Je m’appelle Louise, j’ai 24 ans et je vis à Paris. Je viens de terminer une école de commerce mais je suis surtout artiste et passionnée par l’art, les gens qui m’entourent et les témoignages sous toutes leurs formes. Cette newsletter est mon journal de bord. Vous y trouverez de mes nouvelles et des recommandations artistiques et culturelles. Bonne lecture !!
Coucou les amis,
J’espère que vous allez bien !! Je suis ravie de vous écrire, ça faisait longtemps. Tant de choses se sont passées depuis début Mai ! Et bien sûr, les restaurants, bars et lieux culturels ont réouvert. Cette année nous a montré à quel point les relations humaines et le contact physique avec le monde faisaient le sel de la vie.
J’étais lasse de cette vie cocooning trop douillette, des conversations qui commençaient à tourner en rond et du manque de cette sensation rassurante, enivrante, d’appartenir à un groupe d’humains sensibles et connectés, de ressentir des émotions ensemble, que ce soit dans le joyeux brouhaha d’une terrasse bondée ou dans un grand rire de spectateurs au théâtre. Le premier café crème, la première bière au coucher du soleil, la première vraie soirée ont été magiques. Chaque rencontre a un goût de fête. Je retrouve le plaisir de regarder et d’être regardée, de m’habiller et de me faire belle pour les autres - j’ai remarqué que je sortais systématiquement maquillée depuis quelques semaines. Chez moi, la coquetterie est signe de joie et de plaisir de vivre. A nouveau, j’ai envie de croquer la vie à pleines dents.
C’est une grande émulation qui ne vient pas sans un vrai changement de rythme et l’apparition de nouveaux questionnements. Les longues balades à vélo solitaires et les lectures dans les clairières du bois de Boulogne pendant le premier confinement me semblent bien loin. Et même si je suis maintenant accoutumée et heureuse de cette vie sociale qui a repris, j’ai commencé par ressentir le fameux “syndrome de la cabane”. Dans un article de Welcome to the Jungle, le journaliste Vincent Cocquebert analyse cet éventuel repli sur soi.
Après le premier confinement, des personnes avaient eu du mal à sortir de la petite forteresse qu’elles s’étaient créée. C’est ce qui s’appelle le syndrome de la cabane, la peur de se confronter à l’extérieur. (…)
L’expression populaire “Netflix and chill” illustre parfaitement une nouvelle tendance au sédentarisme domestique cool. C’est l’idée qu’il était désormais plus valorisant de passer le week-end à regarder une série que de sortir en boîte avec des amis. (…) Plus besoin d’aller au cinéma, au théâtre, dans des bars… tout est à portée de main. Avant la crise de la Covid-19, Netflix doublait ses bénéfices dès le premier trimestre et l’usage des plateformes de streaming commençait déjà à concurrencer l’audience des films sortis en salles, comme d’ailleurs les sorties en règle générale.
Notre monde actuel n’a jamais été aussi sûr. Mais nous sommes dans une période historique inédite. C’est la première fois qu’on nous dit que le futur va être plus dur, qu’il s’annonce économiquement plus compliqué et que nous allons assister à un désastre environnemental. Le mythe du progrès de dire que demain sera toujours mieux, n’existe plus. On a du mal à se projeter dans un futur désirable. Ainsi, cela donne davantage envie d’investir le présent, d’investir dans ses proches. La famille devient un cocon, une citadelle de laquelle les jeunes, au-delà de l’aspect économique, ont du mal à partir. La famille n’est plus au service de la société pour éduquer des citoyens et des travailleurs, mais elle sert davantage comme une base de repli.
Je m’y retrouve : le retour à la normale n’est pas si fluide. Revoir les copains du “deuxième cercle”, me retrouver dans des grands groupes plein d’inconnu·e·s est jouissif, mais aussi un peu inconfortable. Encore ce week-end, à une grosse soirée où je ne connaissais pas grand-monde, j’ai pu avoir des moments d’extraversion et de facilité à aller vers les autres … et tout à coup me sentir réservée, mal à l’aise et gauche dans certaines conversations. C’est d’abord lié à ma personnalité, qui navigue entre l’extraversion et l’introversion si j’en crois mes résultats au test MBTI (je ne pouvais pas vous cacher plus longtemps ma passion secrète pour les tests de personnalité). Mais j’ai aussi senti que mes “muscles sociaux” s’étaient atrophiés : socialement, je suis moins à l’aise qu’il y a un an et demi. Dans son article The Age of Reopening Anxiety, la journaliste Anna Russell décortique cette anxiété sociale liée au retour à la normale et exprime avec beaucoup de justesse les pensées qui peuvent nous assaillir dans les moments de socialisation.
Those venturing out of their bubble often describe a feeling of watching themselves socialize. “I’m very conscious about what I’m saying when I’m speaking aloud,” one friend told me. “I immediately apologize for myself, like, I haven’t really talked to anyone in a long time—I’m sorry!” Another friend confided that she was acutely aware of her partner sitting next to her, listening to her repeat the same anecdotes in every conversation. (…)
They often have images in their mind of, say, sitting around the table and feeling uncomfortable and thinking, Do I fit in? What should I talk about? What if people ask me what I’ve been doing? I haven’t really been doing anything much for the last year”.
Alors que le rythme de vie s’est accéléré sans transition, je me rends également compte de tout ce que m’a apporté cette année. Pour moi qui les ai vécus dans une situation très privilégiée, les confinements successifs m’auront donné du temps pour explorer ma vie intérieure et apprendre à m’écouter et comprendre mes émotions. J’ai téléchargé l’application de méditation Petit Bambou, je me suis mise aux célèbres morning pages recommandées par Julia Cameron dans Libérez votre créativité et j’ai commencé à voir une psy. Bien sûr, il y a aussi l’influence d’une époque très axée sur la santé mentale et le self-care, des articles et des podcasts lus et écoutés sur le sujet, et de la série En Thérapie. Mais sans la solitude et l’austérité de cette année, je n’aurais probablement pas sauté le pas.
Moi qui ai ainsi passé une année très introspective à faire des exercices de pleine conscience et à décortiquer mes émotions dans des carnets, j’ai reçu en quelques jours des invitations dans tous les sens. Je me suis retrouvée à essayer de caler plusieurs rendez-vous dans la même soirée, cette vieille manip’ de la “vie d’avant”, quand caler un maximum d’interactions sociales dans mes journées de 24h était juste normal.
Il faut dire que la réouverture des lieux arrive pour moi à un moment de transition. Avant la pandémie, j’étais une étudiante très sociable en école de commerce. Je ne regrette pas ces années d’école très intenses socialement - j’y ai rencontré mes meilleur·e·s ami·e·s - mais je n’ai plus envie de ce rythme dans lequel je suis capable de m’oublier.
Cette envie de garder du temps pour moi arrive également au moment où je change de quartier. Jusqu’à la semaine dernière, j’habitais chez mes parents dans le 16ème arrondissement, un quartier calme et résidentiel. Les bruits de la rue n’arrivaient pas jusqu’à ma chambre, qui donnait sur la cour. Je vis maintenant dans un quartier qui grouille. Le petit café en bas de chez moi, visible depuis mon balcon, me fait de l’oeil en permanence. Le rire des gens et le tintement des verres m’attirent comme un chant de sirène. Pour ne pas avoir le sentiment de me trahir, je dois faire attention à ne pas m’oublier dans un tourbillon de rendez-vous.
Cette année m’aura donc permis de revoir mes priorités et de chercher un nouvel équilibre de vie. Je reste ouverte à la perspective de me faire de nouveaux amis, mais je suis maintenant consciente qu’on ne peut pas multiplier ses relations sans sacrifier un peu de sa vie intérieure et de son intégrité. Mon nouveau défi : apprendre à dire non à certaines propositions. Dans son article, Anna Russell insiste également sur cette révision des priorités qu’a permis cette période pour beaucoup d’entre nous.
The pandemic has spurred a “recalibration of priorities and of what matters,” the British psychoanalyst Josh Cohen told me recently. During the first lockdown in the U.K., he observed a kind of giddiness in some of his patients, an “opening up of the possibilities of life within a narrow circuit.” (…)
Lately, Cohen’s clients have expressed new sets of worries. Long hours at home this year have allowed certain questions to bubble to the surface. Questions like, “What kind of place do I want to live in? Or, Where do I want to raise my children? Or even, What kind of daily life do I want for myself?” he said. Some of his clients wonder when they’ll be able to spend this much time with their families again. Others wonder when they’ll have this much time to themselves again. “I think they feel that they’re going to be bounced back into ordinary life before they’ve resolved the questions that have been raised,” Cohen said.
Dans Libérez votre créativité, le livre de Julia Cameron que je cite dans 100% de mes newsletters, un chapitre est intitulé “retrouver le sentiment d’intégrité”. Il rappelle notamment que se retrouver seul·e avec soi-même est une condition de la liberté, de la connaissance de soi et de l’intégrité.
Avant d’expérimenter la liberté de la solitude, nous ne pouvons créer des liens authentiques. L’art se constitue dans le moment de la rencontre, quand nous rencontrons notre vérité et nous rencontrons notre propre expression. En nous défaisant de la perception vague que nous avons de nous-mêmes, de nos valeurs, nous devenons disponibles à l’instant présent. C’est là, dans le particulier, que nous contactons le Moi créateur. (…)
Une fois engagés dans le processus des pages du matin et des rendez-vous avec l’artiste, une fois que nous avons engagé le Créateur intérieur pour nous guérir, des changements commencent à se produire. Les fantaisies, bienfaisantes et inattendues, commenceront à naître. La moitié de votre garde robe peut commencer à vous sembler bizarre. Il est possible que vous vous découvriez des goûts et des aversions tout particuliers, dont vous n’aviez pas du tout conscience. (…)
Entrer en soi et écrire les pages du matin peut ouvrir une porte intérieure qui permet à notre Créateur de nous aider et de nous guider. C’est notre volonté qui ouvre cette porte. Un Moi plus fort et plus clair va émerger.
Exercices
Julia Cameron propose plusieurs exercices simples pour se reconnecter à ce qu’elle appelle le “Moi Créateur”. En voici deux que j’aime bien :
1) Regardez votre maison. Y a-t-il une pièce que vous pourriez transformer en un espace privé pour vous ? Convertir la salle télé ? Acheter un paravent et suspendre un drap pour partager une pièce ? Puis imaginez votre lieu de rêve. Il doit être décoré pour vous y divertir et non pas agencé comme un bureau.
2) Ecrivez une lettre comme si vous étiez âgé·e de 80 ans en vous adressant à la personne que vous êtes maintenant. Que vous diriez-vous ? Quels intérêts vous forceriez-vous à poursuivre ? Quels rêves souhaiteriez-vous encourager ?
Ceci étant dit, je vous souhaite à toutes et à tous un très beau début d’été, plein de rencontres, de joie, d’amour, de fête, et de temps pour vous !!
Updates
Mes nouvelles assiettes sont enfin sorties du four. Le moins que je puisse dire, c’est que ça n’a pas été un long fleuve tranquille. J’avais commencé à peindre des assiettes pendant le premier confinement grâce à Biscuit atelier. J’étais ravie de leurs services, j’ai beaucoup aimé peindre et j’étais très contente du résultat.
Pour baisser mes coûts, j’ai acheté mes dernières assiettes et mes émaux colorés chez Ceradel, fournisseur de produits liés à la céramique. (Mais j’ai été déçue par leur choix de vaisselle limité, puis exaspérée par leur service client et leur mauvaise gestion des stocks). Une fois mes assiettes réceptionnées et peintes chez moi, je suis partie à la recherche d’un atelier parisien qui accepterait de cuire mes pièces une deuxième fois, et j’ai finalement confié ces trois assiettes à Sandrine, une potière dont l’atelier est situé à Strasbourg Saint Denis.
J’ai récupéré mes assiettes il y a quelques jours et j’étais heureuse d’en finir. Bilan : trop de galères pour peu de création. Il se pourrait bien que je retourne chez Biscuit pour la prochaine tournée !
Pour les amateurs de podcasts
J’ai listé mes podcasts préférés par catégories et, pour chacun, des recommandations d’épisodes spécifiques. J’espère que vous y trouverez votre bonheur !!
Ma revue de presse
Faite avec le coeur.
J’avais écouté Flore Vasseur dans un épisode du podcast Génération XX. Quand j’ai aperçu un de ses reportages en haut d’une pile de livres dans la librairie de mon quartier, je me suis rappelée une femme passionnée, engagée et brillante. Je viens de terminer, un peu tremblotante, Ce qu’il reste de nos rêves, un portrait bouleversant d’Aaron Swartz, petit génie du code, activiste idéaliste et tourmenté, qui s’est battu avec ardeur pour un Internet en libre accès, sans censures ni frontières, jusqu’à se voir menacé de trente-cinq ans de prison par le FBI et se suicider à 26 ans, en 2016.
Je vous ai déjà recommandé la newsletter de Sari Azout, Check your Pulse. Une des dernières éditions, From winner take all to win and help win, est consacrée aux NFTs qui, selon elle, peuvent faire revivre la vision originelle des fondateurs d’Internet. Je galère un peu sur ces sujets techniques mais j’apprécie la vision de fond, l’intelligence et le sens que Sari Azout donne à ces innovations tech.
“Reims en 1968, la première équipe de football féminine se constitue à l’occasion d’une attraction de la kermesse du journal l’Union. De Reims à l’équipe de France et jusqu’à la Coupe du monde à Taipei en 1978, c’est le début d’une aventure collective et sportive. Découvrez le parcours sans précédent de ces femmes emplies de solidarité, de force et de détermination. ” C’est le pitch de Féminines, une pièce très touchante, pleine de joie et d’humour, mise en scène par Pauline Bureau. Je l’avais manquée au théâtre et quand ma prof de théâtre m’a dit que cette pièce avait été “une claque”, je l’ai regardée sur France TV. (On est d’accord, c’est beaucoup plus sympa d’aller voir des pièces en vrai, mais celle-ci vaut le détour !)
La pétillante Jane birkin nous parle de ses vêtements et raconte 1000 anecdotes dans ce délicieux épisode du podcast Habitudes. J’ai été charmée par sa franchise, sa sagesse, sa douceur et son humour.
Le documentaire Netflix Seaspiracy nous montre le vrai visage de la pêche (qui vide les océans, détruit la biodiversité marine, et menace la vie sur terre dans les années à venir) et des organisations qui attribuent des labels de pêche responsables sans aucune rigueur et participent à perpétuer des pratiques non viables - la mauvaise foi des personnes interviewées est hallucinante. Le documentaire m’a donné envie d’arrêter de manger du poisson et de donner quelques euros par mois à l’association Sea Shepherd, qui lutte contre la destruction de la vie marine. J’avais découvert cette association dans l’incroyable épisode Pirates des mers australes du podcast Les Baladeurs. Dans ce récit, Lamya Essemlali raconte sa première mission en Antarctique, sur les traces des bateaux de pêche japonais. L’objectif : anéantir le rendement de la chasse baleinière pour forcer les braconniers à faire demi-tour.
J’ai aimé cet article de la sociologue Eva Illouz sur l’idéologie contemporaine du développement personnel, qui m’a d’autant plus intéressée que je suis complètement dans la tendance. Elle explore ses similarités et ses différences avec l’éthique stoïcienne et formule une réalité brutale : le développement personnel énoncerait à chacun la fausse promesse qu’il peut façonner sa propre valeur (cette phrase m’a marquée). PS : je me suis abonnée à Philosophie Magazine et j’aime beaucoup - je trouve que leur contenu rend la philosophie accessible et vivante.
Pour les utilisateurs professionnels d’Instagram, je vous recommande les Guides Instagram du créatif, une initiative de Constantin Hayes, mari de la potière Marion Graux et créateur du compte @love_ceramic. Passionné par Instagram, il a créé une méthode scientifique, pragmatique et structurée qui alterne entre conseils et mises en pratique. Je vous conseille également la série de lives “Instagram et moi” animés par la journaliste Géraldine Dormoy sur son compte. Ses invité·e·s y racontent l’histoire de leur compte Instagram et témoignent sur leur rapport à la plateforme et à ses différentes fonctionnalités. Des discussions décomplexantes et libératrices ! J’ai également découvert Le Super Daily, un podcast sympa et pointu qui décrypte les nouveautés des réseaux sociaux. Sans oublier les conseils pratiques très justes de Marelle Communication, entreprise de formation à Instagram co-fondée par mon amie Anaëlle.
En attendant les soirées d’été, les danses endiablées dans la fraîcheur de la nuit, les regards à la dérobée et les cocktails sucrés, je vous laisse sur cette très belle photo d’Andreas Feininger, prise à New York en 1962. A bientôt, et comme dirait la prof de yoga dont j’ai suivi un cours hier, “un joyeux solstice d’été à tous ! Emplissez-vous de lumière !” <3
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui !
J’espère que vous apprécié la lecture de cette newsletter.
Si c’est le cas, n’hésitez pas à la recommander à un·e ami·e et à vous abonner si ce n’est pas déjà fait. Et si vous avez envie de me répondre, n’hésitez pas ! :-)
A bientôt !
Encore une fois c'est une merveilleuse newsletter. Un vrai plaisir de te lire juste pour ta qualité de rédaction. J'ai énormément appris et je me suis, à plusieurs reprises, reconnu dans tes réflexions et propos. Je te souhaite le meilleur pour cette nouvelle aventure et à bientôt sur les réseaux 🤩