Je m’appelle Louise, j’ai 24 ans et je vis à Paris. Je viens de terminer une école de commerce mais je suis surtout artiste et passionnée par l’art, les gens qui m’entourent et les témoignages sous toutes leurs formes. Cette newsletter est mon journal de bord. Vous y trouverez de mes nouvelles et des recommandations artistiques et culturelles. Bonne lecture !!
Coucou tout le monde,
J’espère que vous allez bien.
Bienvenue aux nouveaux et aux nouvelles qui sont arrivé·e·s dernièrement !!
Je vous écris depuis ma chambre à Paris, et aujourd’hui encore, je vous parle de mon rapport à Instagram. Pour celles et ceux qui viennent d’arriver : j’ai commencé à parler d’Instagram il y a deux mois, alors que je me sentais dépassée par la surcharge d’information et par mon addiction à l’application. Je ne savais pas que j’y serais encore des semaines plus tard.
Si vous venez d’arriver et que vous voulez d’abord lire les deux premières newsletters sur ce sujet, les voici :
#5: wishlist - du calme et de l’ennui sur la surcharge d’information et les bienfaits de l’ennui pour garder de l’indépendance et de la clairvoyance.
#6: instatisfaite n°2 sur des blocages plus profonds, le besoin d’exister sur Instagram et la peur de déplaire.
Comprendre les dérives de la plateforme est important pour moi. Je viens tout juste d’écouter la critique d’art Annie Le Brun parler de cette avalanche d’images et poser une question centrale : “Faut-il devenir image pour exister ?” Elle souligne à quelle point l'importance de la visibilité se manifeste à tous les niveaux de la vie : politique, économique, érotique, idéologique. Une omniprésence alarmante qu'elle appelle “dictature de la visibilité”. (Merci Tilou pour la reco !)
Mais après m’être renseignée sur les dérives des réseaux sociaux, avoir lu La Civilisation du Poisson Rouge, vu The Social Dilemma et détesté Instagram pour ce que la plateforme pouvait révéler de moi et de mes complexes, j’ai eu envie d’écouter des messages positifs et responsabilisants sur ce sujet.
Personnellement, je n’ai pas envie de supprimer mon compte Instagram, qui me permet de montrer mes dessins, de découvrir et de partager des choses que je trouve belles ou intéressantes. Comme je viens de le lire dans un chapitre du passionnant mémoire de Marion Ricard (La pratique des stories sur Instagram : un récit de soi sur le mode du fragmentaire), cette envie de se montrer, de se mettre en scène et de s’exprimer sur les réseaux n’est pas anormale. Ça m’a fait du bien de lire un texte de recherche dénué du jugement moral souvent présent dans les réflexions sur les réseaux sociaux.
Se placer sous l’oeil d’une caméra relève d’un désir de mise en scène de soi et de représentation tenant à la condition spectatoriale de l’être humain. La caméra ne crée pas de toute pièce cette nature spectatoriale, elle la met en évidence (…) Une exposition quotidienne au moyen des stories peut consister en une pratique de subjectivation, d’expérimentation et d’exploration de soi.
(…)
La distance de soi à soi permise par la caméra et l’exposition sur les réseaux sociaux dote le sujet d’un pouvoir de maîtrise sur sa propre image, source de plaisir et d’une certaine jouissance. Cette liberté de mise en scène offerte par les réseaux sociaux font de ces derniers de véritables terrains d’expression quotidiens, sorte de patchworks identitaires se composant à mesure des publications.
D’ailleurs, c’était nécessaire pour moi de comprendre toutes les critiques adressées aux réseaux sociaux et d’être consciente de ces dérives pour apprendre à utiliser les réseaux le plus sainement possible. J’ai envie de réapprendre à m’y amuser, sans en abuser ni me mentir à moi-même. Aujourd’hui, plus qu’une réflexion de fond sur la toxicité d’Instagram, je partage avec vous des témoignages assez pratiques qui m’aident à rester mon propre maître sur la plateforme. Si vous souhaitez partager une remarque ou une expérience à ce sujet, n’hésitez pas à commenter la newsletter ou à me répondre par mail !!
Instagram peut révéler et amplifier nos fragilités
C’est avéré, Instagram peut révéler nos blessures, nos peurs, nos complexes et nos jugements. L’excellent podcast Qui est miss Paddle ? de Judith Duportail ou la vidéo Instagram te vole ta vie de Solange te parle expriment très bien les spirales d’émotions négatives qu’on peut ressentir sur Instagram, tant dans la position du créateur que du spectateur. Le podcast Qui est Miss Paddle, en particulier, illustre bien à quel point Instagram est un révélateur de complexes - des complexes qui prennent racine dans la “vraie vie” et qui ressortent amplifiés d’une activité sur les réseaux (en fait, je dis ça mais j’imagine qu’Instagram peut aussi faire naître des complexes). Le podcast commence par raconter l’obsession de Judith pour une fille d’instagram (du genre fille trop belle qui prend des poses très suggestives sur ses photos, avec des légendes qui disent “Ouups !!”), mais on comprend petit à petit que le manque d’amour propre de la narratrice vient d’une relation amoureuse maltraitante qu’elle est en train de vivre.
Le fonctionnement d’Instagram est malsain par plein d’aspects. Ma collègue Anahita m’a recommandé l’épisode Pourquoi se compare-t-on du podcast Métamorphose, une conscience en éveil. La coach Lucile Paul-Chevance y rappelle qu'Instagram est le réseau social qui incite le plus à la comparaison - une tendance délétère pour l’estime de soi - et qui a provoqué le plus de dépressions nerveuses.
Elle explique que la comparaison est enclenchée par le striatum, une petite structure nerveuse dans le cerveau liée aux phénomènes d’addiction. L’objectif du striatum: notre survie. Il nous encourage donc à satisfaire nos besoins primaires, et parmi eux, l’amélioration de notre position sociale (censée permettre plus de confort et de sécurité). A chaque fois qu’on améliore notre position sociale - qu’on reçoit un like - notre striatum nous récompense avec un shot de dopamine. Résultat : on se compare et on cherche à être validé·e par les autres pour se rassurer. Le like nous apporte cette validation et on peut vite devenir accro à ce plaisir immédiat que provoque la dopamine.
Or la comparaison, selon Lucile Paul-Chevance, n’a aucune vertu. Pour elle comme pour le marathonien Malek Boukerchi, la “saine compétition” n’existe pas. Elle cite d’ailleurs le livre Heureux comme un Danois de Malene Rydahl, selon laquelle la société danoise arriverait en tête des classements internationaux sur le bonheur en partie parce qu’elle ne valorise pas la compétition, et donc pas la comparaison. Elle cite également L’Ethique de Spinoza, qui aborde apparemment le sujet de la comparaison :
La comparaison n’engendre que des passions tristes : l’envie, la haine, la tristesse, le sentiment d’insuffisance. (…) L’aveugle, quand il s’abstient de se mesurer à celui qui voit, ne se sent nullement imparfait.
Pour bien comprendre le fonctionnement du striatum et les dégâts dont il est à l’origine (addiction aux réseaux sociaux mais aussi surconsommation, obésité, catastrophe environnementale), je vous recommande le TED talk du chercheur Sébastien Bohler, qui ajoute qu’il est possible de rééduquer notre cerveau pour obtenir de la dopamine par d’autres moyens (en pratiquant la pleine conscience, par des comportement altruistes et par le savoir et l’apprentissage).
C’est fou de penser que ce besoin primaire de validation a inspiré toute la construction d’Instagram. Notre besoin de validation nous pousse naturellement à ressentir ce manque, à partager ces stories ou ces posts compulsifs qui ne vont pas avoir la réaction attendue, et à ressentir de la honte et une baisse de confiance en nous. Et c’est évidemment critiquable.
J’espère que ça changera. Mais aujourd’hui, la plateforme est ce qu’elle est et malgré ses mécanismes nocifs, je souhaite y rester, pour plusieurs raisons. La seule option qu’il me reste est d’essayer de m’éduquer pour profiter des avantages d’Instagram sans tomber dans la spirale infernale de la comparaison, de la baisse d’estime de soi, et du partage du type je-veux-absolument-partager-un-truc. (Ce que j’ai fait pas plus tard que jeudi soir avec une story figurant un joli bouquet de fleurs, story que j’ai supprimée 20 minutes plus tard tellement je culpabilisais).
Il y a quelques semaines, je me suis donc inscrite à un atelier de yoga Kundalini en ligne organisé par Lili Barbery, baptisé “Instagram et Conscience”. L’idée était que Lili nous explique comment elle applique les enseignements issus du yoga sur Instagram. L’atelier s’adressait aux personnes qui souhaitaient utiliser ce réseau mais se sentaient bloquées dans leur communication.
Pendant cet atelier, le groupe a listé les peurs et les blocages fréquents qui nous empêchent de communiquer comme on le voudrait sur Instagram. On a évoqué :
La comparaison avec les gens incroyables qui ont déjà cette reconnaissance que l’on n’a pas (“c’est foutu pour moi”).
Le sentiment de ne pas être légitime (“je ne suis pas assez”, “je n’ai pas de diplôme” “Je ne mérite pas de gagner de l’argent'“ je ne mérite pas d’être suivie” “Je n’ai pas de valeur, pourquoi une communauté me suivrait ?”)
Les croyances, parfois familiales (“Gagner de l’argent, c’est dur”). Selon Lili, il est parfois nécessaire de renoncer à certaines croyances familiales autour du succès, du changement, de l’argent, et d’“accepter le concept de l’abondance”.
La peur du jugement. Les outils d’évaluation n’aident pas et il faut s’entraîner à les lâcher. La peur des commentaires. Réponse de Lili : “les commentaires activent des blessures déjà présentes”.
Le sentiment que ça va être long et fastidieux (“ça va prendre trop de temps”, “il faut le faire à fond ou pas du tout”) Réponse de Lili: “rien ne presse, ça prendra le temps qu’il faudra”.
La peur d’être volé et copié. Réponse de Lili: “en fait, il faut accepter que rien ne t’appartient : ce que tu as partagé appartient maintenant au champ des partages, au savoir universel. Seuls ta conscience et ton énergie t’appartiennent.” (Bon, évidemment c’est plus facile à dire qu’à faire).
La peur de “on va se rendre compte de qui je suis vraiment”.
La peur de paraître narcissique. Réponse de Lili: “pourquoi ce serait un problème de partager une photo où on est beau ou cool ? Se trouver beau est essentiel. Le narcissisme a tout à voir avec l’intention quand on publie: est-ce une énergie de manque ou une énergie d’amour ?”
La peur d’exposer son bonheur et de blesser les gens seuls et tristes. Réponse de Lili: “ce sont leurs réactions, ça leur appartient. Ce qui les fait réagir révèle leurs propres blessures”. J’en ai discuté avec une amie, et apparemment c’est un point qui fait débat. Pour ma part, je suis plutôt d’accord avec Lili, faire semblant d’aller mal pour ne pas blesser les gens qui vont mal ne règlera pas le problème, si ? Est-ce que la solution ne serait pas plutôt d’apprendre à prendre du recul avec les vies sublimées qu’on présente sur les réseaux sociaux ? (Je me permets de dire ça parce qu’il m’arrive de traverser des moments plus compliqués, où je suis plus fragile).
Une chose est sûre : notre relation à Instagram est le reflet de notre monde intérieur. Derrière un blocage Instagram, il y aurait souvent la peur de ne pas être assez aimé·e et la croyance que l’on a pas assez de valeur et que l’on est pas digne de s’exprimer. Bien sûr, Instagram ne facilite pas la tâche.
Se connaître et s’écouter
Pour sortir de la comparaison, nombreux sont ceux et celles qui recommandent d’apprendre à se connaître et à s’écouter. Dans cet épisode du podcast Vlan, le philosophe Charles Pépin explique le lien entre la connaissance de soi, la confiance en soi et la sérénité :
Les réseaux sociaux créent de l’uniformisation et c’est un poison pour la confiance en soi, qui est liée à la singularité. Si je passe ma vie à fuir ma singularité pour coller à des modèles et à des normes que j’estime être celles du bon goût ou de la branchitude, je suis sur une pente qui conduit à l’absence de confiance en moi.
Il donne ensuite des pistes pour retrouver cette écoute de soi et cette confiance en soi.
Déjà, on peut se déconnecter ponctuellement, pour retrouver un pouvoir de décision. Me mettre délibérément en mode avion ou ranger mon téléphone ailleurs pour créer un espace où je ne suis pas complètement contaminé par la notification, par la sollicitation, et où, de manière plus philosophique, je vais pouvoir me connaître et connaître mon désir.
Si je connais mon désir - existentiel, artistique, sexuel, peu importe - je ne vais pas être tenté par le lot de conformisme présent sur les réseaux sociaux ou par un éparpillement dans lequel je m’égare. Je vais alors moins souffrir du poison de la comparaison.
Un exemple: vous êtes un homme et vous avez des problèmes de coeur : vous cherchez quelqu’un et vous ne trouvez pas. Vous avez deux amis : l’un est en couple et a une super vie de famille. L’autre est célibataire mais cumule les conquêtes. Vous êtes jaloux des deux.
Maintenant imaginez que vous vous connaissez bien, que vous avez fait une thérapie, que vous lisez, que vous vous interrogez sur votre désir profond, et que vous savez que votre vrai désir, c’est d’être un homme dans la conquête et de multiplier les expériences. Déjà, vous n’avez plus de raison de jalouser votre ami en couple. Quant à l’autre ami, vous allez peut-être l’admirer et être inspiré par son succès.
Selon la coach Lucile Paul-Chevance, que je citais plus haut, il faut essayer de distinguer les projets de compensation (énergie de manque) et les projets de réalisation (énergie d’amour, désir profond). Lili Barbery parle aussi de faire émerger son désir profond. Selon elle, il faudrait se reconnecter à notre “conscience supérieure” qui nous murmure sans cesse des messages pour nous guider.
Pour se reconnecter à cette conscience et sonder son énergie au moment de publier, Lili recommande d’écouter son corps, “qui ne ment jamais”. Imaginez que vous vous apprêtez à publier une photo. Poitrine, gorge, ventre sont-ils détendus ? Ce projet de publication ou de partage vous apporte-t-il de la joie ou de la tension ? Selon Lili, il faut guetter cette joie, cette excitation, cette illumination, qui “jouent toujours le rôle des petits cailloux blancs sur le chemin du Petit Poucet”. Si l’impulsion n’est pas là, ça ne servirait pas à grand-chose de publier - pas plus que de prendre la parole à un dîner juste parce que ça fait longtemps qu’on a pas parlé. Et si on suit cet enthousiasme innocent pour poster, alors on n’aurait pas d’attente et on ne serait jamais déçu·e du nombre de likes ou de compliments que l’on reçoit.
Lili Barbery a prolongé la réflexion de l’atelier par un article sur son blog que je vous recommande vivement si ce sujet vous intéresse. Voici un petit extrait :
Est-ce que je suis en train de nourrir l’amour sans condition ou bien est-ce que je suis en train d’agir pour lutter contre un manque (de pouvoir, de sécurité, d’amour, d’estime, de reconnaissance, d’argent..)?
Lorsqu’on cultive une relation quotidienne avec le Soi, on est tellement comblé que la course de l’ego après des gratifications éphémères parait bien fade. Le moi abdique et s’aligne alors avec le Soi, acceptant de se soumettre à l’enthousiasme du cœur et aux fréquences vibratoires les plus élevées.
En apprenant à faire la différence entre le Grand Soi qui, je le rappelle, ne connait pas le manque, et les actions de survie menées par l’ego (ou le moi) pour lutter contre les croyances qui nous limitent, on communique tout à fait différemment.
Clarifier ses valeurs pour envoyer un message clair
Ma copine Anaëlle m’inspire beaucoup sur le sujet. Ce n’est pas (encore) une star d’Instagram, mais je suis très admirative de sa maturité et de la spontanéité, de la créativité et de l’humour avec lesquelles elle anime son compte (allez faire un tour sur ses stories, c’est quelque chose). J’étais très curieuse d’entendre ce qu’elle avait à me dire sur le sujet de la communication sur Instagram.
Je précise que ça concerne les personnes qui veulent s’exprimer et éventuellement faire grandir leur communauté sur Instagram. Bien sûr, on peut avoir un compte Instagram sans vouloir communiquer.
Je pense qu’il est important de se poser la question de son objectif sur Instagram, d’avoir une ligne et d’être conscient du message que tu veux faire passer, même pour un compte perso. Moi, je me suis vite rendue compte que je voulais utiliser Instagram pour partager mon univers ( le fait que j’adore le rose et les paillettes et que j’aime faire la star). J’ai vu que ça plaisait à ma communauté et c’est devenu mon truc. Partager sa vie de ouf pour montrer sa vie de ouf, ça ne va sûrement pas marcher et ça peut faire perdre sa confiance en soi parce qu’on se sent jugé. C’est moins stressant de poster quand on a une ligne directrice: même si les gens n’aiment pas, toi tu te sens droite dans tes bottes, tu vas au bout du message que tu veux faire passer, et tu crées des liens plus authentiques avec les gens. Quelle que soit la taille de ton compte !
En gros, c’est pas parce que tu partages un moment de folie, avec tes meilleurs amies, devant un coucher de soleil magnifique, que ça va intéresser les gens (et puis parfois t’as juste envie de profiter du moment et d’avoir une vie privée). Je ne partage pas ma vie sur Instagram : je partage des points très précis et très ciblés qui offrent un message cohérent avec qui je suis. Il y a une phrase que j’adore: “Remember that no one cares”. Il y a tellement de bruit sur Instagram ! Si tu n’as pas de message, tout le monde s’en fout.
Même si personnellement, je n’ai pas un message précis à exprimer, je suis sûre que clarifier ses valeurs permet de ne pas se prendre la tête avec le regard des autres et de créer des liens plus authentiques. Moi qui ai longtemps eu un discours du genre “Oh mais je ne suis pas une marque, je n’ai pas à avoir un message cohérent, mon identité est plus complexe que ça, et ça change tout le temps ", je me rend compte ça peut aider à avoir une communication claire, assumée et incarnée.
Pour clarifier ces valeurs, Lili Barbery nous avait proposé de répondre à quelques questions. Si vous en avez envie, vous pouvez vous aussi prendre quelques minutes pour y répondre.
Quelles valeurs as-tu envie d’honorer ?
Si tu n’avais pas peur des jugements, des objections silencieuses, qu’est-ce que tu aurais envie de partager ?
Qu’est-ce que tu publierais si tu avais la certitude d’être aimé·e ?
Les talents s‘expriment souvent avec simplicité, aisance et grâce. Si vous ne vous comprenez pas bien, vous allez envoyer un gros noeud dans l’univers et personne ne va comprendre ce que vous voulez dire.
Vous êtes encore là ? Cette newsletter était un peu plus longue que d’habitude, j’espère que vous ne vous êtes pas ennuyé·e. J’ai été un peu discrète, cette fois-ci. La vérité, c’est que je me sentais assez démunie sur ce sujet et que j’ai eu besoin de m’appuyer sur l’expérience de gens plus matures et aguerris. Au-delà du sujet d’Instagram, j’ai été assez fascinée par ces réflexions autour de l’égo et de la quête de son désir profond. Ça m’a beaucoup rappelé le cheminement spirituel de Siddharta dans le beau roman initiatique d’Hermann Hesse :
Quand le moi sous toutes ses formes sera vaincu et mort, se disait-il, quand toutes les passions et toutes les tentations qui viennent du cœur se seront tues, alors se produira le grand prodige, le réveil de l'Être intérieur et mystérieux qui vit en moi et qui ne sera plus moi.
Mes petites techniques en plus :
Et maintenant, quelques petits tips pratiques. En ce moment, j’essaye d’identifier les réflexes et les outils qui m’aident à me discipliner. Pour l’instant, j’aime bien:
L’application Self-Control '(“nuclear option for online procrastinators”) qui me permet de bloquer l’accès aux sites que je choisis, pendant le temps que je veux. Ça m’aide beaucoup à me concentrer. Par exemple, avant de commencer à écrire hier matin, j’ai bloqué Instagram, Facebook, et Twitter pendant 2h30. En plus, un minuteur s’active et c’est motivant.
Faire le tri dans mes abonnements Instagram. Avec mes 2000 abonnements, je pouvais scroller sans jamais m’arrêter. J’ai réduit à moins de 500 et je vais probablement continuer ces séances de tri de temps en temps. La voyeuse en moi a pleuré à chaque désabonnement, mais ça fait aussi du bien. (Mon ami Tristan, un peu plus radical, s’est limité à 29 abonnements et ça a clairement réduit son temps passé sur Instagram).
Supprimer l’application dès que je ne l’utilise pas, pour m’empêcher de l’ouvrir par automatisme. L’idée, c’est de devenir maître de ma relation à Instagram et de passer du temps dessus en conscience. Souvent, je ne me sens tout à fait tranquille que si l’appli est supprimée. Parce que “même quand ton téléphone est dans ta poche, ça parle dans ton slip. (…) Il faudrait fermer Twitter à minuit.”, recommande Blanche Gardin dans Bonne Nuit Blanche.
Ma revue de presse
Faite avec le coeur.
J’ai récemment découvert la newsletter généraliste Bulletin, qui est un condensé d’informations fiables, originales et pertinentes. C’est un vrai plaisir de lire cette newsletter au ton optimiste, très bien écrite et riche d’informations inédites.
“Ouvrir un café dans un bourg de campagne ? Ils sont de moins en moins à s'y risquer. Trop fatiguant, pas assez rentable. Le long des nationales, la tendance est plutôt aux rideaux de fer baissés et aux pancartes « à vendre ». C'est pourtant le défi que Pauline compte relever, grâce à une initiative sociale et solidaire inédite.” J’ai adoré lire Les milles cafés, un reportage de la revue Zola que j’ai lu comme une nouvelle. (Une reco de Bulletin, justement).
Dans cet épisode de Song Exploder, Billie Eilish et son frère Finneas racontent comment ils ont composé Everything I wanted.
“Why we’re freaking out about Substack” : un excellent article du New York Times qui exprime notamment l’inquiétude des médias traditionnels face à la fuite de leurs journalistes vers la plateforme de newsletters Substack, où chaque individu peut désormais vivre de ses contenus grâce à une audience qui les choisit et paie directement pour les lire. Un nouveau modèle pour le journalisme, et un nouveau casse-tête pour les médias.
Mon copain m’a fait découvrir la chaîne youtube de Victor Ferry sur la rhétorique avec sa vidéo “le vrai charisme”. Super intéressant !!
“In psychology, we thing about mental health on a spectrum from depression to flourishing (…) There’s a name for the Blah you’re feeling : it’s called languishing”, un article du psychologue Adam Grant qui met des mots sur ce qu’on peut ressentir en ce moment.
Le blog d’Austin Kleon, un auteur et dessinateur américain qui a écrit de nombreux livres sur la création artistique et la créativité, comme le best-seller Steal like an artist. J’aime beaucoup lire ses billets d’humeur toujours riches en références et très incarnés. (Je reçois les liens des articles via sa newsletter).
L’Amant de Lady Chatterley, de D. H. Lawrence. La semaine dernière, j’ai débriefé sur Instagram : « un très beau livre sur une histoire d’amour charnelle. Lady Chatterley est mariée à un homme invalide et sexuellement impuissant qui se réfugie dans sa bibliothèque. Malgré leur complicité intellectuelle, l’héroïne frustrée et déprimée finit par nouer une relation passionnelle avec le garde-chasse du domaine. Avec lui, elle trouve plaisir, sensualité et épanouissement. Le roman offre aussi un sombre tableau de l’Angleterre rurale qui s’industrialise et se coupe du monde sauvage et instinctif. J’ai adoré ce livre qui n’a pas pris une ride et que j’ai trouvé très sensuel et poétique.”
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui !
Merci à Pierre et à Diane pour leurs retours <3
J’espère que vous apprécié la lecture de cette newsletter !
Si c’est le cas, n’hésitez pas à la recommander à un·e ami·e et à vous abonner si ce n’est pas déjà fait. Et si vous avez envie de me répondre, n’hésitez pas ! :-)
A bientôt !
trop bien !!
C’est ma newsletter favorite parmi toutes celles que tu nous as envoyé ! En début de semaine j’ai regardé The Social Dilemma et j’ai voulu pousser mes recherches. Je n’ai pas réussi à trouver du contenu à lire pour approfondir la chose. Cette newsletter c’est exactement ce qu’il me faut 🤩 Je vais la lire en m’arrêtant sur chaque lien et en plus je ne parle même pas de la qualité de rédaction ✨ Un pur plaisir de te lire, vraiment si je devais garder une seule newsletter ça serait la tienne même avec une fréquence de 1 fois par ans 💛
Merci pour tout ✨