#36 : 8h, ressenti 3h du mat'
Le mood et les découvertes de la semaine en 10 minutes de lecture
Coucou tout le monde,
J’espère que vous avez passé des vacances reposantes et de joyeuses fêtes, sans grippe ni crise de foie ! ❤️
Je suis très heureuse de vous retrouver, quand bien même le réveil manquait de naturel lundi matin - “ressenti 3h du mat”, a chuchoté ma coloc croisée dans le couloir. Mais malgré mes doigts engourdis sur le clavier et cette pluie déprimante (toujours mieux qu’un incendie dévastateur, certes), je me sens pleine de bonnes ondes après deux semaines de pause dont je sors régénérée, enthousiaste et reconnaissante - 1er degré !
Déjà, rien que pour avoir retrouvé un état de santé normal. Ma toux et mes cernes cadavériques ont disparu, je ne me sens plus constamment à deux doigts de défaillir… Et c’est peu dire que je savoure cet état de bien-être après deux mois passés entre mon lit et ma bouilloire, à cracher mes poumons et tenter en vain de me déboucher le nez. Je ne suis apparemment pas la seule à m’être débattue avec des virus d’une violence inédite et sans la médecine moderne, je me demande franchement de quoi aurait l’air la démographie française en ce 9 janvier 2025 !
Petit récap’ de mes vacances, que vous êtes évidemment libre de sauter. Ça a commencé par les rituels de Noël, régressifs et immuables (exception faite du film regardé avec mes soeurs : pour la première fois en 15 ans, Love Actually a été remplacé par Le Diable s’habille en Prada). On a fait acte de présence à la messe pour faire plaisir à ma grand-mère et acquérir un vague sentiment de mérite, mangé une salade de coquilles Saint-Jacques et une bûche qui nous ont semblé le comble du raffinement après le précédent réveillon (100% Picard), reçu beaucoup trop de bougies parfumées (en 2025, je m’invente une allergie à la cire) et fait danser ma petite mamie sur Alexandrie Alexandra.
Le ventre plein, on a filé vers le nord de l’Italie où j’ai découvert deux des célèbres villages des Cinque Terre, aussi touristiques que spectaculaires ; l’épuisante ville de Gênes, son port grouillant, ses ruelles aux airs de coupe-gorge et ses palazzos poussiéreux (vous l’aurez compris, je ne recommande pas spécialement) ; de ravissants villages médiévaux accrochés aux premières crêtes des Alpes, en Ligurie. Et puis on a mangé - très bien, beaucoup.
À mi-parcours, j’ai rejoint des copains un peu plus haut dans la montagne - 2h à vol d’oiseau, 13h en TER. Un trajet assombri par l’annonce de la mort imminente de ma tante, pourtant bien vivante quelques jours plus tôt. Difficile de faire plus mélancolique que cette journée d’anniversaire passée dans des TER vides, enveloppés d’une nuit opaque, à essayer de digérer le texto de ma cousine.
La suite (5 jours à glousser, pousser des hurlements très exagérés sur des luges à 2€50, chanter Vive le Vent en canon et tremper des tartines au nutella dans du chocolat chaud) m’a vite tirée de ma tristesse. Mis à part les twirks et la cuite du nouvel an, j’aurais pu vivre le même séjour à 6-7 ans.
Les bilans de fin d’année se multipliant (jusqu’à l’overdose) sur Instagram, je me suis vaguement sentie osciller entre 2 types d’énergies. Réinventer ma vie, ou faire une grosse sieste ? Remplir 36 cases d’un long questionnaire pour trouver le “mot de mon année”, ou m’oublier dans les aventures de Mimo et Viola ? Noter mes résolutions ou partir sur 36ème Top Ten ? Rebutée par toute forme de projection et d’introspection, la 2ème option l’a emporté à chaque fois. J’ai oublié l’heure, perdu le fil des jours, arrêté de penser au passé et au futur. Apaisée par ce joyeux huis-clos, je n’ai jamais été si peu attentive aux voeux d’anniversaire, et n’ai pas tapé “bonne année !” plus de 3 fois.
Enfin, tant qu’on y est, une 4ème ne mange pas de pain. Je vous souhaite à tous et à toutes une très belle année, pleine d’amour, de confiance et de joie !!
PS : vos conseils de vie seront publiés dans une prochaine édition, merci pour votre patience et vos réponses pleines de sagesse, de bon sens et de malice ! Le sondage reste ouvert jusqu’à publication.
*Ça passe à 10, pour ménager mon 📆, mon 😴 et mon petit 🧠.
Veiller sur elle, très beau roman de Jean-Baptiste Andréa récompensé du prix Goncourt 2023. Cette fresque romanesque retrace les destins aimantés de Mimo, sculpteur de génie né pauvre et nain, et de Viola, jeune fille issue d’une puissante famille d’aristocrates, bien trop intelligente et anticonformiste pour le destin rangé qu’on lui réserve. Tout ça, sur fond d’une Italie qui bascule simultanément dans le fascisme et la modernité. Il ne m’a fallu que quelques jours pour dévorer les 580 pages de ce roman plein de fougue, de grâce, d’humour et de mystère. Emportée dès les premières pages, je l’ai ouvert au réveil, en buvant mon café, en attendant ma famille au musée, dans le train et le soir au lit (sur fond sonore de Star Ac’). Pendant quelques jours, il m’a rendue un peu mutique et donné l’impression de vivre entre deux mondes. Je l’ai refermé les larmes aux yeux, tellement triste de dire adieu à des personnages si attachants.
Avant les vacances, j’ai réussi à partir en week-end à Bruxelles malgré un état pitoyable (jamais je n’ai eu si honte dans un Flixbus). À part roupiller dans les draps en lin de mon amie Béré, on est allés voir l’expo Love is Louder au Bozar : une chouette exploration, pluridisciplinaire et ludique, de l’amour sous toutes ses formes (romantique, familial, militant). On s’est laissés porter pendant 2h30 et on aurait pu y flâner le double si ce snack bar (surprenamment bon) ne fermait pas à 16h. Je retiens aussi les sketchs rafraîchissants du petit Kings Comedy Club. J’étais la seule parisienne du public, il n’en fallait pas plus pour me désigner comme LE bouc émissaire de la soirée (rien de méchant, j’ai ri comme un dindon). Et puis, la très jolie balade au marché de Flagey, le long des étangs d’Ixelles, qui s’est terminée en un petit dej’ sucré au café Belga, sympa comme tout. Amateurs de belles baraques Art Déco, la villa Empain vaut le coup d’œil. Sinon, le muesli de chez Caleo était délicieux, et la librairie Tropismes toujours aussi belle. Merci à Christelle, Nathalie, Béré et Margot pour ces recos ! 😘
Le chocolat chaud de mon amie Estelle : du chocolat pâtissier, du lait, un peu de sucre. Un vrai secret de Polichinelle*, mais j’avais envie de rendre hommage à ce plaisir simple. *Chose qui est sue de tout le monde et dont quelqu'un veut faire un secret (j’ignorais !)
Carte Blanche, l’excellente newsletter de Constance Dovergne consacrée à la food et au lifestyle. Je vous vois déjà soupirer devant ces anglicismes plats et la futilité des enjeux auxquels ils semblent renvoyer, mais je vous assure que la plume grinçante, libre et affutée de Constance vaut le coup. Avec intelligence, moult références et beaucoup d’humour, la journaliste y explore les tendances, les modes et leurs ressorts, tout en se demandant comment cultiver la singularité de ses goûts dans un monde sous influence algorithmique. J’ai ressenti une pointe de jalousie en la lisant, ce que vous êtes libre d’interpréter ou pas comme un gage de qualité. Par exemple, j’ai adoré cette édition.
La suite de la série Big Little Lies, que j’ai trouvée un peu décevante après une géniale première saison. Alors j’étais ravie de retrouver son générique, ses images lumineuses de la côte californienne (mais si exploitées que ça en devient un peu lourdingue, le Bixby Creek Bridge doit apparaître 12 fois par épisode) et ses actrices extra - dont l’invitée d’honneur, Meryl Streep, en grand-mère manipulatrice aussi émouvante qu’épouvantable. Mais la virtuosité de cette dernière fait presque de l’ombre aux autres, les flashbacks donnent l’impression d’un remplissage inutile, les sous-intrigues se multiplient et le scénario en perd de sa force. Ce qui ne nous a pas empêchés de la binger avec plaisir (crédibilité 0).
À quoi ressemblent les relations entre soeurs ?, un super épisode de l’émission Grand bien vous fasse d’Ali Rebeihi. J’ai été particulièrement marquée par les interventions limpides de Blanche Léridon. Cette dernière vient de publier l’essai Le Château de mes soeurs, une enquête sur cet impensé du féminisme qui puise dans des exemples qui parleront à tout le monde, des soeurs Bennet aux Kardashian. Avec la journaliste Clara Georges, elles tentent d’expliquer l’absence de mot pour désigner les fratries de sœurs (le mot “sororité” ne renvoyant pas aux soeurs biologiques), passent en revue les stéréotypes qui persistent à leur sujet, et soulignent la richesse du lien qui peut pourtant les unir.
Tulipe, une bande dessinée géniale de Sophie Guerrive que j’ai envie d’offrir à tout le monde tant je l’ai trouvée juste, drôle, touchante et originale (j’ai réussi à la lire 2 heures avant de la glisser sous le sapin 💪). Dans cette fable tendre et absurde, on découvre les inquiétudes, les émois et les questions existentielles d’attendrissants petits animaux. Crocus, serpent qui combat son anxiété par une hyper-activité éreintante ; l’oiseau Violette, ardeusement amoureuse du Soleil ; le Caillou, désespéré de n’être qu’un caillou ; Narcisse, pangolin complexé et obsédé par l’image qu’il renvoie ; et l’ours Tulipe, qui regarde tout ce petit monde s’agiter avant de se rendormir. Une pépite à mettre entre toutes les mains !
Le Top Ten, dont la découverte est tombée à pic alors que ma passion Code Names, seul jeu de société auquel j’ai participé avec un enthousiasme sincère ces 5 dernières années, commençait à s’éroder. C’est drôle, créatif, et on peut y jouer très facilement sans le jeu officiel (c’est même beaucoup plus rigolo, ce qui est sans doute une grosse faille dans le business model). Un exemple tiré de notre dernière partie :
T’es au supermarché et tu croises LA meuf / LE mec hyper cool de tes années lycée. En haut de ton cadis, bien visible, il y a…
Complète avec un objet, du plus gênant au plus stylé, en fonction du numéro qui t’est attribué. (Parmi les réponses, il y a eu du muesli bio, des pâtes instantanées, le tome 4 de Fifty Shades of Grey…)
L’interview de Carol Gilligan par Lauren Bastide, dans son podcast Folie Douce. Après avoir fait la maline en téléchargeant la version anglophone, dont j’ai rapidement décroché, j’ai fini par opter pour la version traduite, dans laquelle Lauren Bastide synthétise et commente sa pensée. La psychologue & philosophe américaine s’y confie sur son premier livre, dans lequel elle a théorisé la notion de “care” et argumenté que les femmes développaient un sens moral différent de celui des hommes (+ fondé sur la justice, la raison, les règles). Son hypothèse étant que le rôle social prescrit aux femmes est de faire preuve d’empathie et de prendre soin d’autrui, leur sens moral se fonderait davantage sur les relations avec les autres. Une éthique relationnelle qu’elle défend, par ailleurs, de façon universelle. Elle aborde également l’importance de l’écoute et revient sur les mécanismes qui entravent notre voix “authentique”, nous poussant à la cacher et à adopter une voix de “couverture” en adéquation avec notre rôle de genre. Super entretien !
Mes parents m’ont offert une couette Dodo (producteur français de couettes et d’oreillers) et une jolie housse Monoprix, faisant de 2024 l’année de mon basculement dans l’ère des cadeaux de trentenaire. L’entrée de cette couette (si douillette, rassurante, dense et aérienne à la fois…) dans ma vie, au-delà de me faire prendre conscience de la médiocrité de ma literie ces 25 dernières années, marque peut-être le début d’une mutation durable de mon mode de vie. À partir de 19h, je n’ai plus qu’une envie : aller me coucher.
PS : pour les pauvresses ou radines comme moi qui ne font du sport que pendant les réductions ClassPass, la plateforme offre un mois à 5€ en ce moment-même.
⚠️ Soyez bien à l’heure, je viens de me faire recaler d’un cours de Pilates à cause de 4 (!!!) minutes de retard. La fille de l’accueil n’a été attendrie ni par ma doudoune trempée, ni par mon trajet de 20 minutes, ni par mon "c’est dur !” à court d’arguments. Cette prof-là, très sévère, ne tolère apparemment aucun retard. Je suis repartie bredouille, contrariée mais presque soulagée de la quitter sans heure de colle.
Janvier, le mois le plus déprimant de l'année ? C'était sans compter sur la JOYFUL WEEK, organisée par Sophie Gauthier, la fondatrice de Carnets Goguette, la papeterie qui fait du bien. Du 13 au 19 janvier, osez de nouvelles activités et partagez des bons moments avec tous ceux qui vous procurent de la joie ! Écriture, bain de glace, secrets d'Amazonie... Toute la programmation est à retrouver ici.
Excellente initiative, alors que la météo donne envie d’aller de tricoter une corde. Par ailleurs, je ne peux que vous recommander une soirée à vous laisser bercer par la voix douce et rassurante de Sophie, dont la simple présence suffit à me détendre !
PS, si toi aussi tu souhaites poster une annonce ou parler de ton projet à plusieurs milliers de personnes sans débourser 1€, rien de plus simple : il te suffit d’abonner 3 personnes !
Merci beaucoup d’avoir lu jusque-là, je suis honorée ! N’hésitez ni à répondre à ce mail, ni à me laisser un feedback. Pour me faire un don, c’est par ici. Pour me solliciter en 1-1 pendant 1 heure, c’est par là. Très bonne semaine à tous <3
Bonjour Louise: Je vous écris du Canada! Merci pour votre recommandation de Top Ten - j'ai envie de l'essayer! Il me rappelle d'un autre jeu de société un peu similaire qui s'appelle Longueur d'onde" (Wavelength en anglais). On peut en trouver ici. Bien, je voulais dire "bonjour!", merci et j'ai hâte de lire votre prochain email! Trisha
Bonne année à vous. Lire votre newsletter en Afrique australe est une vraie gourmandise. Au plaisir de continuer à vous lire. Laetitia