon compte insta (ptite pub @feathers_roam). Quand j'écris, et en général dans tout ce que je créé, j'ai énormément de mal à en être fier. Pour remédier à ce problème, je ne juge plus mes créations mais je prends volontiers les critiques constructives. Je m'arrête là sinon ça sera une autre newsletter en commentaire haha 😂 Encore merci pour ta plume !