#35 : Regarder les oignons frire
Le mood, des pensées sur la mort, les 15 découvertes et la question de la semaine.
Coucou tout le monde,
J’espère que vous allez bien ! 😊
Ici, c’est la grande forme : toux grasse, gorge meurtrie, barre dans le crâne et sueurs froides. C’est la troisième grosse crève de la saison et si j’avais été un personnage d’Astérix, je m’appellerais sans doute “Attrapevirus”.
Le clou du spectacle ? Avant-hier, en route vers un évènement que j’aurais évidemment dû annuler, je suis tombée dans les pommes dans le RER bondé. Le malaise voyageur, le fameux ! Ça allait mieux 10 minutes plus tard après avoir avalé goulûment les patates douces rôties d’une amie, mais je crois que j’ai besoin de repos. Et d’un petit bilan sanguin.
Comme on se disait tout à l’heure avec une pote (arrêtée 6 semaines après une opération), le seul avantage est que ça force à ralentir. Ce midi, j’ai regardé mes oignons frire, sans hâte. Après avoir savouré chaque bouchée de mes pâtes à la sauce tomate, je me suis glissée dans mon lit. La tête contre la baie vitrée, j’ai regardé la nuit tomber et les appartements d’en face s’éclairer, un à un. (À ce stade, j’ai presque envie de proposer une collab’ à Petit Bambou).
Si vous aviez envie d’une lecture sur les joies & les drames des fêtes de Noël, je me suis déjà bien épanchée sur le sujet. Comme chaque année, j’anticipe la nervosité générale, les petites piques, ma difficulté à trouver ma place dans les repas à 12, les questions sur les sujets sensibles auxquelles il faudra répondre en 8 secondes et le sentiment que 100% des gens dont je mate les stories sur Instagram passent un meilleur moment. Bon, pas que, heureusement.
Avant les 15 découvertes…
Des pensées décousues sur 🧟♀️ la mort 🧟♀️
Il y a un an et demi, ma tante a été diagnostiquée d’une grave maladie neurodégénérative. Diagnostic qui a sonné comme une malédiction tant la survenue de cette maladie est brutale et inexpliquée, et son issue terrible et certaine. La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est à ce qu’elle ne vivrait pas : une retraite privilégiée, d’autres grands voyages, d’éventuels petits enfants. Et puis à ma cousine, à la maman qu’elle perdrait tôt. Enfin, aux mois sordides qui les attendaient tous les trois.
Il y a deux mois, un ami m’a appelé de Grèce. Avec une voix grave, il m’a demandé où j’étais avant d’ajouter : “A. est mort, il s’est jeté d’un pont”. “C’est pas vrai !” j’ai répondu sidérée, avant de me demander si le pont donnait sur un fleuve ou une route. A. était un ancien de ma promo d’école et de ma troupe de théâtre. On a raccroché, et je me suis retrouvée avec plein de questions sans réponses. À quoi pensait-il au moment où il a sauté ? La décision était-elle préméditée ou prise sur un coup de tête ? En avait-il parlé à quelqu’un ? Sa mort aurait-elle pu être évitée s’il avait été mieux suivi ou accompagné ? Concernant A., un diagnostic de trouble bipolaire n’aurait supris personne.
On n’a jamais été proches et je ne l’avais pas vu depuis 3 ans. Un samedi matin, alors que j’habitais avec mon copain de l’époque, il avait sonné à notre interphone pour prendre “un petit café spontané”. 2 minutes plus tard, son beau visage rieur apparaissait dans l’encadrement de la porte, engoncé dans un bob jaune poussin. Après un update sans queue ni tête et un hug chaleureux, il était reparti.
La mort d’A., qui ne faisait plus partie de ma vie, est restée une abstraction. J’aurais aimé que mes sentiments soient à la hauteur du drame, mais les émotions n’obéissent pas à une loi morale. Je crois que l’on souffre surtout de la perte de ce à quoi on est attaché·e et qui fait partie de notre quotidien. Cf le scénario de mes pires cauchemars ces derniers mois : voir le chat de la famille glisser du balcon.
Cela fait d’ailleurs écho à ce passage de la pièce Racine carrée du verbe être, de Wajdi Mouawad :
Prenez n'importe qui dans le monde, le pire des hommes, le dictateur le plus sanguinaire, sa mort sera une catastrophe pour quelqu'un d'autre. C'est comme ça. Nous somme chacun un chagrin potentiel pour ceux qui nous aiment.
(Bien sûr, sans être soi-même en “deuil”, on peut ressentir de l’empathie pour les endeuillés. Je garde un souvenir déchirant de l’enterrement d’un jeune homme que je n’avais jamais vu. La vue de sa mère entrant dans l’église, courbée par la douleur, nous avait complètement bouleversées mes copines et moi).
Ne pas savoir quelle histoire me raconter m’a un peu perturbée. Je comprends que l’envie de mourir émerge comme la solution à une souffrance insupportable, qu’elle soit physique ou psychique. Il y a 3 semaines, j’ai vu Exit au théâtre. Cette super pièce nous plongeait dans les coulisses d’une association suisse qui accompagne les personnes qui le souhaitent vers une mort plus digne, en leur proposant de choisir le jour de leur mort et les personnes à convier le jour J. Sans manquer d’évoquer la douleur et la détresse des malades, la pièce nous proposait, avec humour et humanité, de considérer la mort comme “notre ultime liberté” et un droit fondamental. “Pourquoi un suicide serait-il toujours un drame en soi ?”, me suis-je demandée dans la foulée, dans un élan de dédramatisation.
Mais me figurer la mort d’A. comme “une délivrance”, “la façon dont ça devait se passer parce que ça s’est passé”, n’était-il pas une tentative complaisante de la rendre moins dérangeante et plus digeste ? Et de se décharger de toute responsabilité vis à vis de la fragilité psychique, à titre personnel et collectif ?
Finalement, je me suis dit que la seule issue honnête était d’accepter les mystères que les morts nous laissent, ce qui n’empêche pas de se demander comment faire mieux, d’autre part, avec les vivants. Comme écrit Delphine Horvilleur dans son très bel essai Vivre avec nos morts :
Personne ne sait parler de la mort, et c'est peut-être la définition la plus exacte que l'on puisse en donner. Elle échappe aux mots, car elle signe précisément la fin de la parole.
La mort demeure un gros tabou des sociétés occidentales. Un peu comme le soleil, elle est présente dans les news et les conversations du quotidien, mais on la regarde peu frontalement. Elle figure dans l’“angle mort” de notre vision périphérique.
Je n’ai jamais vu quelqu’un mourir. Et mise à part la photo surréaliste du visage sans vie, pâle et émacié de mon oncle avec laquelle je me suis retrouvée nez à nez il y a 11 ans, alors que je téléchargeais les photos de ma mère sur mon ordi quelques semaines après son enterrement, je n’ai jamais vu de corps mort. (J’estime que les cadavres des films et les momies des pharaons ne comptent pas !!)
Comme écrit encore Delphine Horvilleur :
La modernité, la médecine et ses plateaux techniques ont développé leurs propres méthodes. L’ange de la mort est, de nos jours, bel et bien tenu à distance de nos maisons, et il est invité à se présenter, de préférence aux heures de fermeture au public, dans les hôpitaux, les cliniques, les EHPAD ou les services des soins palliatifs. On considère qu’il n’a plus rien à faire chez nous. De moins en moins de gens meurent à la maison, comme pour protéger les vivants d’une morbidité qui n’aurait rien à y faire.
J’ignore si j’ai besoin d’en savoir plus pour que ça m’angoisse moins, parce que mon cerveau me somme de me préparer à d’éventuels chocs, ou par curiosité. Quelle que soit la raison, s’ intéresser à la mort a toujours l’air louche et macabre.
Dans l’envoûtant podcast Traverse, la journaliste Maïa Mazaurette raconte les semaines qui ont suivi la perte de son fiancé, mort d’un arrêt cardiaque à 29 ans. Dans le premier épisode, elle souligne avec justesse :
Le consensus social, en tout cas dans ma famille, c’est qu’on ne se penche pas trop sur ça, la mort. On a pas besoin de savoir avant parce que ça sert à rien et ça ne protège de rien. On a pas besoin de savoir après parce qu’on est mort est que personne ne nous protègera.
Quand on s’intéresse à la mort, la curiosité est considérée comme bizarre au mieux, suspecte au pire. Tout de suite, on est rappelé à l’ordre : fascination morbide, attraction pour le mal, crise d’adolescence. C’est pas pour rien qu’on parle d’“angle mort” pour désigner ce qui est périphérique à notre vision.
Quand on sait qu’on va tous y passer, il me semble un peu surprenant de ne pas être curieux. Les enfants écrasent les fourmis et regardent les insectes se noyer dans l’eau de la piscine. Encore aujourd’hui, les pigeons et les rats écrasés sur le bitume parisien exercent sur moi une espèce de fascination-répulsion. Les histoires de mes amies médecins ne manquent jamais de retenir mon attention. Les oeuvres qui adressent frontalement la mort, des vidéos de lapins en décomposition à la Ballade des pendus, magnifique poème de François Villon, me captivent. Et si cette curiosité s’expliquait par un besoin naturel, et non un esprit pervers et mal tourné ?
Delphine Horvilleur mentionne aussi la curiosité de son entourage :
Souvent, mes amis me demandent en plaisantant qui est mort aujourd’hui, et comment va la vie au cimetière. Ma fréquentation assidue de ce lieu où bien des gens ne vont jamais ou presque me vaut régulièrement de passer un interrogatoire : « Ça ne te fait rien d’approcher de si près la mort ? N’est-ce pas trop dur d’être si souvent aux côtés des endeuillés ? »
Malgré le fait que je parie sur “un grand rien” comme avant la naissance, mon idée de la vie après la mort se calque sur les récits qu’on me propose. Quand j’étais petite, j’imaginais le paradis comme dans la pub des céréales Miel Pops. “C’est le paradis, ici !” s’enthousiasmait la petite abeille, cascade de miel en arrière-plan.
Et aujourd’hui, toute athée que je suis, je ne peux pas m’empêcher de fantasmer ce monde d’après. J’adorerais que ce soit, comme dans Les Noces Funèbres de Tim Burton, un monde souterrain connecté à celui des vivants, festif et chaleureux. Encore mieux s’il est abrité par des sortes de terriers aussi cosy que les logis des familles souris dans les livres pour enfants.
L’autre jour, j’ai écouté l’écrivaine Ryoko Sekigushi expliquer qu’elle n’avait pas peur de la mort et justifier sa sérénité par la conviction que “l’au-delà compte de plus en plus de morts, et de gens qu’on connait !”. Ça promettait d’être plutôt bonne ambiance. En soi, pourquoi se priver ces représentations rassurantes ? Je ne serai pas déçue, puisque je serai morte !
(Par ailleurs, je trouve incompréhensible que l’on ait à la fois besoin de sens, quitte à devoir le forcer ou l’inventer, et les capacités cognitives nous permettant de remettre en question nos croyances les plus rassurantes. Par ailleurs, les athés arrivent-ils vraiment à ne croire en rien jusqu’à la dernière seconde ? L’autre jour, une copine de mon coworking, catholique pratiquante, m’a dit avec une ferveur touchante : “les hommes sont des êtres spirituels, on peut rien y faire c’est comme ça !”)
Alors que certaines images m’apaisent, j’ai du mal avec la vulnérabilité de celles et ceux dont la mort approche - question d’habitude, sans doute. Je trouve très difficile d’être confrontée à la détresse de ma tante, qui détonne avec la personne qu’elle était comme avec l’espoir, très égoïste, de la voir apaisée avec son triste destin.
Le témoignage d’un condamné à mort compte parmi les passages les plus poignants de la pièce Racine carrée du verbe être. Quelques jours avant son exécution, ce dernier ironise sur l’injonction tacite qui pèse sur celles et ceux qui vont mourir : faire preuve d’acceptation, montrer un visage digne et serein, comme si tout ce qui leur restait n’était pas l’envie de vivre et la peur de mourir. A-t-on déjà vu beaucoup de sérénité dans les yeux d’une antilope poursuivie par un féroce prédateur ?
Il y a trois semaines, par un bel après-midi d’automne, je suis entrée pour la première fois au cimetière du Père-Lachaise. Alors qu’on s’était décidé sans conviction, on a découvert un endroit magnifique, champêtre et hors-du-temps qui nous a un peu émerveillés. Je n’en reviens toujours pas d’être passée à côté de cette pépite de 43 hectares, en 25 ans de vie parisienne ! (Son conservateur Benoît Gallot partage son quotidien sur Insta avec de très jolies photos et des petits mots plein de tendresse et d’humour. L’occasion de découvrir que Paris intra muros abrite encore des chouettes hulottes, d’adorables fouines et des portées de renardeaux).
Au-delà du silence doux et apaisant qui y règne, un cimetière a souvent quelque-chose d’un peu rigolo, et celui-ci en particulier : la présence surréaliste de corneilles à la place des pigeons, les maisons funéraires plus grandiloquentes les unes que les autres, l’impression d’être sur un tournage de Vampire Diaries, les offrandes hyper kitsch… On aurait pu passer la journée à gambader entre les tombes.
Dire que ça donne envie de mourir serait un petit peu exagéré, mais la joie et la paix que j’y ai ressenties contribuent bel et bien à une forme d’apaisement.
“President Emmanuel Macron Has Plunged France into Chaos”, un génial article de Lauren Collins, journaliste américaine établie en France, pour Le New Yorker. Cette dernière y décortique le chaos politique français avec un calme incisif et un sens de la narration savoureux, en plus d’une culture politique impressionnante. Alors que je me sens assez blasée après ces 6 mois de rebondissements politiques, son article m'a aidée à prendre du recul et voir les choses avec un peu d’humour. À lire ou à écouter comme un feuilleton - je l’ai terminé en version podcast.
Macron pitched the dissolution as “an act of confidence,” but it radiated desperation. “He would say it’s de Gaullian, but it’s Bonapartian,” Corbé told me. “It’s this idea that you can get on your horse and take your sword, that even when you’re stuck somewhere there’s always a way to escape.” Given the massacre of the European Parliamentary elections, Macron’s decision seemed more akin to falling off his horse, losing his sword, and still insisting he held a strategic advantage. Had he done nothing, he would have had to swallow a humiliating loss, but he could have continued to govern more or less as before. Now he was risking his group’s relative majority and opening a path for the R.N. to take power.
La série Culte, créée par Nicolas et Matthieu Rumani. 2001 : M6 lance sa nouvelle émission "Loft Story". Aux manettes du show, derrière les miroirs sans tain, de jeunes producteurs prêts à tout pour relancer une boîte de prod’ au bord de la faillite. Ils ont les chaines de télé à convaincre et tout à inventer, du casting à l’appellation “téléréalité". Sans surprise, les réactions sont contrastées : un immense succès d’audience, doublé d’un gros scandale de société. Forte d’un sujet de société passionnant, d’excellents dialogues et de supers acteurs - l’occasion de redécouvrir une Anaïde Rozam qui n’a plus grand-chose à voir avec l’ado rigolote d’Instagram - cette mini-série nous raconte ce basculement inassumé des chaînes tout en interrogeant, avec humour et sans réponses toutes faites, la responsabilité des producteurs et la fascination voyeuriste des téléspectateurs, teintée de mépris de classe, à l’égard des candidats.
Mes nouvelles boucles d’oreilles Amoon Création, d’abord remarquées en violet aux oreilles de la tenancière du café Pilo’s (adorable café-pâtisserie argentin déjà recommandé), qui m’a dit que la créatrice tenait un stand au marché de la mairie du 20ème, à 200 mètres. Le hasard était déjà trop séduisant pour ne pas craquer, mais je suis vraiment ravie de ces nouvelles boucles que je porte désormais 1 jour sur 2.
J’ai eu la chance d’être invitée à la seconde édition du Supper Book Club avec ma copine Julia Marras. Le concept ? Refaire le monde autour d’un (très) bon repas et de deux livres, en compagnie de leurs auteur·ices. Pour cette édition, il s’agissait des sympathiques Laure Gouraige (Le livre que je n’ai pas écrit) et de Bénédicte Dupré La Tour (Terres promises). Eh bien, c’était un immense plaisir d’entendre parler de littérature autour de délicieux petits plats, intelligemment mais sans prétention, dans une ambiance chaleureuse et bon enfant. Et puis, de pouvoir papoter avec les autrices en toute détente, sans cette aura qui mystifie si souvent les écrivains. Encore un grand merci à Marie et Marianne pour l’invitation !! PS : le casting des prochains diners est alléchant (Lucie Azéma, Louis Vendel, Margaux Cassan…)
Le spectacle La Vague, adapté et mis en scène par Marion Conejero. Adaptée du célèbre film éponyme, la pièce met en scène les dérives d’une expérience que mène un prof’ d’histoire pour confronter ses élèves à l’insidiosité de la formation d’un régime totalitaire… Et leur poser autrement cette question vertigineuse : “sous le régime nazi, qu’auriez-vous fait ?". Avec son slogan, son salut, son uniforme et son code de conduite, “La Vague” voit le jour. Mais ce qui n’était qu’une expérience pédagogique échappe peu à peu à tout contrôle, exposant les mécanismes de manipulation et d’emprise sur les élèves en quête de reconnaissance, d’ordre et d’égalité (bien plus que de liberté). J’ai adoré la scénographie et j’en suis ressortie avec une compréhension plus fine des ressorts psychologiques sur lesquels s’appuient les dictatures. Le plus troublant ? Dans “La Vague”, il y a du bon et du moins bon. Rien ne prend sans 2-3 belles valeurs, même les pires régimes totalitaires.
Je crois que je suis passée à côté de ce “bijou littéraire” qu’est le dernier livre de Julia Kerninon, Le Passé est ma saison préférée. Entre biographie et essai, parsemé d’anecdotes personnelles et de digressions sur la grammaire, ce petit livre rend hommage à l’oeuvre de Gertrude Stein, célèbre écrivaine et poétesse américaine féministe (dont j’ignorais tout). Malgré quelques jolis passages, je me suis un peu ennuyée. Est-ce parce que je ne connais pas l’œuvre de Gertrude Stein, qu’un souffle romanesque m’a manqué ou que je ne suis pas si sensible au style de Julia Kerninon ? Par contre, j’ai aimé sa longueur et le sentiment gratifiant de le finir en 3 jours.
“cdlt” : que vous inspire cette abréviation, si évocatrice du monde corporate qui n’a pas le time ? Moi, spoiler, de l’appréhension. Séverine Bavon en a fait le titre de sa newsletter, qu’elle décrit comme du “hater-generated content bi-mensuel sur le monde du travail” et nourrit de réflexions très documentées, d’une colère revendiquée, d’un humour caustique et de punchlines savoureuses (“Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils ont fait un burn-out”). Une bonne porte d’entrée ? L’édition Dites-moi quels mails vous écrivez, je vous dirai qui vous êtes, tellement juste et drôle. Par ailleurs, Sandra Fillaudeau l’a interviewée dans son podcast et c’était un plaisir de l’écouter raconter son parcours et faire des digressions un peu philo sur le travail. Un entretien sincère et intelligent, profond et concret à la fois.
Je crois que le meilleur rapport qualité-prix du 6ème arrondissement se trouve à la boulangerie Au Pain Retrouvé, si jamais une petite faim vous prend aux environs de Saint-Sulpice.
“Qu’est-ce qui vous procure de la joie ?” C’est la question qu’a posée le Nouvel Obs dans le numéro célébrant ses 60 ans à 60 personnalités françaises de tous les âges, de Michelle Perrot à Omar Sy, en passant par Leïla Slimani ou Thomas Pesquet. Certains ne peuvent s’empêcher de parler de politique, d’autres évoquent une anecdote très personnelle, mais tout respire la sincérité et la joie. Un excellent antidote à la morosité et à l’abattement ! Petite sélection :
”Aller dans un vide-greniers le dimanche, le plus tôt possible pour sentir la petite fraîcheur matinale, sous un ciel bleu lumineux. Déambuler dans les allées au milieu du parfum des premiers cafés des stands, de l’odeur de tabac et écouter parler les badauds, petits morceaux d’existence, sorte de florilège de brèves de comptoir à ciel ouvert” Fabcaro, auteur de BD
”Ce qui me met en joie, c’est de grimper. De viser le haut, d’aller chercher un sommet, d’admirer la vue, de voir les choses avec cette hauteur”. Omar Sy, acteur
“Ce sont surtout des choses… collectives. Des salles qui se lèvent et qui applaudissent. Des stades qui chantent, des cris de joie, des liesses. Une manif… J’ai l’impression que ma joie personnelle naît forcément dans un partage avec d’autres. C’est sans doute pour ça que je fais du théâtre, et que j’en fais dans le service public, c’est-à-dire pour servir quelque chose et servir à quelque chose. Mais il n’y a pas que mes propres spectacles ! Quand je sors d’un spectacle de danse, j’ai envie de danser. Quand je sors d’un concert, j’ai envie de chanter. D’ailleurs je chante. Je reviens chez moi, et je continue à chanter…” Thomas Jolly, metteur en scène
“Je ne connais pas de joie plus profonde et plus vraie que l’arrivée d’un bébé”. Claude Pondi, auteur jeunesse
Je suis FAN de l’émission quotidienne C ce soir, présentée par Karim Rissouli. Elle ressemble beaucoup à En Société, dont il a depuis cédé la présentation. Le pari ? Éclairer l’actualité en mettant l’accent sur le reportage et la présence de témoins et d’intellectuels en plateau. Résultat ? Un débat de haute volée, nuancé et respectueux, loin de l’agressivité et de la superficialité auxquels les plateaux télé nous ont habitués. Et cela, grâce au calme mesuré et fédérateur de Karim Rissouli et au haut niveau des invités, toujours complémentaires. Dernièrement, j’ai
un peuflippé devant l’épisode Plans sociaux : vers un hiver de la colère ? qui nous confronte à la situation très problématique de dizaines de milliers d’entreprises françaises et au risque de multiplication des plans sociaux.Un petit peu déçue par Narcisse, le dernier spectacle de la chorégraphe de hip-hop Marion Motin, célèbre pour ses collaborations avec Madonna, Christine and the Queens ou Stromae (les chorés de Papaoutai et Tous les mêmes, c’est elle !) <3. La semaine dernière, dans le chapiteau de La Villette, son spectacle traitait de l’égocentrisme et l’attention portée au paraître de notre époque. J’ai adoré les moments collectifs, le choix des musiques et son esthétique toute en paillettes, en couleurs pop et en miroirs… Mais j’ai trouvé les solos longuets, l’interprétation du sujet assez attendue et le récit, sans progression.
Il faut croire qu’il y a encore à dire sur le procès des viols de Mazan et ce qu’il raconte de notre société. Dans cette émission Blast de grande qualité, Paloma Moritz a rassemblé des personnalités les journalistes Victoire Tuaillon (créatrice des podcasts “Les Couilles sur la Table” et “Le Coeur sur table”) et Louise Colcombet (qui a suivi toutes les audiences du procès) ainsi qu’Emmanuelle Piet, gynécologue et présidente du Collectif Féministe Contre le Viol. Ensemble, elles reviennent sur les accusations, discutent de la piètre défense des avocats des accusés et se demandent que mettre en place pour lutter collectivement contre 1/ l’envie de violer et 2/ la culture du viol qui permet & légitime de passer à l’acte. Un entretien cash, riche et constructif, qui insiste sur l’urgence de protéger les enfants - de l’inceste, et de la violence en générale - pour cesser de semer les graines de futures agressions.
J’adore le podcast Crush, dont chaque invité.e raconte à coeur ouvert une rencontre amoureuse qui l'a marqué.e (qu’elle ait duré toute la vie, ou pas). Je suis toujours happée par ces témoignages qui racontent la tension, l’émotion et l’émerveillement des premiers regards, du premier bisou… Sans être nian-nian pour autant : un exploit. Comme je ne sais jamais quel épisode choisir, j’étais ravie mon amie Maï me conseille les histoires de Soizic Castelnérac et de Léa Faytre (qui a pour charmant métier d’écrire des lettres d’amour sur commande). C’était un plaisir ! Le premier, pour les revirements rocambolesques dignes des comédies romantiques les moins crédibles, le second, pour la sensibilité et la tendresse qui transpirent de chaque phrase.
J’ai trouvé poignant le seul en scène de Bryan Polach, co-créé avec Karine Sahler, qui raconte les dommages collatéraux des violences conjugales auxquelles il a assisté enfant, et sa quête de mémoire pour dépasser cette violence qu’il a désormais peur d’infliger. Sans être concernée par le sujet des violences conjugales, ça m’a donné envie de me confronter aux mécanismes qui m’ont été transmis petite. C’était aussi l’occasion de découvrir “le grand parquet” de Stalingrad, ancien parquet de bal aux airs de bâteau, reconverti en salle de spectacle pleine de charme.
Si vous cherchez une expo pas trop longue et prise de tête, je ne peux que vous recommander la très chouette rétrospective Olga de Amaral à la fondation Cartier. On y découvre les hypnotiques expérimentations textiles de l’artiste colombienne qui, en s’inspirant des paysages de son pays natal, a joué avec les matières et les techniques avec une créativité fascinante. J’adore les expos de la fondation Cartier, qui invitent toujours à débrancher son cerveau et se laisser porter, et où l’on peut à tout moment poser ses questions à des médiateurs très sympas qui se baladent au rez-de-chaussée.
Pssst ! 👀
🤯 Il y a quelques semaines, Julia Layani dénonçait avec courage l’antisémitisme honteux dont elle a été victime au festival de courts-métrages Chéries-chéris.
🤦🏻♀️ Que personne ne reproche aux méchantes féministes d’avoir cancel le Dernier Tango à Paris ! Ce dernier post raconte qu’en réponse à Chloé Thibaut, la Cinémathèque a préféré annuler la projection du film plutôt que de créer un espace de discussion sur les violences sexuelles au cinéma.
😴 Comme plein d’études, celles sur le sommeil ont été réalisées sur des mecs. En moyenne, les femmes n’auraient pas besoin de 6 à 8h de sommeil par nuit, mais de 8 à 10h (Source : la dernière news d’Agathe Hocquet)
🙏 Les 19 conseils d’Anna Toumazoff pour répondre aux errances du samedi soir. Plus facile à dire qu’à faire, mais plein de trucs ont résonné.
La question du jour : quel conseil as-tu à partager ?
I know, je vous ai déjà demandé dans la dernière newsletter ! 🙊 Mais après 19 minutes de lecture, ma question a récolté moins de réponses que d’habitude. Et quoi de mieux que la rentrée pour publier nos petits conseils de vie ?
Accepter les phases en amitié, dormir avant de prendre une grosse décision, télécharger SelfControl sur son ordi, accrocher ses boucles &d’oreille à un fil cloué, passer les oignons sous l’eau pour ne pas pleurer, le velouté châtaigne - potimarron de chez Picard 🤤… Ça peut aller des astuces les plus pratico-pratiques aux conseils de vie les plus éclairants.
Toute votre sagesse sera condensée dans la prochaine newsletter. Trop hâte de vous lire !! 😘
L’intime est politique. En partant de ce postulat, Mathilde, Laura et Elisa ont créé le Café des Fallopes, un collectif féministe et convivial qui valorise la parole de tous.tes. Tous les mois, elles organisent des cercles de parole & ateliers formations avec leurs partenaires (Cité audacieuse, Empow'her…) autour de thématiques variées (normes de beauté, syndrome de l’impostrice…). Suivez-les sur Instagram !
Trop fière de pouvoir mettre en avant des projets aussi cools ! 🥲❤️ Abonne 3 personnes si tu veux raconter le tien !
Merci beaucoup d’avoir lu jusque-là, je suis honorée ! N’hésitez ni à répondre à ce mail, ni à me laisser un feedback. Pour me faire un don, c’est par ici. Pour me solliciter en 1-1 pendant 1 heure, c’est par là. Pour plus d’infos sur mes services en free, ça se passe sur Linkedin. Très bonne semaine à tous <3
Bonnes fêtes Louise 😊
Merci pour cette newsletter très riche comme d’habitude !