Coucou tout le monde,
J’espère que vous allez bien !!
Tellement ravie de vous reparler ! Un mois sans vous écrire, parce que je cravachais pour trois kopecks… Quelle tristesse ! Ce dernier mois a été celui des prises de conscience : il est temps que je prenne au sérieux un sentiment de frustration latent, si latent que je m’y étais habituée. Tout ça touche bien sûr à moult sujets bien deep : la vision de la réussite, la confiance en soi, le rapport à l’argent, la capacité à choisir… Mais je vous en reparlerai.
Le sentiment d’incertitude ne s’est pas apaisé depuis la dernière fois, quoique bien adouci par le soleil, les premiers bourgeons et l’ouverture des terrasses. À la toile de fond effarante de l’actu, se sont superposés le départ de ma coloc chérie, la perspective d’un changement de coworking… Et une rupture que je vous raconte sous toutes les coutures dans 10, 9, 8…
J’ai beau me répéter que “c’est une merveille d’ignorer l’avenir” (quote de Marguerite Duras découverte sur un t-shirt), mes insomnies ne s’arrangent pas et le vieil anti-cernes que j’ai retrouvé, sans doute périmé depuis 2017, ne suffit plus à en atténuer les nuances bleu-gris.
Il y a une semaine, je me suis séparée (j’ai dit “cassé” l’autre jour, on m’a répondu “Meuf, t’as 12 ans ou quoi…”) du jeune homme avec qui j’ai passé les 6 derniers mois.
Je ne vous l’ai jamais présenté, ne sachant comment vous parler d’une histoire dont je savais qu’elle avait une fin. Dès le mois n°2, une fois la fougue des débuts retombée, je faisais un constat peu prometteur : on ne parlait pas assez, on ne rigolait pas assez, les torrents de la passion avaient rejoint bien trop vite le long fleuve tranquille de la vie conjugale. Et comme m’a lâché mon père il y a quelques mois : “L’ennui, c’est pas quelque chose qui s’arrange avec le temps”.
Mais voilà. Il était trop gentil, beau, généreux, attentionné, sensible et aimant, son côté dégourdi, concret et bricoleur me faisait dire qu’on était “hyper complémentaires”, on avait plein de goûts communs et ça marchait assez bien. En un claquement de doigt, on était fin octobre. À la perspective d’un hiver sombre, froid, humide ET seule, j’ai mis mes doutes au congélo et me suis jetée à corps perdu dans cette relation cocooning, offerte sur un plateau d’argent.
Sans surprise, persévérer n’a pas réglé le problème. Ça marchait au jour le jour, mais je freezais dès qu’il fallait se projeter 3 semaines. Je l’écoutais distraitement, j’avais la tête ailleurs, je m’inventais des excuses (“je suis pas très messages”). D’autres mecs s’invitaient dans mes rêves, j’ai eu un crush absurde sur mon réparateur d’iPhone. Mon regard se faisait fuyant dès que j’en parlais et j’étais mal à l’aise avec ses potes, ne sachant jamais trop si je devais m’investir ou garder mes distances.
Cette histoire compte néanmoins parmi les plus douces, tendres et sensuelles qu’il m’ait été donné de vivre. Notre manque de complicité était compensé par le désir qu’on avait l’un pour l’autre. Nos petites galères de communication, désamorcées par des bisous, des câlins, des caresses, des massages et des nuits torrides.
Pour ma part, j’étais comme un coq en pâte. Mon quotidien a vite été rythmé d’attentions adorables : petits mots, petits plats, cadeaux, cartes postales… Un jour, je me suis réveillée avec un café et des pancakes sur ma table de chevet. Un autre, il passait 2h à nettoyer mon vélo à la brosse à dents. Pas trop mon langage de l’amour a priori, mais j’étais profondément attendrie par la gentillesse et la générosité de ce mec, qui prenait soin de moi comme peu d’amoureux jusque-là.
Il fallait pourtant me rendre à l’évidence : se projeter aurait été aussi sensé que construire une maison sur des sables mouvants.
Seul le timing restait flou : pourquoi se priver de tant d’amour par -3°C ? Les vrais reconnaîtront un schéma saisonnier évident… Par ailleurs, je m’étais beaucoup plus attachée que je ne le laissais croire. Et bien sûr, des pensées craintives et paralysantes avaient colonisé mon petit cerveau :
Et si tu faisais une grosse connerie ? Et si tout ça n’était dû qu’à un fantasme du grand amour, ou une peur de l’engagement déguisée ? Il s’agirait de grandir, les gens construisent autour de toi… Et si tu ne retrouvais plus jamais quelqu’un ? Si ça se trouve, tu vas traverser un immense désert et louper le coche du couple, des enfants... Tes neveux et nièces parleront de “la vieille tante Loulou, restée vieille fille après avoir éconduit son dernier prétendant, un super gars…”
Tellement cruel, étriqué, drama queen… On devrait faire un Mental FM spécial rupture. Alors que j’étais en prise avec mes démons intérieurs, en parler autour de moi m’a aidée à y voir plus clair. (Si j’exclus l'intervention de ma mère, toujours adorable : “en même temps, il arrive à te supporter…”)
“Non mais justement, s’il est parfait et que t’es pas dedans, c’est que bon…” a réagi ma petite soeur, avec sa lucidité inébranlable. “C’est super dur de rompre avec un type bien, quand c’est juste un pb d’alchimie” m’a écrit mon amie Raph, d’expérience. Pétrifiée, j’ai remis mon destin entre les mains de mes cops. “J’annule vous croyez ?” (en parlant d’un séjour prévu à Madrid). Hochements de tête catégoriques. “Le point commun entre toutes les décisions difficiles, c'est que tu aurais aimé les prendre plus tôt” m’a écrit Clem. “Plus t’attends plus c’est dur“, ajoutait Camille au dernier brunch.
Au-delà de l’arrivée du printemps et de ces diagnostics assurés, d’autres choses m’ont donné du courage. Sa bonté, déjà : il ne méritait pas de perdre plus de temps avec moi ; le sentiment qu’il serait toujours plus dur d’arrêter ; le soulagement perceptible chez des amies récemment séparées… “Meuf, depuis janvier j’ai l’impression de reprendre un peu pied. Quand je pense que j’étais pas loin de me résigner à une histoire semi-convaincante”, m’a écrit l’une d’entre elles. Sans compter les très belles histoires d’amour qui me rappellent combien celle-ci manquait d’évidence et d’élan. Ma coloc et son mec, Kyan et Billy…
Les jours qui ont précédé la séparation, je n’étais que soupirs, lamentations, irritabilité… Un doux mélange de Tristesse et Colère, dans Vice-Versa. J’ai lâchement fantasmé que ça se termine tout seul, comme une croûte qui tomberait sans qu’on s’en rende compte. J’aurais aimé sauter l’étape “rupture”, appuyer sur “accélérer” pendant le deuil et atterrir en Juin - apaisée, sereine, heureuse. Mais j’en étais sûre, il faudrait y passer : l’arrachement, la peur de m’être trompée, le vide dans l’agenda, le manque (de ses grands yeux noisette, son corps, sa peau douce, son odeur, ses câlins enveloppants, ses textos, son petit accent alsacien, son appart’ cocon, ses pâtes à la sauce tomate, son regard plein d’amour, sa présence rassurante dans ma vie…)
Ça a fini par arriver. Il partait au ski. J’ai estimé le timing plus “sympa” qu’à son retour à Paris et surtout, ça me donnait un délai. Pour me motiver, je me suis imaginée que c’était ma dernière chance avant de m’enliser dans une vie de couple amère et monotone (ambiance Madame Bovary si je force un peu ; sinon, le couple malheureux du roman La conversation Amoureuse).
C’était aussi déchirant et surréaliste que prévu. Je suis arrivée chez lui à 23h30 après un dîner bien arrosé. Un peu éméchée, la mort dans l’âme, je savais ce que j’avais à faire. Après une longue étreinte, il a brisé le silence et m’a demandé si ça allait avec une tendresse dans la voix qui m’a immédiatement fait monter les larmes aux yeux. “Moyen”, j’ai murmuré. Quand il m’a demandé pourquoi, il a bien fallu dire les mots. “…parce que je crois qu’il faut qu’on se quitte”, j’ai lâché avec une voix minuscule. Des larmes, des centaines de bisous et quelques heures de sommeil plus tard, on se séparait devant son immeuble. Quand son vélo a disparu au bout de la rue de Chabrol, j’ai ressenti un soulagement immédiat.
Cette semaine, je me suis sentie épuisée, taciturne, mais sereine. Un peu fière d’avoir réussi à le quitter, aussi. Ça avait été une rupture digne d’une chanson de Jo Dassin : belle, simple, sans atermoiements. Une rupture d’adulte qui en a connu d’autres. À ceci près que j’ai fondu en larmes dès la première ligne de la lettre trouvée le lendemain dans ma boîte aux lettres - ce qui m’a presque rassurée.
Après des mois de tiraillement, je suis la première surprise que ça aille aussi bien, aussi vite. L’anticipation aura été bien plus éprouvante. Et quand penser à lui me serre le coeur, je me répète que ce n’est pas le moment de flancher. “Les Jésuites recommandent un break zéro contact pour évaluer le manque et les obstacles identifiés“, m’a dit ma malicieuse coloc, au retour d’une retraite.
Les bonnes décisions ne sont pas toujours les plus faciles : il faut du courage pour s’arracher d’une situation qui reste douce et confortable malgré tout. Si je suis peut-être plus sereine qu’auparavant, c’est que je suis désormais sûre qu’il ne s’agit pas d’un problème d’engagement. Je ne pense pas que ça existe vraiment, les “éternels insatisfaits”. Par contre, il y a des personnes qui s’engagent dans des relations qui ne les comblent pas, pour plein de raisons. Entre autres, l’universelle peur de la solitude, si bien illustrée dans Bref.2 : aucune des métaphores n’a plus résonné chez moi que celle du Malacompagnax 3000 et son lot d’effets secondaires : sautes d’humeur, agressivité, insomnies, paranoïa... Mais aussi un manque de confiance en soi, qui peut faire douter de la possibilité de vivre une belle histoire d’amour avec quelqu’un qui nous plaise vraiment.
J’en sors pleine de gratitude, au fond. Parce qu’au fond, on s’est aimé. Lui s’est retenu pour ne pas me faire peur, moi pour ne pas lui donner d’espoir, mais le mot nous a brûlé les lèvres pendant des mois. J’en ressors aussi un peu plus lucide, parce que je sais ce qui m’a manqué : une vraie complicité, de franches rigolades, un petit goût de fantaisie et de liberté.
La très longue newsletter que j’ai écrite il y a 3 ans, après une grosse rupture, citait un passage de la très belle série Fleabag. Un prêtre - le plus irrésistible de l’histoire des prêtres - y fait un petit discours au début d’une cérémonie de mariage. Son speech se termine comme ça :
I was taught if we’re born with love then life is about choosing the right place to put it. People talk about that a lot, feeling right : “when it feels right it’s easy !”. But I’m not sure that’s true. It takes strength to know what’s right. And love isn’t something that weak people do. Being a romantic takes a hell of a lot of hope. I think what they mean is, when you find somebody that you love, it feels like hope.
Si vous êtes là-dedans, si vous sentez la vague arriver : courage, on est ensemble ! ❤️💪
Je vous laisse sur les pensées qui m’ont aidée à vivre mes ruptures :
Tu vas sans cesse avoir envie de revenir sur ta décision, et c’est normal. C’est très difficile. Si ça t’aide, fixe-toi un délai de plusieurs mois sans contact. Fais confiance à la décision que tu as eu besoin de prendre, pas à tes émotions ni à tes regrets à J+10.
C’est normal de ressentir de la tristesse et du manque. C’est normal de pleurer et de se sentir un peu seul·e. C’est normal aussi de repenser aux beaux moments, et de les idéaliser. Tout ça, ça va passer. Comme disait ce bon vieux Churchill : “If you’re going through hell, keep going”. Un jour, tu regarderas cette période avec gratitude et tendresse !
Un petit trompe-l’oeil qui n’engage que moi, mais qui m’aide beaucoup dans les moments de doute : si jamais tel est votre destin, vous vous recroiserez.
Tu n’es pas obligé·e d’attendre d’aller mieux tout·e seul·e dans ta chambre. C’est le moment de bien t’entourer, de renouer avec des gens que tu avais un peu perdus de vue, de faire de nouvelles rencontres…
C’est aussi le moment d’organiser ces activités qui te font de l’oeil depuis longtemps, de réinvestir ton temps à ta façon, d’imaginer des projets super excitants. Pour une fois depuis longtemps, tu n'as plus à t’adapter à quelqu’un. Profite de cette liberté ! Même si elle est un peu vertigineuse au début…
Et rappelle-toi les jolis mots de Marguerite Duras : “c’est une merveille d’ignorer l’avenir !”
PS : Rendez-vous la semaine prochaine pour les recos !
Sachez juste que le très chouette Bate Fado se joue jusqu’à demain soir au Théâtre du Rond-Point. Hommage vibrant au fado, clin d’œil à l’histoire du Portugal, tout ça avec une touche très moderne, joyeuse, un peu barrée, touchante... Portés par une voix extraordinaire et une chorégraphie magnifique, les tableaux s’enchaînent comme dans une grande transe musicale, déjantée, sensuelle, émouvante. Courrez-y demain !
Disons les choses franchement : je suis nulle en “croissance d’abonnés”. Jusqu’ici, celle de ma newsletter n’a reposé que sur le bouche-à-oreille (mises à part 2-3 recos croisées avec d’autres news triées sur le volet).
Au début, je pensais que c’était juste de la flemme et une forme d’exigence éthique… Du pipeau, en fait : si je creuse, je me heurte à des blocages bien plus deep et insidieux : syndrome de l’imposteur, peur de déranger, crainte de passer pour quelqu’un d’intéressé et obsédé par ses chiffres …
Sauf qu’en fait… bah je me frustre toute seule, à force de jouer les puristes. Parce que comme tout le monde, j’aspire à un peu de progression et de reconnaissance (qui passent aussi par ces indicateurs chiffrés, un peu froids). Et puis, si je veux décrocher des partenariats avec des belles boîtes comme Total ou Shein - pour mieux gagner ma vie, mieux dormir la nuit et vous écrire plus régulièrement - eh bien… le nombre de lecteurs compte. (Sans dec !).
Bref.
Si tu aimes cette newsletter un peu, beaucoup ou passionnément, tu me rendrais un immense service en en parlant autour de toi ! ❤️
Je suis sûre que tu connais quelqu’un·e à qui cette newsletter pourrait plaire, ne serait-ce que parce qu’il ou elle vit à Paris / aime le café / se fait des nœuds au cerveau / est hyperactif·ve…
Si tu n’as pas appuyé sur le bouton… Si tu te sens soudain terrassé·e par la flemme…
J’ai ce qu’il te faut :
Coucou [Ami Chéri],
Je me permets de t'envoyer cette newsletter car je pense qu'elle pourrait vraiment te plaire.
Chaque semaine, avec sincérité et auto-dérision, Louise partage ses états d’âme, ses découvertes culturelles, ses adresses préférées ou son shampoing du moment.
Parmi les sujets abordés : l’amour, le boulot, l’amitié, l’entrée dans l’âge adulte, la ville qu’on habite, le rapport au corps, Instagram, les applis de rencontre, la charge mentale, le sport…
Tu peux t'inscrire via ce lien : loulouhourcade.substack.com/
J'espère que ça te plaira !
Bons baisers,
[Ton joli blas’]
J’espère que ça plaira à [Ami Chéri]. Un grand, grand merci pour ton soutien ! ❤️🥰
Diane a créé Chapitre, une newsletter envoyée un mardi sur deux. Dans ce snack littéraire, elle partage : des parcours d’écrivains, des astuces d’écritures, une tonne d’inspiration littéraires — mais surtout : les coulisses de l'écriture de son premier roman. Fans de lecture et curieux du monde littéraire, c'est pour vous !
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Merci beaucoup d’avoir lu jusque-là, je suis honorée ! N’hésitez pas à répondre à ce mail. Pour me faire un don, c’est par ici. Un grand merci, et très bonne semaine à tous <3
Belle lecture , merci pour cette façon de raconter si légère et pourtant profonde
Adoré cette newsletter une fois encore. Merci !