#24 : Faut pas se mettre dans des états pareils !
Un petit coming out "santé mentale"
Je m’appelle Louise, j’ai 27 ans et je vis à Paris. Dans ces newsletters à la fois intimes et documentées, j’essaye de comprendre des choses sur moi ou vous confie mes dernières recos culturelles : podcasts, livres, films, comptes Insta, petites adresses... Bonne lecture !!
Coucou tout le monde,
J’espère que vous allez bien !!
Il y a deux semaines, j’ai relu un article du New Yorker de 2021 intitulé The Rise of Therapy-Speak, écrit par Katy Waldman. Il rappelait que l’usage d’un jargon thérapeutique assez technique (“trauma”, “trigger”, “process"…) était particulièrement courant chez celles et ceux qui souffraient le moins. Des “confessions de CSP+” que la journaliste associait à une forme de performance de classe, prenant pour exemple les monologues intérieurs du réalisateur Woody Allen dans ses vieux films (Manhattan, Annie Hall…). Elle rappelait aussi que se préoccuper de sa santé mentale demeure un luxe, ce qui est également vrai en France où la majorité des suivis psychologiques ne sont pas remboursés par la sécurité sociale.
In the United States, basic mental-health care remains a luxury item; there’s a reason that the most fluent speakers of the trending argot tend to be wealthy and white. This may explain some of the irritation that therapy-speak occasionally provokes : the words suggest a sort of woke posturing, a theatrical deference to norms of kindness, and they also show how the language of suffering often finds its way into the mouths of those who suffer least.
J’ai trouvé son article juste et intéressant, mais je crois que le propos peut contribuer aux injonctions à aller toujours bien ainsi qu’à maintenir les tabous sur la santé mentale.
Je viens d’un milieu très privilégié où existe une vraie pression de la réussite. Et lorsque j’ai rejoint la classe de terminale d’un lycée parisien très exigeant, j’ai découvert une culture de l’excellence et de la performance que je n’avais même pas soupçonnée. Avec elle, sa notation sévère, ses oraux, ses classements, ses records de mentions “Très Bien” au BAC, ses mamans compet’ et bien sûr, ses élèves brillants, bilingues, sportifs, polis, beaux, minces, bien-portants, champions de tennis, férus d’échecs, virtuoses au piano. Honnêtement, je me suis sentie épanouie et stimulée dans cet environnement empreint de valeurs jésuites qui alliaient heureusement à cette exigence et cet élitisme assumé pas mal de bienveillance, un esprit de solidarité et une invitation à la connaissance de soi. C’est comme ça que je l’ai vécu à l’époque, en tout cas.
Le passage dans ce lycée, où je me suis fait une bonne partie de mes amis et où j’ai joué le jeu de l’intégration à fond (jusqu’à dessiner la croix de la promo alors que je n’ai jamais cru en Dieu plus de 2 minutes…), m’a beaucoup marquée. J’y ai rapidement intégré une certaine idée d’une vie réussie : décrocher un diplôme de Science Po, d’une FAC de médecine ou des meilleures écoles de commerce ou d’ingénieur, s’engager dans des relations amoureuses durables et sérieuses, présenter le gendre idéal à ses parents, avoir une belle carrière, de beaux enfants, un bel appartement. Et tout ça, avec une positive attitude inébranlable. En cas de grand malheur, on pourrait bien sûr compter sur la solidarité jésuite - ce qui n’est pas rien, vu l’ampleur du soutien apporté aux anciens élèves qui rencontrent des problèmes d’argent, de santé ou d’isolement (je lis tous les mails de l’association des anciens élèves 👼🏻). Mais sauf accident de parcours, il serait de bon ton de se montrer positif, équilibré, optimiste, épanoui, sociable, dynamique, full gratitude et espérance.
Je me moque (gentiment), mais comme tout le monde, j’ai envie d’être heureuse et je cherche un peu tout le temps à craquer la recette du bonheur. Alors que j’ai toujours eu une légère tendance à voir le verre à moitié vide, essayer de prendre les choses du bon côté et m’entourer d’amis confiants et enthousiastes me fait du bien. Et puis, inhiber un peu les plaintes de la Mimi Geignarde en moi n’est pas toujours une mauvaise idée. Dans son interview par Louise Aubery, la journaliste Victoire Tuaillon dit non seulement qu’elle refuse de se plaindre de son burn-out, mais qu’il en va de sa responsabilité d’aller bien, ayant accès à de l’information, de l’argent, du temps, un réseau et un entourage auxquels d’autres n’auront jamais accès. Bien sûr, je comprends son point.
Mais l’injonction à rester positif coûte que coûte peut aussi me heurter : la plupart du temps, ça me paraît à la fois indélicat et vain. Au passage, j’avais trouvé intéressant le documentaire Arte Le business du bonheur, qui retraçait l’histoire de la psychologie positive et mettait en évidence ses limites ainsi que les risques de son instrumentalisation par les entreprises ou les gouvernements.
Déjà, quand bien même les épreuves de la vie seraient adoucies par les ressources dont on dispose, tout le monde peut être confronté à la souffrance, à la séparation, à la maladie, à la mort d’un proche, à des violences ou à des agressions traumatisantes. Et au-delà de ces éventuels “coups durs”, nous sommes tous exposés aux mêmes enjeux systémiques, même si certains privilèges permettent de plus facilement fermer les yeux sur la misère du monde ainsi que de s’en extraire. Dans son livre Sois jeune et tais-toi, la journaliste Salomé Saqué rappelait que tous les jeunes sont aujourd’hui confrontés à des sujets très anxiogènes comme l’urgence écologique, les tensions géopolitiques, la dégradation de la situation économique, l’augmentation du chômage et de la pauvreté, en plus des défis habituels liés à l’entrée dans l’âge adulte. On ne sera jamais à égalité devant ces enjeux, mais on peut tous être submergé par l’angoisse et la tristesse en y pensant.
Il y a aussi les vrais “problèmes de riches”, au sens propre du terme. Bien qu’ils concernent une bulle très privilégiée par ailleurs, je trouve trop facile de les qualifier d’emblée de “faux problèmes”. Je me rappelle avoir été très touchée par le documentaire Arte Les bonnes conditions, sorti en 2018. Sa réalisatrice, Julie Gavras, a suivi pendant plus de 15 ans d'anciens élèves de Victor Duruy, lycée du 7ème arrondissement de Paris. De leurs 16 ans jusqu'à la veille de leurs 30 ans, elle les a retrouvés chaque année pour recueillir leurs confidences afin de tirer un portrait intime et sans stéréotypes des futurs élites, tout en saisissant la part de déterminisme social dans leurs aspirations, leurs inquiétudes et leurs choix de vie.
Sans tomber dans la complaisance, le documentaire montrait que ces enfants nés avec une cuillère en argent dans la bouche en subissaient les défis spécifiques : pression de la réussite, exemple intimidant des parents, activités extrascolaires chronophages, difficulté à s’écarter de “voies royales” toutes tracées, peur de ne jamais être à la hauteur de cette chance d’être né au bon endroit, au bon moment.
Bien sûr, au-delà de toutes ces “raisons”, on peut tous passer par des hauts et des bas, se sentir envahi par des émotions éprouvantes, traverser des vagues d’anxiété et des dépressions plus ou moins graves. Et je crois qu’il est contreproductif de s’en vouloir, de se museler, de tout faire pour sauver la face et au final, d’ajouter culpabilité et solitude à un cocktail déjà amer.
Je comprends que l’on soit tenté de juger les gens qui ne vont pas bien et qui en parlent de façon transparente, surtout quand ils ont à priori “tout pour aller bien”. Ça m’est arrivé plein de fois de me demander si un tel ne jouait pas un peu la comédie, de me dire “mais de quoi elle se plaint, elle a tout !”, de penser qu’un autre devrait “se bouger les fesses” au lieu de se morfondre sur son sort, de trouver absurde qu’une pote persévère dans un boulot peu épanouissant qu’elle aurait pourtant les moyens de quitter. Je crois que je suis capable de plus de compassion depuis que j’ai accepté de regarder mes propres fragilités & contradictions en face.
Début Janvier, la journaliste Lauren Bastide a annoncé la sortie de son nouveau podcast Folie Douce, où elle va désormais recevoir des personnalités à son micro pour parler en profondeur de leur parcours de santé mentale. Au moment du lancement, la journaliste s’est dévoilée de façon très authentique et transparente dans le podcast Bliss ainsi que le podcast Haut-Parleur de mūsae, se confiant pour la première fois sur ses failles, ses traumas, ses humeurs, ses très hauts et ses très bas.
Plus que ne l’ont jamais été les discours abstraits et désincarnés constitués de chiffres et de formules comme “l’enjeu de la santé mentale”, ses mots ont été du baume au coeur pour moi. Ils en ont remis une couche sur l’idée que l’on a tous nos petites zones de “zinzinerie” et qu’il est normal de ne pas aller bien tout le temps - même quand on s’appelle Lauren Bastide.
Les mots de la créatrice Fanny Boucher, dans une récente newsletter de sa marque Bangla Begum, m’ont fait le même effet.
💧 Je pleure, moi aussi (ça je le savais).
📣 Mais j'ai réalisé que désormais, j'ai besoin que ça se sache.
🌺 Je veux dire : j'entends souvent dire de moi des choses très flatteuses, qui me touchent beaucoup. Et qui sont vraies en partie, certes.
🏊🏻♀️ Certes, je pars au Pakistan pour les Fêtes. Certes, je fais des trucs disons, un peu barrés comme traverser les Dardanelles à la nage. Certes, donc, je fais des choix de vie guidés par un grand besoin de liberté.
✋🏻 Mais.
🤕 J'ai les mêmes émotions que tout le monde. Je pleure, je galère, je gère comme je peux.
🐣 Et j'aimerais entendre et lire plus de vulnérabilité dans les portraits d'entrepreneurs qu'on nous propose d'admirer. Personnellement, j'admire plus le doute que la témérité.
❤️🔥 Comme le chante si bien Anne Sylvestre.
Écouter se confier sur leurs émotions, leurs fragilités et leurs galères des personnes qui m’inspirent par ailleurs pour leur audace, leur liberté, leur intelligence ou leur ambition, voilà peut-être ce qui libère vraiment la parole pour des personnes qui, comme moi, ont grandi dans un milieu élitiste marqué par un malaise vis-à-vis de la vulnérabilité (sauf dans un contexte de solidarité, de charité, de bénévolat) et la peur de l’échec.
D’autant que dans ma famille à moi, le sujet de la santé mentale n’a longtemps été évoqué qu’au travers de troubles psychiques graves, accompagnés de leur lot d’angoisses, d’addictions, de traitements et de stigmatisation… Bref, une folie pas douce du tout. À une époque où l’on ne parlait pas de santé mentale, j’ai cru qu’il n’existait que deux catégories de personnes : les personnes “normales”, équilibrées et fonctionnelles d’un côté, et de l’autre, les personnes déséquilibrées, inadaptées, fragiles, minées par une instabilité qui ont fait de leur vie un parcours du combattant, si ce n’est une longue descente aux enfers. Ces histoires de famille ont ancré en moi une frilosité vis-à-vis des profils “trop” sensibles, le mien compris.
Notamment depuis les confinements, l’enjeu de la santé mentale est explicitement sur le devant de la scène médiatique, culturelle et artistique en France. On pourrait penser qu’il n’y a plus de tabous à briser autour de ce sujet dont de nombreux magazines, podcasts, newsletters et réseaux sociaux se sont emparés.
Néanmoins, malgré l’abondance et la pertinence de ces contenus, je ne me suis pas libérée de cette peur de faire “un aveu de faiblesse”. Révéler que je me sens triste ou anxieuse est encore un big deal, alors que je n’ai jamais eu aucun mal à assumer d’être fatiguée ou d’avoir la gastro. De même, je ne connais personne sous antidépresseurs qui le crie sous les toits, tabou auquel les antibiotiques ne sont pas sujets. On commence doucement à assumer de voir des psys, mais on aborde encore la question en surface, entre filles, parfois avec la peur que ça se retourne contre nous si l’on en dit trop. Or comme le disait Marina Rollman dans son Spectacle Drôle : “un psychiatre, c’est un spécialiste du cerveau qu'il faut aller voir de la même manière qu’on va voir un garagiste quand notre voiture est en panne”.
Rétrospectivement, je crois que j’ai traversé des périodes où je me suis sentie foncièrement triste, irritable, fragile, flippée de tout, coincée dans une espèce de flottement existentiel - bref, montré quelques-uns des symptômes de la dépression. Mais j’ai toujours mis cette hypothèse sous le tapis. Parce que c’était léger et que ça finissait par passer, mais aussi parce qu’être associée à cette étiquette me faisait peur et honte. Encore aujourd’hui, je switche à l’anglais pour parler de ces montagnes russes émotionnelles : j’ai des “mood swings”, des “ups & downs”. Savoir que trois millions de Français ont souffert d'une dépression et huit millions de symptômes dépressifs au cours des douze derniers mois n’y change rien.
Il y a encore tellement de honte associée à la vulnérabilité, au mal-être (rien que ce mot, j’ai du mal) et plus largement à la tristesse, la peur et la colère, considérées comme des émotions stériles et négatives, signes de faiblesse ou de laisser-aller. Ce jugement vient probablement de la croyance qu’on est 100% responsable de ce qu’il se passe dans notre cerveau, peut-être moins présente pour ce qui relève du corps. Je ne dis pas que la volonté ne compte jamais, mais pour avoir connu des périodes où tout me paraissait d’une facilité enfantine et d’autres où les mêmes situations me semblaient insurmontables, je sais que tout ça n’est pas qu’une question de force mentale.
On nous a appris à porter un masque, faire le dos rond, cacher qu’on va moins bien et qu’on voit un psy, ne rien laisser paraître qui ne serait pas positif, joyeux et séduisant. Pourquoi n’en serait-il pas autrement ?
Bien sûr, je comprends qu’on tienne à préserver son jardin secret par pudeur, parce qu’on ne peut pas faire autrement ou parce que “la positive attitude” est ce qui marche le mieux pour soi. “Chacun place sa pudeur là où il le souhaite”, rappelait cet épisode de l’émission Grand Bien vous fasse. Il n’empêche que l’injonction à la pudeur n’aide à se libérer de rien du tout. Et personnellement, ma propre “pudeur” relève la plupart du temps d’un souci des apparences et d’une peur du jugement.
Comme pour tous les sujets, je crois qu’il n’y a rien de plus efficace pour libérer la parole que les “coming out”, et particulièrement quand ils sont le fait de personnes respectées et admirées. Moi, ça me rassure beaucoup, ayant parfois eu peur que ce moteur un peu délicat qu’est ma santé mentale ne constitue un frein dans ma vie et mes projets.
J’ai toujours eu l’impression de vivre sur des montagnes russes, de tout ressentir “trop fort”, de subir mes émotions comme de grosses vagues qui me feraient vaciller et boire la tasse. Mon humeur change aussi vite que la météo bretonne : je peux me sentir super confiante, surexcitée, pleine d’entrain, faire des blagues toutes les 6 secondes, partir dans des fous rires grisants… Et tout à coup, me faire des noeuds au cerveau, remettre toute ma vie en question et me sentir triste, angoissée et découragée. Pas plus tard qu’hier midi, j’ai rejoint un ami pour le dej’. On s’est installés dans un petit restaurant, j’étais ravie de le voir, tout allait bien. 20 minutes plus tard, je sanglotais sur ma crêpe beure-sucre. Une fois rentrés chez lui, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. 🤦🏻♀️
Dans les périodes où je suis un peu à fleur de peau, une remarque un peu pète-sec, une chanson mélancolique ou la vue d’un pigeon malade peuvent me bouleverser de façon un peu excessive. “Faut pas se mettre dans des états pareils !” m’a souvent dit mon père, que je n’ai jamais vu verser une larme. “Non mais Loulou, t’es un peu hypersensible quand même…” m’ont dit mes soeurs, un peu attendries, un peu abasourdies.
Bon, ça part sur une psychanalyse. J’ai tendance à me dévaloriser et on m’a dit 250 fois que je ne savais pas me vendre. Je souffre d’un petit syndrome de l’imposteur, j’ai toujours peur de décevoir et chaque nouvelle newsletter / mission arrive avec son lot de remises en question. J’adorerais me mettre plus en danger, mais j’ai assez peur de l’inconnu (sauf quand il s’agit de podcasts et de cafés 👌🚀), je peux être sujette à une forme d’anxiété sociale dans des cadres un peu mondains. D’ailleurs, j’ai rejoint un espace de coworking en septembre dernier et pendant les trois mois où j’y suis restée, j’ai eu l’impression d’être redevenue une élève de 6ème timide et gauche, terrifiée à l’idée de déranger et persuadée que tout le monde me trouve “trop bizarre”. (Heureusement, les BD de Théo Grosjean existent et me font me sentir moins seule ! 🥲).
Je doute tout le temps de mes capacités, de mes projets et de mes choix, ce qui est un peu fatiguant émotionnellement. Je peux me sentir “on track” et promise à un destin exceptionnel, et l’heure d’après être prise de la peur vertigineuse d’avoir fait tous les mauvais choix et d’aller droit dans le mur. Il y a une époque où je ne supportais plus d’entendre la (très belle) chanson d’Anne Sylvestre Les Gens qui Doutent, tant elle me ramenait à mon indécision et à cette paralysie qu’elle peut créer chez moi. Mon besoin d’être rassurée ressemble parfois à un puit sans fond, et ce besoin d’affection, de validation et d’attention me rend un peu “needy” avec mes proches, même si ça va mieux qu’avant.
“Bon, rien de nouveau sous le soleil !”, me diront peut-être celles et ceux qui me lisent depuis 2 ans. Pas grave, j’espère quand même que celles et ceux parmi vous qui se trouvent un peu tarés, un peu zarbis, à fleur de peau, trop sensibles ou émotifs se sentiront moins seuls ! Cette vague de témoignages me fait du bien, et j’avais envie d’y contribuer.
En grande drama queen, j’ai parfois pensé que ma personnalité et mes “mood swings” m’empêcheraient pour toujours de mener les projets et de vivre la vie dont j’avais envie. Aujourd’hui, j’en ai une vision plus apaisée et j’essaye d’avoir conscience des qualités que je n’aurais sans doute pas sans “ces petites tares” : de la sensibilité, de l’empathie, de l’auto-dérision, de la fantaisie…
Écrire tous les matins, aller courir ou marcher dans la nature, écouter des podcasts de psychologie ou de développement personnel, suivre une thérapie, tout ça m’a aidée et m’aide encore à trouver un équilibre. Ce qui me fait aussi beaucoup de bien, c’est de me sentir écoutée, entourée, acceptée par des proches avec qui je partage une vraie intimité émotionnelle et qui connaissent mon “vrai moi” - celui qui rumine des détails absurdes pendant des heures, passe de la sérénité à l’angoisse en 12 secondes et peut fondre en larmes au dessert. Alors à trop s’accepter, il y a peut-être un risque de devenir super complaisant, drama, relou et auto-centré (en mode Blanche Gardin dans la série La Meilleure Version de moi-même), mais je crois qu’il est possible de parler sans filtres de sa santé mentale sans se prendre au sérieux, ni monopoliser l’attention.
Je crois qu’on aurait tout à gagner à s’exprimer sur nos petites tempêtes intérieures de façon plus libre, frontale et décomplexée. Dans mon monde idéal, on pourrait parler d’anxiété ou de dépression sans avoir peur de plomber l’ambiance, de voir tout le monde se figer ou de se faire juger. On pourrait même en rigoler ! J’ai été frappée par la simplicité avec laquelle Lauren Bastide aborde les questions à priori sombres et flippantes de la dépression, de la bipolarité ou des pensées suicidaires dans son nouveau podcast, et j’ai trouvé ça hyper rafraîchissant.
Je crois qu’apprendre à se confier et s’écouter, sans masque ni filtres, nous permettrait de tisser des relations plus honnêtes et profondes, de prendre davantage soin des uns et des autres et de nous sentir plus liés, solidaires, confiants. Plus lucides mais aussi plus optimistes !
Je vous laisse sur des petites citations d’À propos d’amour, un très bel essai de l’autrice et militante bell hooks que j’ai dévoré l’année dernière. Cette dernière y livre un propos limpide, singulier et lumineux sur l’importance de l’amour, de la spiritualité et de la communauté, en partant du constat de la bascule progressive de la société américaine dans l’individualisme, le culte de l’argent et le matérialisme depuis les années 1970.
Partout dans le monde, les gens vivent dans l’intimité des autres au quotidien. Ils et elles se lavent ensemble, mangent et dorment ensemble, vivent ensemble des épreuves, partagent les joies et les peines. La figure de l’individu robuste qui ne dépend d’aucun autre n’existe que parce que l’on vit dans une culture de la domination où quelques privilégié·es s’accaparent les ressources mondiales alors que la plupart des gens doivent s’en passer au quotidien. Ce culte de l’individu est en partie à l’origine du narcissisme malsain parcourant notre culture. (…)
Une dépendance excessive peut être malsaine, en particulier lorsqu’elle relève d’un comportement addictif, pourtant il nous faut parler de saine interdépendance. (…)
Comme dit le thérapeute John Welwood : “Ce moment où l’on se démasque, où l’on dit sa vérité, où l’on partage ses luttes intérieures, où l’on révèle ses rugosités - est un acte sacré qui permet à deux âmes de se rencontrer et d’entrer en contact au plus profond.”
Quelques ressources coups de coeur :
Les BD : Émotions, mode d’emploi, d’Art Mella (géniale et validée par les psys !) ; L’Éloge de la névrose en 10 syndromes, de Leslie Plée.
Les podcasts : Émotions ; Folie Douce ; Change ma vie ; It’s not just you ; Self-Love Project ; Grand Bien vous Fasse ; Encore heureux
Les comptes Instagram : Gemma Correll, Bonjour Anxiété, Théo Grosjean, Cht.Am, Millenial Therapist, Anatomie d’une dépression
Le film Vice-Versa, de Pixar ; le documentaire Arte Le business du bonheur,
Les ressources du média mūsae (podcasts, newsletter…)
Les articles : La newsletter Ask Polly ; l’article Rethinking “self-care” de Haley Nahman, l’article The Tyranny of faux-self care de Anne Helen Petersen
Pause : de la bonne publicité 🤝
Alana S. Portero, Isaac Rosa, Cristina Rivera Garza… Ces noms vous disent quelque-chose ? Moi non, j’avoue ! 🙈
Eh bien, ces personnes ont en commun d’être auteur·ices et de faire partie du paysage littéraire espagnol et latino-américain. La bonne nouvelle ? Leurs ouvrages ont été traduits en français.
Coco vit à Barcelone depuis une quinzaine d’années. Grande lectrice, elle s’y est frottée à la littérature espagnole et latino-américaine. À travers son compte Instagram @soycocoagost, elle vous propose aujourd’hui de découvrir ces plumes peu connues en France, et qui pourtant, gagnent à être lues et relues.
Nouvelle proposition ! 🤗☕️
Vous avez besoin de communiquer pour des raisons personnelles ou professionnelles ? Vous butez sur un texte, un article, une newsletter, un post Linkedin ou Instagram ? Vous avez simplement besoin d'un regard extérieur sur votre stratégie éditoriale ?
Écrire est un exercice solitaire et introspectif qui peut parfois donner l’impression de se noyer dans un verre d’eau. Je crois beaucoup au pouvoir de l'échange et de la conversation pour prendre du recul, défaire les noeuds, lever les freins, avancer et progresser. Personnellement, je n'envoie plus une newsletter sans en avoir eu les retours de ma soeur ou d’un ami de confiance (enfin mon ex, j’avoue) !
Parce que ça me ferait sincèrement plaisir de vous rencontrer, de comprendre vos enjeux et de me rendre utile, je vous propose désormais de prendre rendez-vous avec moi. L’idée ? Revoir un texte ensemble ou discuter de vive voix de vos enjeux en matière de communication. Avec honnêteté et bienveillance, je vous ferai toutes mes suggestions pour rendre votre com’ ou vos textes encore plus forts, justes, précis, incarnés et percutants, tout en m’adaptant à votre personnalité, votre histoire et vos mots.
Chaque séance durera 1h et se tiendra par visio, par téléphone ou dans un café près de chez moi. En amont de chaque rendez-vous, vous êtes libre de me décrire votre problématique ou de m’envoyer votre texte (max 1000 mots). Pour l’instant, je fixe un prix de lancement à 35€ de l’heure. Le paiement se fait en ligne au moment de réserver votre créneau.
Des questions ? N'hésitez pas à m'écrire ! 😊
🌙 Voilà, c’est la fin de cette newsletter. J’espère qu’elle vous a plu ! Si c’est le cas, n’hésitez pas à la transférer à un(e) ami(e) et à vous abonner, si ce n’est pas déjà fait. Comme d’habitude, n’hésitez pas non plus à m’écrire ou à partager votre avis et vos idées sur ce petit questionnaire. Vous lire me fait toujours super plaisir !!
💐 Pour me soutenir dans la durée et avoir accès au groupe WhatsApp “les coulisses de la newsletter” où je vous raconte ma vie (pro, perso, sans filtres) par messages audio, c’est par ici. Pour me soutenir en “one shot”, c’est par là. Un grand merci pour votre soutien !!
❤️ Encore merci à Coco d’avoir soutenu cette édition. Vous aussi souhaitez faire connaître votre marque, produit, service ou évènement à mes lecteurs et lectrices ? Rendez-vous sur cette page Notion, où vous trouverez toutes les infos sur mon lectorat et le partenariat que je vous propose.
👋 Bisous et à dimanche prochain (je déclare forfait), Louise
🏡 PS : Je cherche une chambre dans une coloc parisienne à partir de Mars. J’étais sensée rejoindre la coloc d’un pote un jour, mais j’ai bien peur que ça n’arrive jamais. L'idéal ? Paris Nord/Est, budget max 750€, 2 colocs ou plus. Je crois que je suis gentille, à la fois calme et bavarde, sociable et indépendante, souvent chez moi le matin. Si vous entendez parler d’un plan, n’hésitez pas à me faire signe et m’éviter 72h d’errance sur la carte des colocs !! Merci beaucoup ☺️
Tes billets sont toujours aussi intéressants que pétillants. C'est plaisant à lire.
Juste un petit commentaire d'encouragement, moi aussi il m'arrive de douter (à vrai dire je doute quasiment tout le temps aussi et je passe par des sautes d'humeurs) mais je pense sincèrement que tu es sur "ta bonne voie" et que si tu est contente de ce que tu fais et écris c'est déjà formidable. Le doute fait partie du "voyage" (ça sonne toujours mieux en anglais lol).
Merci et bon we
Cette phrase : “Faut pas se mettre dans des états pareils !” --> lance-flamme direct 😅
Et j'adore ton monde idéal, Louise. Merci pour tes partages, toujours aussi justes, et doux à lire.
"Dans mon monde idéal, on pourrait parler d’anxiété ou de dépression sans avoir peur de plomber l’ambiance, de voir tout le monde se figer ou de se faire juger. On pourrait même en rigoler !"