#26 : Des Barbies au porno audio : mes "chemins de désir"
Jeux d'enfant, MTV, Youporn, romans & cinéma, Voxxx... Récit sans filtres sur la construction de mon imaginaire érotique
Je m’appelle Louise, j’ai 27 ans et je vis à Paris. Dans ces newsletters à la fois intimes et documentées, je détricote les petits noeuds de mon cerveau. Et une fois par mois, je vous confie mes dernières recos culturelles. Temps de lecture : 23 minutes.
Coucou tout le monde,
J’espère que vous allez bien !!
Je vous écris de Paris avec une énergie et une sérénité que je n’avais pas ressenties depuis plusieurs mois, tendue par la grisaille, un agenda trop chargé et des insomnies à répétition. Heureusement, j’ai fini par partir en vacances où j’ai passé 5 jours à dormir, glousser et boire des bières au soleil. Tout va mieux depuis ! 🥳☀️
Il y a quelques semaines, je vous écrivais sur la difficulté de parler (vraiment) de sexe tout en contournant soigneusement le sujet de ma propre sexualité.
J’ai eu envie de vous en reparler de façon plus personnelle. Parce que ce sujet est fascinant, mais aussi parce qu’il me semble qu’on manque encore de récits sincères et décomplexés sur la sexualité - qui plus est féminine. Or je suis persuadée que plus on aura accès à des témoignages & échanges authentiques sur la question, plus on sera en mesure d’accéder à une sexualité 100% consentie, saine et épanouissante. En tout cas, c’est mon avis.
Dans son essai La conversation des sexes, la philosophe Manon Garcia écrit :
Des études sociologiques montrent que la conception de la sexualité comme quelque chose d’intime, de privé (…) ou honteux a pour conséquence que les gens ont tendance à peu s’interroger sur leurs “projets sexuels” et sur leurs désirs et plaisirs, ce qui contribue à une forme d’obscurité à soi qui rend le consentement difficile.
Le consentement… Et sans doute la qualité du moment. Personnellement, ma conversation avec Clémence Rérolle m’a fait prendre conscience de l’opacité de ma propre sexualité. Une confusion qui m’a sans doute longtemps confortée dans une posture d’hyper-adaptation à l’autre, au détriment de mes propres désirs & préférences.
Quand cette dernière a mentionné les bienfaits de la connaissance de son imaginaire érotique, je me suis demandée de quoi était fait le mien et j’ai ressenti un vide et un embarras qui n’ont d’égal que mes échanges avec les cavistes.
- Mademoiselle ! Plutôt sec ? Fruité ? Minéral ?
- …..Euh… Je sais pas… Vous conseillez quoi vous ???
- Ben c’est pas évident, ça dépend de vos goûts !
Au fond, ces 10 dernières années, j’ai passé moins de temps à me demander ce que j’aimais que comment être “un bon coup”. Vivre plus de relations courtes que longues n’a sans doute pas aidé : la première fois, on a moins tendance à explorer qu’à “assurer les basiques”, rappelle la sexperte Maïa Mazaurette. Mais quel que soit le contexte, les questions m’ont toujours mises un peu mal à l’aise. Inhibée par un mélange de pudeur, de honte et de confusion, j’ai longtemps préféré me concentrer sur le plaisir de l’autre.
Cette opacité au sujet de “mes goûts” en la matière détonne d’autant plus qu’en général, je sais identifier et verbaliser ce qui me plaît ou non - qu’il s’agisse de livres, de films, de podcasts, d’alimentation, de vêtements, de décoration… Ces terrains-là ne sont pourtant pas dénués d’injonctions, mais sans doute parce que mes goûts coïncident avec la culture “dominante”, je n’ai jamais eu à en avoir honte. Par ailleurs, ces sujets sont présents dans des discussions informelles et des débats de société auxquels j’ai accès. Ainsi, j’ai appris toute ma vie à mettre des mots sur mes goûts ainsi que les arbitrages que je peux réaliser avec d’autres considérations (santé, prix, éthique...)
À l’inverse, comme je le disais ici, le sujet de la sexualité n’a jamais surgi à table. Pas étonnant que ma perception du sujet soit aussi brumeuse ! Pour ne rien arranger, mes préférences n’ont jamais eu grand-chose à voir avec les normes de performance établies par le porno mainstream, dont les standards ont tordu notre vision du sexe “normal” et “réussi”. Or comme tout penchant qui ne se reflète pas dans la norme, il n’est pas évident de l’accepter, et encore moins de l’exprimer.
Mais comment apprivoiser son imaginaire érotique et ses envies quand ils ont été enfouis pendant si longtemps ?
Le très beau podcast Les Chemins du désir, récompensé maintes fois depuis sa sortie en 2019, m’est revenu en tête. Avec beaucoup de subtilité, d’humour et de poésie, l’autrice Claire Richard y dévoilait une vie de fantasmes et de plaisirs solitaires prenant racine dans son enfance. À l’origine de ce titre aussi joli qu’évocateur, une formule utilisée par les urbanistes :
Les urbanistes découvrent parfois des sentiers qui courent autour des routes qu’ils ont dessinées. Ces lignes se forment pendant des mois, voire des années, sous les pas répétés des marcheurs (…). Les urbanistes les appellent “chemins de désir”. (…) Ils matérialisent ce que les gens veulent, par opposition à ce que d’autres ont prévu pour eux. (…) Ils sont anonymes, ils font leur lit où la vie passe. Obscurs, invisibles, et déterminés.
À quoi bon les connaître ? Un passage du premier épisode me semble bien illustrer la façon dont cette compréhension peut impacter le sexe à deux (ou plus). Une amie de la narratrice raconte ses séances chez une sexologue, motivées au départ par des “problèmes de couple” :
- Elle fait de l’hypnose ta sexologue ?
- Non, plutôt de l’archéologie. C’est comme si elle t’aidait à déblayer des tunnels, et t’emmenait découvrir les pièces cachées du palais.
- Mais je croyais que ton problème c’est que vous baisiez plus ?
- Oui moi aussi, mais le problème c’est que mes lignes de désir sont coupées.
Réécouter ce podcast m’a confortée dans l’envie d’aller moi aussi observer de plus près les strates qui constituent mon imaginaire érotique. De pousser ces portes, malgré la petite gêne que certains souvenirs font naître en moi, afin de mieux comprendre de quelles expériences, images et fantasmes ma vie érotique s’est nourrie.
Me retourner sur ces souvenirs m’a fait réaliser que la sexualité à deux n’était que le sommet émergé de l’iceberg - même si je ne les mets pas sur le même plan, la sexualité partagée pouvant bien sûr se charger de la saveur de la relation humaine, dans le pire comme le meilleur.
Quand on y pense, c’est étonnant que l’on résume automatiquement la sexualité à celle qui se pratique à deux ou plus. Et que l’on associe donc son commencement à cette “première fois” sacralisée, et presque érigée au statut de rite de passage dans l’imaginaire collectif. Réducteur également que l’on parle de sexualité “active” ou “inactive”, comme si un corps qui ne fait pas l’amour était froid, austère et dépourvu de sensualité. En réalité, il suffit d’écouter les personnes concernées pour comprendre qu’elles peuvent être animées d’une vie érotique et sensuelle tout aussi riche et subtile.
Personnellement, je me retrouve tout à fait dans ce court témoignage que livre Camille Aumont Carnel (@jemenbatsleclito) dans son livre Les Mots du Q :
Pour ma part, j’ai eu l’impression de ne plus être vierge bien avant ces 17 ans. Parce que j’avais une sexualité, des fantasmes, que la masturbation faisait déjà partie de mon régime alimentaire et que mon cerveau était tout sauf vierge.
Par ailleurs, il y a des chances pour que notre vie érotique & pornographique ait influencé notre érotisme d’adulte. Ça peut paraître évident, mais je l’entendais pour la première fois dans le podcast de Claire Richard :
On parle avec affection de nos livres d’enfance, de la façon dont ils nous ont construit, de ce qu’on leur doit. On devrait faire la même chose avec les images érotiques qui nous ont constitués. Notre vie pornographique, celle que racontent nos souvenirs de porno mis bout à bout, a des réponses sur qui nous sommes.
Une hypothèse qui résonne avec la théorie du “script sexuel” défendue par le sociologue américain John Gagnon et mentionnée dans le dernier Philomag, qui définit la façon dont s’organise la rencontre sexuelle selon trois niveaux :
Collectif : un “scénario culturel” inscrit dans les conventions sociales
"Intrapsychique” : relatif à une histoire personnelle
“Interpersonnel” : qui naît de l’interaction avec autrui.
Alors, je me suis confrontée à ces souvenirs. Certains me sont revenus en tête avec une clarté stupéfiante, comme des petits trésors d’épaves parfaitement conservés dans les profondeurs des abysses.
Contenus érotiques, pornographiques… Ces genres, dont les frontières m’ont parfois semblé poreuses, ont tous compté à leur façon. Et si j’utilise ces étiquettes, je précise qu’elles ne contiennent pas de jugement de valeur. Comme l’a écrit un jour l’écrivaine américaine Carmen Maria Machado :
I have long been fascinated by the language we put to explicit sexual storytelling—how we define the erotic, the pornographic. People are very, very obsessed with this distinction, especially as it permits them to feel superior, make rules, draw boundaries.
PS : comme je parle de sexe de façon crue et explicite, je comprendrais tout à fait que la démarche vous gêne. Vous êtes prévenu·e !! J’ajoute aussi que n’étant ni sexologue, ni psy, ni experte en la matière, je peux me tromper. Ceci étant dit, bonne lecture !! 😘
“Vous faites ça très bien, Meredith !”
J’ai 4 ou 5 ans. Mes parents et leurs copains ont loué une maison pour les vacances. Je suis dans le jardin, accroupie derrière une cabane aux murs pourpres, en compagnie du petit garçon des amis de mes parents. Sûr de lui, il me demande s’il peut voir ma “zigounette”. Sans hésiter, je m’exécute.
J’ai 8 ans. Je suis chez mon oncle et ma tante en Espagne. Dans la torpeur de l’après-midi, les adultes font la sieste et mes soeurs jouent avec ma cousine dans le dortoir. Pour tromper mon ennui, j’erre dans la villa. Je me faufile dans l’arrière-cuisine où je grimpe sur un tabouret pour avaler deux-trois cuillerées de Nutella. Puis, j’atterris devant une petite bibliothèque en haut d’un escalier. Tintin, Boule & Bill, Astérix… Je tombe sur un album dont la couverture n’évoque rien de mon monde d’enfant. Il y figurait sans doutes un univers de grattes-ciel new-yorkais, une femme au brushing impeccable et la robe en soie décolletée sur une poitrine généreuse, ainsi qu’un homme en costard flambant neuf, les cheveux coupés court, la mâchoire et les épaules carrées.
Je feuillète la BD jusqu’à ce que des images retiennent mon attention. L’homme et la femme se sont enfermés dans des toilettes. L’homme, qui la vouvoie, lui suggère de retirer sa culotte. Cette dernière s’exécute avant de porter la verge de ce dernier à sa bouche, avant de l’en ressortir recouvert de salive. Lui commente un truc du genre “vous faites ça très bien, Meredith / Sharon / Linda !”. C’était il y a plus de 20 ans, mais je me souviens parfaitement de la scène et de l’impression d’avoir poussé une porte sur un monde interdit, un peu dégoûtant mais fascinant.
Quelques heures plus tard, résonnait dans la maison la grosse voix courroucée de mon oncle qui était tombé sur la BD, manifestement oubliée quelque-part.
Des jeux d’enfant
J’ai 8 ans. Avec ma soeur, on joue aux Barbies pendant des heures. On les habille, on leur aménage des baraques de dingue avec des chambres immenses, on les lave, on leur coupe les cheveux, on les asperge du parfum de ma mère et on leur imagine des histoires d’amour avec Ken. Parfois, on colle leur bouche l’une contre l’autre et on leur écarte les jambes pour faire s’emboîter ce petit monde.
J’ai 9 ans. C’est l’été. Avachie sur ma serviette de plage, j’ai l’air de somnoler. Pour faire passer le temps, j’imagine d’étranges petites scénettes. Quelques mois plus tôt, j’ai regardé un épisode de Petit Poney chez une amie. Un peu captivée, j’y ai vu les petits poneys se faire capturer, ligoter et transférer sur un tapis roulant par un méchant, dans un univers industriel ambiance “Les Temps Modernes”. À tour de rôle, chacun y est apprêté, brossé, bouclé et parfumé de force par des machines. Étourdie par le soleil, je rêvasse. Je suis moi aussi capturée, menottée et attachée sur un tapis roulant au long duquel d’habiles instruments me retirent un à un mes vêtements et me préparent à une rencontre dont je ne maîtrise rien.
J’ai 10 ans. Après l’école, les mamans nous emmènent jouer au parc. Avec ma meilleure amie de l’époque, on joue “aux filles”, qui sont toujours profs de cheval et nommées comme les héroïnes des Winx, des Colombes du Roi Soleil ou des blockbusters de l’époque. On incarne des garçons à tour de rôle. À l’abri des regards, les mains sagement appliquées sur la bouche, on fait mine de s’embrasser. De temps en temps, on se chuchote des mots de grands, auréolés de mystère -“est-ce que je peux coucher avec toi ?”, “je peux voir ton sexe ?“. C’était super, les mamans venaient toujours nous chercher trop tôt.
J’ai 11 ans. Tous les mercredis après-midi, avec ma soeur, on a droit à 2h d’écran - télé ou ordi, au choix. En général, je les consacre à faire des gâteaux sur Adibou, habiller des filles sur jeux·fr ou gérer des chaînes de burgers en hypercroissance. Mais à la minute où ma mère s’absente, on arrête tout et on allume la grosse télé du salon. Direction MTV, avec l’espoir de tomber sur Next ou Contrôle Parental. Parfois, cerise sur le gâteau, on assiste à des baisers langoureux dans un jacuzzi flouté.
J’ai 12 ans. Pour mon anniversaire, ma marraine m’emmène dans une librairie. 30 minutes plus tard, j’en ressors Le Dico des filles sous le bras, aux anges et très impatiente de me retrouver seule. Une fois dans ma chambre, pleine d’indifférence vis-à-vis des chapitres sur le BAC et le permis de conduire, je fonce sur les pages dédiées de près ou de loin à la sexualité. A comme amour, F comme fellation, M comme masturbation, P comme poils, R comme règles… (Des années plus tard, je découvrirais que ce livre était bourré de conseils parfaitement rétrogrades).
À des âges où les filles sont censées répondre à un idéal de pureté et d’innocence, j’avais un peu honte de mes scénarios tordus et de ma fascination précoce pour le sujet. Plus tard, comprendre que je n’étais pas la seule à ressentir cette obsession pour le sexe a été un vrai soulagement.
- Pourquoi tu aimes tant le catéchisme, mon enfant ?
Dans un élan de vérité rare, j'ai répondu :
- Pour l'histoire de la pute, j'adore les histoires de putes.Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, Darina Al-Joundi
www·google·com/search?q=porno+gratuit
J’ai 14 ans. J’ai accès à “ma chambre à moi”, isolée tout au bout de l’appartement familial. À ce stade, j’ai déjà vu 2-3 pénis en érection, en me connectant à Chatroulette avec des copines et chez mes grand-parents, où j’ai surpris un oncle - paix à son âme - en train de se masturber. Mais je suis impatiente d’en savoir plus, comme la jeune fille que décrit Annie Ernaux dans Mémoire de Fille :
Comment ressusciter cette ignorance absolue et cette attente de ce qui est alors tout l’inconnu et le merveilleux de l’existence - le grand secret chuchoté depuis l’enfance mais qui n’est alors ni décrit ni montré nulle part ? Cet acte mystérieux qui introduit au banquet de la vie, à l’essentiel - mon Dieu, ne pas mourir avant.
Un soir, je réussis à mettre la main sur l’ordinateur familial. Perchée sur mon lit mezzanine, je tape “porno gratuit” sur google et je découvre un monde. Anal, asian, blow job, college, couples, toys, fetish, hentaï, kissing, lesbian, massage, threesome, BDSM, bondage… Pour décrire la révolution qu’a constitué sa découverte du porno en ligne, Claire Richard déclare : “la matrice explose dans toutes les directions, comme une bille qui devient une boule à facettes”.
Ma première errance sur YouPorn me mène à une vidéo assez sobre où l’on voit une très jeune femme se masturber. J’imite ses gestes, sans trop savoir où ça me mène. Rapidement, je sens monter quelque-chose de chaud et d’agréable. Instinctivement, je bouge mes doigts de plus en plus vite jusqu’à ce que surgisse une puissante décharge électrique. Pendant quelques secondes, mes muscles se contractent et d’intenses spasmes me font trembler de la tête aux pieds.
Ça arrive après pas mal de tentatives infructueuses. Ce jour-là, je me dis que ça doit être ça, un “orgasme”. Je me sens à la fois soulagée, éblouie par la puissance de la manip’ et un peu honteuse : j’ai l’impression d’avoir succombé à une pulsion bizarre, bestiale et avilissante. S’il est notoire que les garçons “se branlent” - on en entend parler tous les 2 jours depuis la sixième, je n’ai aucune idée de ce que font les autres filles.
Il n’empêche que la boîte de Pandore est ouverte. Mon imaginaire érotique, qui n’a pour l’instant rien fait frétiller d’autre que mes connexions neuronales, s’associe dès lors à la pratique de la masturbation.
Dans les mois qui suivent, je retourne plusieurs fois sur YouPorn. Terrifiée à l’idée d’être démasquée, j’efface soigneusement mes historiques et je clique sur des dizaines de sites dont l’url commence par “you” pour éviter de me faire trahir par les suggestions de la barre de recherche.
Je tomberais sur des dizaines de vidéos montrant des femmes à gros seins et au corps imberbe, lisse et brillant se faire pénétrer de partout par des hommes au sexe de la taille de battes de baseball. Un univers dénué de tendresse et rythmé par des pénétrations frénétiques, des gorges profondes et des éjaculations faciales. Malgré ma naïveté et mon envie d’être excitée par ces images, dont j’ignore qu’elles sont, dans l’écrasante majorité des cas, artificielles et réalisées par et pour les hommes dans des conditions catastrophiques, je reste de marbre devant ces gémissements surjoués et la vue de ces sexes qui s’entrechoquent de façon hâtive, brutale et mécanique.
Dans un passage de son livre Sex Talk, la réalisatrice X et autrice Olympe de Gê décrit sa découverte du porno à 19 ans. À postériori, ses mots résonnent avec ma perplexité :
Je me rappelle encore de mon incrédulité devant les centaines de vidéos évoquant l’inceste. Et puis les poitrines, invariablement énormes. Les bassins qui tapent, hyper-vite, hyper-fort, les gorges profondes. Tout ça était si loin de moi, de mon corps, de ce qu’il était capable de faire ou d’endurer. Moi, j’avais besoin de lenteur, de douceur. Et quand j’éteignais mon ordinateur, j’étais encore moins sûre de moi, incapable de telles performances.
#massage #lesbian #tentacules
À mesure que j’apprivoise mon excitation et les catégories de la plateforme, je me rabats sur les vidéos d’amateurs très sobres, le sexe lesbien (ce qui me préoccupe alors beaucoup), les massages qui dérapent, les pratiques BDSM soft et les scénarios subversifs.
Au gré de mes pérégrinations, je me retrouve devant des vidéos de hentaï. Une étrange petite planète de la galaxie du porno, où des écolières japonaises en uniforme croisent, dans les couloirs de leur lycée, des profs de maths lubriques de deux fois leur âge ou des créatures inhumaines munies de tentacules aussi habiles que visqueuses. Hyper naïves et cucul la praline, ces collégiennes ne comprennent rien à ce qui leur arrive mais finissent toujours par adorer ça.
Ça me fait beaucoup d’effet et ça m’inquiète un peu. Je perçois l’immoralité et la misogynie de ces scénarios, qui empruntent à la culture du viol. Comme Claire Richard, je me demande si je ne suis pas en train de devenir une créature blasée, perverse et décadente, digne d’un tableau de Jérome Bosch :
Est-ce que je ne suis pas en train de devenir une espèce d’empereur romain, un de ces personnages d’aristocrates oisifs et dépravés, qui ont eu trop de choses et trop de temps, à qui il faut des spectacles de plus en plus cruels et extrêmes pour éprouver l’ombre d’une sensation ? Ou est-ce que je suis en train de découvrir des zones importantes de moi-même ?
Un peu plus tard, je découvre les blogs érotiques. Enchantée de ce nouveau terrain d’exploration, je dévore les histoires de jardiniers libidineux et de belles-mères lascives écrites en Comic Sans MS police 9. Un jour que je flâne toute seule dans un Relay de gare, j’aperçois une pile d’exemplaires de 50 Shades of Grey et je craque. Je me rappelle encore éviter le regard du vendeur à la caisse. Je passerais 3 jours sous ma couette, la main entre les jambes.
Je ne garde que des souvenirs très flous de ces textes plein de clichés et de ces vidéos souvent avancées au moment clé à l’aide d’un clic stratégique. Pourtant moins explicites, les allusions des films et des romans m’ont bien plus marquée que les gros plans de pénétration qui surgissent sur mon écran de façon grossière et dénuée de contexte, d’enjeux et d’émotions.
L’Amant, Les Liaisons Dangereuses, Ramsès, Belle du Seigneur, Les Rois Maudits, L’Immeuble Yacoubian, L’Insoutenable Légèreté de l’être, Bonjour Tristesse, Les Passagers du vent, Les Particules Élémentaires, Les Vaisseaux du Coeur, L’Amant de Lady Chatterley, les romans de Nicolas Mathieu, de Sally Rooney ou de Murakami… De ces livres, pourtant adorés pour plein de raisons, il n’est pas rare que la/les scènes de sexe soient celles qui me sont restées en tête avec le plus de netteté.
En juillet dernier, Nicolas Mathieu réagissait à un arrêté rétrograde et hypocrite de Darmanin interdisant la vente aux mineurs d’un roman érotique destiné aux adolescents. L’écrivain lance alors un appel à textes sous le hashtag #WhenIwas15 pour “ensevelir le ministre sous un déluge de nos histoires de cul” et rappeler “qu’adolescence, littérature et érotisme ont tout à voir”. Des centaines de témoignages lui répondent et je me reconnais, non sans attendrissement, dans la curiosité irrépressible, la frustration un peu pathétique, les magouilles tordues et les premiers émois bouleversants qu’ils dépeignent.
À 15 ans, on aime et on désire comme des dingues. La littérature a quelque chose à dire de ces états. Le fait de permettre l'émergence de textes qui irriguent cette libido, et l'accompagnent, ne peut en aucun cas être confondu avec un abus. La protection des mineurs, évidemment nécessaire, ne peut sombrer dans cette sorte de puritanisme imbécile et opportuniste.
J'ai repensé à mes 15 ans. A cet été 93. Chacun devrait y revenir, se remémorer sa famine d'alors, et comme on fouinait, matait, comme notre corps était à la fois une puissance et une torture.
Entre mes 15 et mes 20 ans, je regarde tous les films dont je pressens qu’ils vont comporter des scènes un peu olé olé. Jeune et Jolie, Jamón Jamón, L’Amant, Eyes Wide Shut, Le Nom de la Rose, Black Swan, La vie d’Adèle, Game of Thrones, Nymphomaniac, Virgin Suicides, Love, Mademoiselle, L’Amant de Lady Chatterley… Si les passages érotiques de ces fictions représentent la sexualité de façon plus ou moins crue, subtile, sensible, tendre et réaliste, tous se sont imprimés en moi à leur manière.
Au lycée, lors d’une conversation informelle, ma prof de français évoque 9 semaines 1/2, un film érotique des années 80 qui a marqué son adolescence. La ref’ ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde et je le regarderais plusieurs fois, captivée par les jeux des deux amants. Ces derniers se font languir pendant des heures, s’attachent à des tables avant de se glisser des glaçons sur le corps et de s’asperger de petites gouttes d’eau glacées, se bandent les yeux pour se faire goûter des aliments - longues spaghetti, gelée gluante, délicates petites framboises, glace, piments brûlants. Elle lui fait le strip-tease le plus mythique de l’histoire du cinéma.
Plein d’imagination, ils ont l’air de s’amuser comme des petits fous. Bien que leur relation finisse par s’assombrir, ce couple me semble interpréter “toute la gamme de l'érotisme”, pour reprendre les mots de Belinda Cannone. Je découvre un langage érotique autrement plus vaste, créatif, malin, subtile, rigolo, spontané et excitant que celui auquel le porno mainstream m’a habituée.
Bien sûr, je ne parle de tout ça à personne. Un soir, alors que je me touche frénétiquement sous ma couette, ma chambre est brusquement inondée de lumière. Ma petite soeur se tient dans l’encadrement de la porte, visiblement horrifiée - “Aaaaaahh mais tu fais quoi là ?????”. Faute de pouvoir me métamorphoser en mouche, je l’envoie violemment bouler.
Au lycée, je pars une semaine en vacances avec des copains de promo. J’ai l’incroyable naïveté d’emmener avec moi Lunes de fiel, un roman de Pascal Bruckner qui raconte de façon très crue la relation particulièrement sombre et perverse d’un couple. Évidemment, les garçons finissent par se saisir de ce livre au titre évocateur, l’ouvrent sur une scène scatophile et passent la semaine à me railler sur mes lectures abjectes. J’aurais adoré leur clouer le bec avec une formule du genre “l'obscénité n'apparaît que si l'esprit méprise et craint le corps 🖕”, mais je n’ai pas encore lu L’Amant de Lady Chatterley et je ne suis plus que honte.
Overdose d’images & porno alternatif
J’ai 16 ans, bientôt 17. Je me retrouve dans un lycée assez tradi où je me lie vite d’amitié avec deux filles un peu plus libérées que la population locale. Un après-midi de novembre, en classe, l’une d’elles me désigne une feuille blanche : “Tu vois cette feuille ? Elle est vierge, comme toi !” Peu après ce petit affront, un garçon de ma promo me fait une déclaration. Ça sort un peu de nulle part, mais je saute sur l’occasion.
Justifié par des sentiments de façade, le petit évènement se produit sans accrocs quelques semaines plus tard. Dans Mes 14 ans, une enquête sur la découverte de sa sexualité, la journaliste Lucie Mikaelian s’interroge :
Ces effusions amoureuses n’étaient pas la seule manière de justifier mon obsession pour le sexe ? (…) Camille était-il l’objet d’un amour sincère, ou bien l’alibi pour perdre ma virginité de manière respectable ?
Je le vis plus comme un passage obligé qu’un grand moment d’amour, mais ça se passe bien et je suis ravie d’être passée dans l’autre camp, pleine de “l’orgueil de l'expérience” et de la “détention d'un savoir nouveau” (Mémoire de fille, Annie Ernaux). Seul bémol ? Les orgasmes que j’arrive à me donner toute seule semblent disparaître quand on est deux. Mais préoccupée par le désir et le plaisir de l’autre, émerveillée par la tendresse de la nuit, c’est le cadet de mes soucis.
J’ai 18, 19, 20 ans. Je suis consciente du potentiel addictif du porno, dont les images sont si efficaces qu’elles peuvent m’exciter en littéralement 5 secondes - bien plus vite que dans la vraie vie. Dans Les Mots du Q, Camille Aumont Carmel rappelle que la dépendance au porno affecte environ 5 à 8% des adultes. Mon propre rythme de consommation n’a rien à voir avec les 10-12 heures de visionnage hebdomadaire de ces personnes, mais je comprends comment on peut en arriver là. Et surtout, je m’en lasse.
Bien sûr, je pourrais développer sur les dérives du porno accentuées par l’arrivée des plateformes, les conditions de travail déplorables qu’elles entretiennent et les représentations étriquées, irréalistes, violentes et discriminantes qu’elles véhiculent… Mais ce n’est pas tout à fait le sujet ici.
À 20 ans, je découvre les podcasts érotiques avec un épisode du podcast Ctrl-X. Une scène de vol de nuit troublante, délicate et languissante, dont j’apprends qu’il s’agit d’une adaptation audio d’Emmanuelle, un roman d’Emmanuelle Arsan qui se passait sous le manteau dans les années 50. Quelques mois plus tard, je frissonne en écoutant les “invitations au plaisir pour clitos audiophiles” de Voxxx.
Avec l’audio, je renoue avec le plaisir des scénarios et des dialogues bien écrits, crédibles, sensibles et créatifs. J’y trouve aussi un espace d’intimité et de liberté dans lequel je me sens respectée, un point sur lequel insistent Stéphanie Estournet et Olympe de Gê, respectivement créatrices de Ctrl-X et Voxxx :
S : Il y a une intimité dans l’audio, c’est ce qui fait sa grande force face à l’image, non ? Chacun·e projette ses propres représentations à partir de ce qui est suggéré. Comme quand on lit.
O : Oui ! On se fait son propre film porno derrière ses paupières. Avec l’acteur·ice de nos rêves, les positions que l’on préfère (…) Dans les épisodes de Voxxx, on laisse aux auditeur·trices le soin de se représenter les corps comme ils et elles le souhaitent.
Parce que je n’ai plus envie de contribuer à la demande des plateformes mainstream, je pense que les films porno sont derrière moi… Jusqu’à ce que je tombe sur un Ted Talk d’Érika Lust, réalisatrice suédoise pionnière du porno alternatif, féministe et éthique. Cette dernière y explique sa démarche, loin du male gaze, des clichés, de la violence et des abus du porno mainstream. La fille, qui a l’air cool et maline, semble redonner ses lettres de noblesse à ce “sous-genre” que je n’ai jamais consommé sans honte et un peu de mépris.
Sur son site, j’accède à un film gratuit. Ce n’est pas du grand cinéma, mais l’image est belle, le scénario créatif, la connexion entre les acteurs palpable, les corps réalistes, gracieux et mis en valeur, le consentement constant et explicite, les interactions filmées de façon sensible et crédible. Ils prennent leur temps, leur désir monte tout doucement et mon excitation aussi. Je sais qu’ils et elles sont bien traité·es. Je ne ressens ni dédain, ni culpabilité.
À l’heure où je vous écris, ça fait des années que je ne regarde plus de films porno. Déjà, mes hormones se sont un peu calmées depuis mes 15 ans. Ma libido suit son rythme, imprévisible et mystérieux. Je peux y penser tous les jours avant d’oublier que tout ça existe pendant des semaines… Jusqu’à ce que ça me reprenne, sous le coup d’une pensée subite, en télétravail ou le soir dans mon lit.
À cela s’ajoute un écoeurement lié à la surabondance de ces contenus, dont j’ai commencé par me goinfrer. Un effet “fast-food” que mentionne Alexandre Lacroix pour tenter d’expliquer l’actuelle “récession sexuelle” :
Si vous voulez dégoûter quelqu’un de manger, quelle est la meilleure stratégie : le sermonner sur les bienfaits de la sobriété, chercher à le convaincre de moins aimer la nourriture ? Ou bien lui mettre sous les yeux, tous les jours, un buffet surchargé de plats gras et sucrés ? (…)
Nous vivons dans une époque étrange où il y a une sorte de déconnexion croissante entre la surabondance des propositions en ligne et l’activité réelle des personnes, la première semblant inhiber la seconde.
Ce petit jeûne m’aura permis de retrouver le plaisir de me concentrer, en silence et les yeux fermés, sur les sensations que peuvent faire naître mes doigts, un jet d’eau ou les vibrations d’un petit objet détourné de sa fonction.
Aujourd’hui, j’ai envie de renouer avec des contenus érotiques de qualité (films, BD, littérature…) que je savourerais comme le menu d’un restaurant à la déco soignée, à la carte bien pensée et aux plats finement réalisés.
Et maintenant ?
10 ans ont passés depuis ma première nuit à deux. Pendant des années, j’ai l’impression que ma vie pornographique et ma vie sexuelle sont deux mondes complètement dissociés.
Avec d’un côté, une pratique solitaire, prévisible, confortable et instinctive, qui me mène 98% du temps à un plaisir intense. De l’autre, un jeu à deux qui, malgré l’excitation, la tendresse, l’émotion et l’égoboost qu’il peut susciter, m’apparaît souvent lourd d’enjeux et finalement assez normé, monotone et anxiogène.
Au début, je n’ose ni me détourner du “script sexuel” dominant, ni exprimer des besoins qui me semblent illégitimes. Pour ne rien arranger, je suis constamment sur le qui-vive, préoccupée par mon apparence, le désir et le plaisir de l’autre. Je ne parle même pas du stress de tomber enceinte. Une “charge sexuelle” (Clémentine Gallot) qui me détourne tout à fait de mes sensations.
Résultat ? Passé le frisson de la montée des escaliers, je suis souvent déçue. Ce que je cache à mes partenaires en simulant sans vergogne, et à moi-même un peu aussi.
Quelques années plus tard, tout est plus facile : mon rapport à mon corps, à la communication, au plaisir… Néanmoins, je demeure un peu matrixée par le script de base et je me réfugie encore dans des automatismes qui me donnent l’impression de passer à côté de la spontanéité et de la créativité auxquelles j’aspire. Comme écrit Alexandre Lacroix dans un article du dernier numéro de Philomag :
Si certains et certaines se détournent de l’acte sexuel, c’est peut-être que le script de base l’a rendu peu savoureux - dans une bonne série, au moins, il y a du suspense, des retournements, de la créativité…
Une chose est sûre : cette petite introspection m’aura permis de me reconnecter à un imaginaire érotique développé bien avant d’être exposée à ces injonctions. Et de réaliser qu’il n’est pas une coquille vide.
Mon objectif n’est pas forcément de figer des fantasmes afin de communiquer frontalement des attentes à un·e partenaire. Une inquiétude dont fait part Alexandre Lacroix :
Le fantasme n’introduit-il pas de l’artificialité dans la relation ? Ne sort-on pas complètement de l’atmosphère de spontanéité et de liberté que l’on est en droit d’espérer dans la vie érotique ? Les choses les plus originales qu’on accomplit, ne serait-il pas préférable qu’elles arrivent au feeling ?
Perso, je comprends que certain·es cherchent un·e personne avec qui explorer un fantasme, ce qui ne me semble exclure ni le respect ni la spontanéité. Mais ce cheminement, je l’ai surtout fait pour me rappeler d’où que je tire mon plaisir et être plus moi-même au lit. Ainsi, je me suis rappelé que j’aimais la complicité, l’humour, la patience, la lenteur, la détente, la perte de contrôle, le fait de tourner autour du pot pendant longtemps, l’appréhension du corps dans sa globalité…
Mais bien sûr, tout ça est très personnel.
C’est pourquoi si cela vous tente, je ne peux que vous inviter à faire de même, fermer les yeux et laisser doucement remonter vos souvenirs érotiques ! 😉
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Passez un très bon dimanche !! À bientôt, Louise
Je viens de lire d'une traite ton interview avec Clémence Rérolle et cette newsletter, après l'édition "#25 : Parler de sexe", ça fait ma foi une belle trilogie 😜
Le passage sur les émissions MTV et celui sur la découverte inopinée d'une BD "adulte" m'ont fait sourire, I can relate 😅
Merci d'avoir surmonté ta gêne pour nous partager ces réminiscences introspectives, si joliment racontées :)
Bon dimanche 😘
Coucou Loulou,
Toujours fan de tes news letter. As tu lu "l' Art de la Joie " de Goliarda Sapienza .? Si ce n'est le cas , je te le conseille ; C est un des livres qui m 'a embarquée, tourné la tête et les sens ... avec un personnage de roman, Modesta, comme j en ai rarement rencontré dans la littérature . Un roman de l apprentissage sexuel (mais pas que) d'une grande, trés grande liberté . Des bisous , Pascale