Je m’appelle Louise, j’ai 24 ans et je vis à Paris. Je viens de terminer une école de commerce mais je suis surtout passionnée par l’art, les gens qui m’entourent et les témoignages sous toutes leurs formes. Cette newsletter est mon journal de bord. Vous y trouverez de mes nouvelles et des recommandations artistiques et culturelles. Bonne lecture !
Coucou les ami.e.s,
Je vous écris depuis mon lit. Il est 19h41. Je viens d’avaler 3 tartines de “petit billy” (un fromage de chèvre de supermarché tout mou), arrosées de sel et d’huile d’olive - histoire de tenir le coup jusqu’au dîner. J’écoute Fip, une super radio que j’ai découvert récemment et dont la sélection éclectique m’a conquise. (Je me suis demandé si c’était nouveau, mais apparemment ça a 45 ans et c’est très connu).
Je viens de rentrer à Paris après une 36ème escale en Bretagne. Après un week-end de copains fort joyeux et réconfortant dans le Morbihan, j’ai passé deux jours à Rennes chez mon copain. Mais en vérité, si un dessin devait représenter mon séjour à Rennes, ce serait plutôt cette peinture de l’artiste irlandaise Laura Callaghan :
D’abord parce qu’on a vécu des époques plus fun et qu’il pleut en continu, mais aussi parce que ce séjour m’a mise face à mes contradictions. Alors que mon amoureux me quittait tôt le matin pour rejoindre ses nouveaux collègues, je m’arrachais difficilement du lit pour traîner toute la journée, le cheveu gras et les membres engourdis. Moi qui imaginais profiter de ces deux jours de solitude pour dessiner, je n’en avais aucune envie. A 16h, alors que je n’avais toujours rien fait, je suis sortie me promener dans un Rennes humide et maussade - hantée par le doute.
En décembre, j’avais pourtant rédigé un article de blog très clair sur mon site internet. J’y avais écris noir sur blanc : “'Ces dernières années, j’ai été obsédée par l'objectif de devenir artiste, ce dans quoi je ne me reconnais pas complètement” et puis “Quand certains ont besoin de crayons ou de notes de musique pour exprimer leur vision du monde, rien ne me paraît plus naturel que les mots.”
C’était dit : dessiner ne serait pas mon métier. Après avoir pris ces activités créatives tant au sérieux, j’avais besoin d’autre chose et de faire une bonne pause. Mais nous sommes plein de paradoxes : avant-hier, je suis allée acheter du papier aquarelle et de l’encre de chine dans un magasin d’art. Un achat très représentatif de ma tendance à tourner en rond dans mes raisonnements et à m’accrocher à des béquilles identitaires toxiques.
“Not Everything is a Side Hustle” rappelle Ann Friedman dans ce petit texte. “At a time when Etsy shops and craft fairs and food trucks are decidedly mainstream, every domestic hobby is at risk of becoming a side hustle. (…) But messing around with a stand mixer or a sewing machine is fun for me because it’s not work. Personal pleasure is what makes a hobby a hobby.”
Ces dernières années, je pensais très fort que l’on était défini par l’activité qui nous ramenait de l’argent - et à mes yeux, rien n’était plus noble que la création artistique. Mais plus ça va, plus je me rend compte que j’ai aussi besoin d’esprit d’équipe, de cadre, d’horaires, d’argent ! Du moins aujourd’hui. Bref, je ne me sens pas de me lancer dans la vie de créatrice indépendante. Je crois que je ne ferai pas de l’art un métier avant d’en ressentir la nécessité absolue. Et pour retrouver l’envie et le plaisir de créer, je préfère le faire sans pression du résultat ni stress financier.
Solange te parle dit plein de choses intéressantes dans sa vidéo “Comment être artiste”. Elle partage avec nous l’envers du décor de son quotidien d’artiste et cite une idée de Spielberg : “Si tu veux te lancer dans le vaste monde de l’art et que tu as un plan B, choisis le plan B”. Parce que c’est super dur ! (Bon, à prendre avec du recul : il existe aussi des artistes épanouis et bien dans leurs bottes).
Pour les semaines à venir, j’ai donc envie de me laisser guider par un principe de plaisir innocent. Lors d’un cours de théâtre auquel j’avais assisté en septembre, le professeur nous avait dit que pour être bon comédien, il fallait déjà “ressentir l’envie d’aller sur scène”. J’avais pensé “Ok, merci Patrick …”, mais force est de reconnaître qu’en pratique, écouter ses propres envies n’est pas toujours évident. C’est si facile de se voiler la face quand on a pris ses petites habitudes. On peut aussi ressentir de la honte à faire machine arrière. Mais comme le rappelle ma bonne fée Clothilde Dussoulier, rien n’est plus inconfortable que le surplace.
De toute façon, qu’est-ce qu’on apprendrait si on ne se plantait pas de temps en temps ?
Ma revue de presse
Faite avec le coeur.
J’ai adoré le dernier épisode de Génération XX, où Siham recevait Lauren Bastide. C’est avec Génération XX et La Poudre que j’ai commencé à écouter des podcasts et les voix de Siham et de Lauren sont restées parmi les plus familières. <3 Dans cette très belle conversation, grâce à la finesse de Siham, j’ai découvert une Lauren Bastide très douce, nuancée, humble, sensible, apaisée. Elle revient sur les apprentissages des 4 dernières années et parle d’écriture, de militantisme et d’amitié, de colère, des réseaux sociaux et du regard des autres, de privilèges, d’accepter le flou, de prendre vraiment soin de soi et de grandir. C’est la plus belle interview que j’ai jamais entendue de Lauren et un de mes épisodes préférés de Génération XX.
Cette émouvante vidéo réalisée par Margaux Brugvin (et produite par Sézane) sur le couple amoureux et artistique qu’ont formé Marina Abramović et Ulay pendant 12 ans. Je ne connaissais pas du tout leur travail et j’ai trouvé passionnante la démarche artistique de ce couple qui s’est mis en scène pendant des années pour créer des métaphores puissantes sur les choses de la vie et surtout, l’amour. Leur histoire d’amour, la porosité évidente entre leur vie et l’art, la vulnérabilité dans leur oeuvre m’ont un peu chamboulée.
La dernière édition de Maybe Baby, la newsletter de la journaliste américaine Haley Nahman. Une fois par semaine, je reçois un essai de cette journaliste, qui aborde des sujets de société avec beaucoup d’intelligence, de finesse et de sensibilité. La dernière newsletter a l’air simple : HN y explique pourquoi elle a choisi de désactiver les commentaires. Mais c’est toute une réflexion qu’elle déroule autour du concept de la communauté et sa valeur économique aujourd’hui.
Un extrait :
“We need less celebrity- and brand-worship and more opportunities to build connections from which no one person or entity stands to profit over the rest, where our connective tissue goes deeper than consumption preferences, and where trust enables mutual understanding and healthy conflict. There is an enduring appeal to the chaotic communing happening online, especially where our egos are concerned, but if it makes us feel empty in the long run, it’s not hard to see why.”Le documentaire Netflix What happened miss Simone ? qui nous plonge dans l’histoire de Nina Simone : son ambition de devenir “the first black classic pianist”, son timbre de voix extraordinaire révélé un peu par hasard, son combat au sein du mouvement pour les droits civiques, et puis son amour de la liberté, son instabilité, sa marginalisation. (Seul regret : on n’entend pas assez sa musique.) J’ai récemment découvert sa magnifique interprétation de “Ne me quitte pas”, ça me fout des frissons à chaque fois.
La lecture de Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, de Chimamanda NGozi Adichie - l’autrice d’Americanah et de L’autre Moitié du Soleil (que je vous conseille si vous ne les avez pas lus). Dans cette lettre adressée à une amie qui vient d’avoir une petite fille, l’autrice donne des conseils pour l’élever dans les règles de l’art du féminisme. J’aime son intelligence pratique, sa clarté d’esprit et son écriture franche.
“For me, feminism is always contextual”.
“Teach her that the idea of gender roles is absolute nonsense. “Because your are a girl” is never a reason for anything. Ever ”.
“Be a full person. Your child will benefit from that".
“Instead of teaching her to be likeable, teach her to be honest. And kind. And brave.”
Si ils vous ont échappé, je vous conseille d’écouter ses Ted talks - The danger of the single story et We should all be feminists. Chimamanda a un immense talent pour dire des choses intelligentes simplement, avec humour et classe.
Encore un épisode du podcast Change ma vie sur les obstacles au changement. La coach Clothilde Dussoulier nous explique quels sont ces obstacles, comment ils agissent et comment les dépasser. Je vous recommande chaudement ce podcast, un outil efficace qui aide à avancer sur des blocages très précis.
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui !
J’espère que vous apprécié la lecture de cette newsletter.
Si c’est le cas, n’hésitez pas à la recommander à un.e ami.e et à vous abonner si ce n’est pas déjà fait. N’hésitez pas à me répondre si vous avez des suggestions à me faire :-)
A bientôt !
Wow ces découvertes : Merci, merci et encore merci ! Beaucoup trop heureux de lire cette newsletter 🤩